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Pourquoi l’optimisme décalé de François Hollande ne peut masquer la poursuite du déclin français
©Reuters

Edito

Le Président continue de prétendre qu’il ne renie rien du message de la campagne présidentielle, alors qu’il n’a cessé de tordre le cou à la plupart de ses promesses au cours des quatre premières années de son mandat.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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François Hollande a beau recourir à l’une des plus vieilles ficelles de la communication, celle de la méthode Coué, il y a belle lurette que celle-ci ne fonctionne plus auprès d’une opinion hypersensible et traumatisée par la série d’échecs de l’exécutif depuis le début du quinquennat. Afficher aujourd’hui que les épreuves traversées par le pouvoir ont été « terribles » mais qu’aujourd’hui « ça va mieux », que le pays a été modernisé et le modèle social protégé » ne peut entraîner que scepticisme ou colère dans un pays où le ressenti n’a rien à voir avec le discours officiel asséné à longueur de temps. Aujourd’hui, les Français ont le sentiment que le chef de l’Etat ne vit pas sur la même planète qu’eux, tandis que le pays reste à l’écart des transformations qui se sont produites partout pour adapter le paysage économique à la mondialisation. Ils ont surtout l’impression que les institutions de la cinquième république sont trahies par un chef de l’Etat qui ne tient plus vraiment la barre, devant les vire voltes incessantes de l’exécutif qui lance des réformes tous azimuths, pour revenir aussitôt en arrière comme s’il avait peur de son audace, où les responsables politiques de la majorité s’expriment à tort et à travers, brouillant le message déjà confus du pouvoir, en étalant des divergences de plus en plus fortes sans la moindre retenue.

François Hollande continue de prétendre qu’il ne renie rien du message de la campagne présidentielle, alors qu’il n’a cessé de tordre le cou à la plupart de ses promesses au cours des quatre premières années de son mandat. Il n’est pas parvenu à rendre lisibles auprès des électeurs des choix précis en matière de politique sociale, en renvoyant constamment à des partenaires sociaux divisés la tâche d’accomplir les réformes nécessaires, alors que celle-ci lui revenait par définition, mais il refusait de l’exercer. En clair, sous son mandat, l’Etat n’a pas fait son travail et la France se trouve ainsi dans le camp des mauvais élèves de l’Europe, tandis qu’en termes de pouvoir d’achat, elle a glissé progressivement de la cinquième à la neuvième place dans le classement des grands pays industrialisés.

François Hollande voulait « réenchanter le rêve français », alors que nos compatriotes ont le sentiment de vivre un cauchemar sans fin, où la recherche du fameux « vivre ensemble » a débouché sur un retour vers le chacun pour soi et où chaque groupe social défend farouchement ses rentes de situation sans accepter le moindre changement. Et l’on assiste à l’exode régulier des talents, des plus doués qui préfèrent tenter leurs chances dans des pays où la réussite est encouragée. Le gouvernement demeure très discret sur un mouvement qui a pris une telle ampleur que les statistiques fiscales en portent la trace, puisque la part des impôts payés par ceux qui sont en haut de l’échelle tend à diminuer depuis deux ans, malgré l’alourdissement de la fiscalité, traduisant ainsi l’influence des départs pour l’étranger. La surtaxation du capital prive ainsi le pays de ressources essentielles pour assurer sa modernisation, et ne lui permettra pas de réaliser les prévisions optimistes du gouvernement en matière de réduction des déficits, au moment où le Fonds Monétaire International lance un cri d’alarme sur le ralentissement de la croissance dans le monde, auquel la France ne pourra échapper. Au demeurant, le pays traîne deux boulets qui grèvent le bilan du quinquennat : un chômage massif qui ne se résorbe pas et une dette qui continue de gonfler et dépasse largement deux mille milliards, faisant de notre pays le plus gros emprunteur de la zone euro sur les marchés. Pour renverser le courant, il faudrait opérer des réformes draconiennes, dont on ne voit pas vraiment la trace dans les programmes des candidats à l’élection présidentielle, ce qui laisse une fois de plus les Français sceptiques, parce que ceux qui sont prêts à affronter le suffrage n’ont pas à leurs yeux la stature indispensable, au point que les Français rêvent sans illusion de l’homme providentiel qui les sauverait du naufrage annoncé.

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