Comment Ted Cruz pourrait calmer les ardeurs de Donald Trump, s'il y avait un deuxième tour de scrutin au congrès Républicain<!-- --> | Atlantico.fr
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Ted Cruz, l'adversaire de Donald Trump aux primaires du parti Républicain.
Ted Cruz, l'adversaire de Donald Trump aux primaires du parti Républicain.
©REUTERS/Jim Young

C'est beau la démocratie

La campagne de Donald Trump est en train de changer de braquet. Après s’être focalisé sur les primaires, il réalise qu’il faut se concentrer sur la collecte de délégués dans chaque Etat. Mais l'affrontement ne fait pas dans la dentelle.

Ted Cruz, candidat à la présidentielle, est en passe d'empêcher Donald Trump de décrocher l’investiture républicaine sur un deuxième tour de scrutin au congrès du parti en juillet à Cleveland, en raflant  des dizaines de délégués qui se sont engagés à voter pour lui. Cette forte poussée de Cruz signifie qu'il est plus que jamais indispensable pour Trump de décrocher sa nomination en remportant la majorité des délégués afin d'éviter un combat lors de la convention, que Trump semble presque certain de perdre. Le chemin est encore long pour Trump. Il doit absolument remporter les 1237 délégués dont il a besoin, après avoir perdu dans le Wisconsin face à Cruz.

Une course aux délégués à travers tout le pays

Rappelons comment fonctionne le système des primaires aux Etats-Unis. Le candidat n'est pas directement nommé par les électeurs. Au lieu de cela, les électeurs désignent des délégués qui, à un congrès tenu à l'été, désignent le candidat. Chacun des cinquante Etats a ses propres règles de scrutin, et elles sont souvent byzantines. Au congrès, au premier tour de scrutin, les délégués sont obligés de voter pour le candidat au nom duquel ils ont été désignés. Mais s'il n'y a pas de majorité absolue au premier tour, ils sont libres. Depuis des décennies, ce système était sans incidence : un leader se dégageait vite lors des premiers tours de scrutin, les challengers se retiraient un à un pour l'unité du parti, et les histoires de désignation de délégués et de congrès étaient purement formelles.

Mais Trump, comme d'habitude, change la donne. La primaire se poursuit, les deux candidats crédibles restant en lice sont au coude-à-coude, et donc tout pourrait se jouer au congrès, et la question des délégués devient essentielle.

Selon une analyse des experts du Washington Post, au second tour de scrutin, lors du congrès, Cruz pourrait obtenir au moins 130 voix de plus que son adversaire, rendant ainsi impossible la victoire de Trump. Voilà pourquoi la course se concentre maintenant sur la chasse aux délégués à travers tout le pays. Si Trump n'obtient pas la majorité absolue des 1237 délégués avant le congrès, Cruz le force à un second tour, qu'il gagnerait probablement.

L'intensité de cette lutte a suscité une série de propos plus virulents les uns que les autres, y compris quelques menaces de mort de la part des partisans de Trump... "Il est malheureux de voir que la politique a atteint son niveau le plus bas. Ce type de menaces n'a pas sa place dans la politique", a déclaré Kyle Babcock, un délégué républicain du 3ème district du congrès de l'Indiana. Il a reçu un mail d'un défenseur de Trump qui l'a mis en garde : "Réfléchissez avant de faire un pas dans la mauvaise direction".

Trump pense que les dirigeants républicains conspirent contre lui

Toute la stratégie de Ted Cruz consiste donc à forcer cette convention "ouverte", où il se présenterait comme l'homme de consensus anti-Trump. L'idée est que de nombreux délégués officiellement désignés pour Trump ne voteraient pas pour lui à un second tour de scrutin.

Dans l'Indiana, par exemple, les dirigeants républicains sont en train de finaliser une liste de délégués qui comprendra des militants peu susceptibles de voter pour Trump. Cruz est également prêt à récupérer 26 délégués du Wyoming, un Etat où la campagne de Trump n'a pas eu un franc succès. En Arkansas, les partisans de Cruz étudient les moyens de renverser Trump lorsque les délégués seront choisis le mois prochain. Et le sénateur Marco Rubio a refusé de se séparer des 171 délégués qu'il a gagné quand il était dans la course, signalant ainsi qu'il peut contribuer à faire perdre Trump à Cleveland. Cruz estime que les chances de vivre une convention disputée sont "très élevées, mais je crois qu'à Cleveland, nous aurons un énorme avantage", a-t-il déclaré cette semaine. Trump conserve une avance en nombre de délégués mais il se plaint que les dirigeants républicains conspirent contre lui, en tentant de débaucher ses partisans. Paul Manafort, un de ses principaux conseillers, d'ailleurs lui aussi au passé sulfureux, a déclaré dans une interview qu'il était confiant, que Cruz n'avait aucune chance de convertir les délégués de Trump.

Des insultes et des menaces de mort

Alors que la bataille pour les délégués s'est intensifiée, Craig Dunn, délégué républicain du 4ème district du congrès de l'Indiana, a révélé qu'il avait reçu plusieurs appels téléphoniques et des mails de menaces après avoir critiqué Donald Trump. "Quand ils font référence à votre famille et à des enterrements dans le même mail et qu'ils vous disent que vous êtes surveillé, c'est très inquiétant", a expliqué ce délégué. Dans le Colorado, Steve House, un responsable du Parti républicain, a déclaré avoir également reçu des menaces avec plus de 3000 appels téléphoniques, dont certains étaient très orduriers. Paul Manafort a répliqué en disant que les menaces et les violences "ne font certainement pas partie de notre politique".

Vers un pugilat politique

Dans une réunion à Las Vegas, Cruz a expliqué que "si nous nous dirigeons vers une convention contestée, on va avoir une tonne de délégués, Donald va avoir une tonne de délégués, et ça va être une bataille à Cleveland pour savoir qui peut gagner la majorité des délégués qui ont été élus par le peuple". "Ils essaient de ramasser les délégués un par un", a ironisé Donald Trump, constatant que les équipes de Ted Cruz réussissent à récolter des délégués dans l’Iowa, l’Indiana, la Georgie ou le Tennessee. "Ce n’est pas comme cela que la démocratie est censée fonctionner. Ils leur offrent des voyages, ils leur offrent toutes sortes de choses. On peut acheter tous ces votes", a-t-il ajouté. "Qu’est-ce que c’est que ce système ? C’est un système frauduleux", a-t-il poursuivi.

Ce travail très ingrat, cette collecte de délégués dans chaque Etat en vue de la convention républicaine de Cleveland, du 18 au 21 juillet, risque fort de tourner au pugilat politique...

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