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Cette journaliste de 9 ans fait du travail de pro et ses détracteurs n’ont qu’à bien se tenir
©Capture d'écran

La valeur n’attend pas le nombre des années

La rigueur formelle et factuelle des journalistes est défiée par une fillette sans peurs et sans reproches. A 9 ans, Hilde Lysiak, éduquée à la maison, peut se vanter de produire des reportages qui rivalisent avec la concurrence.

Les 5000 habitants de la ville de Selinsgrove, en Pennsylvanie, peuvent s’estimer chanceux d’avoir The Orange Street News (OSN). Un homicide, commis au début du mois d’avril, avait fait l’objet d’un traitement léger par le Sunbury Daily Item – le journal local – qui manquait d’éléments probants et avait conclu par : "Les autres voisins ont refusé de commenter, ou n’étaient pas chez eux quand nous sommes passés".

Le même jour (et à vrai dire, quelques heures plus tôt), Hilde Lysiak publiait sur son blogdéjàremarqué un billet intitulé "Exclusif ! Assassinat de la 9ème rue !", dans lequel elle rapportait plusieurs témoignages de voisins auxquels la police avait commandé de ne pas parler à la presse ; elle annonçait l’arme du crime ; et elle terminait en refusant de dévoiler le nom de la victime, afin de protéger la vie privée de ses proches. En somme, une leçon de journalisme d’investigation et de déontologie.

La fillette n’a que 9 ans, et pourtant la version papier mensuelle de son journal est tirée à 200 exemplaires. Et quoique les affaires dont elle traite généralement soient de moindre envergure, elle ne manque pas de courage : le bandeau de son blog affiche "Du vandalisme près de chez vous ? OSN est prêt à enquêter !".

Que faisiez-vous à 9 ans ? En ce qui concerne ses détracteurs, rien d’audacieux.

Mais cela n’a pas eu l’effet escompté sur la communauté de Selinsgrove, qui lui a fait savoir sur sa page Facebook. On peut y lire : "Je trouve ça révoltant que tu t’occupes d’une histoire pareille alors que tu n’as pas tous les faits en main" (ce qui, ironiquement, est plus cinglant pour le Sunbury Daily Item). Ou encore "Mais quel genre de parents laissent une fille de 9 ans traiter une histoire aussi macabre ?" ; "Les filles de 9 ans devraient jouer aux poupées plutôt qu’aux reporters". D’après Jezebel, l’ancien maire avait même qualifié le billet d’ "ordure sensationnaliste".

Le lendemain, Hilde a publié une vidéo qui pourrait servir de cas d’école en relations publiques : revêtue d’un pin’s "J’[cœur] la liberté d’expression" et d’un serre-tête rouge, elle a lu, amusée, les messages de mépris qu’elle a reçu, parmi lesquels "je suis rempli de dégoût à l’idée qu’une petite fille aussi mignonne se prenne pour une vrai journaliste". Remarquant que ceux qui préfèreraient qu’elle se taise sont rarement ceux qui cherchent à effectivement informer les gens, elle a conclu en se penchant près de l’objectif : "Bon. Ça vous semble assez mignon tout ça ?". Elle est devenue en un instant unestarmédiatique.

Son père, Matthew Lysiak, journaliste au Daily News, raconte au New York Times que la majorité des habitants sont malgré tout bienveillants envers elle, et qu’elle a conquis leur confiance par un travail de terrain rigoureux : c’est effectivement par une source de la 9ème rue qu’elle avait pu être présente sur place en un instant. Il se montre très fier de la manière dont Hilde a reçu la critique, et assure que l’aide qu’il lui apporte est limitée à la mise en page et l’impression.

Hilde et sa sœur Isabel, 12 ans, suivent l’école à la maison. Leur père, en effet, est convaincu que les enfants doivent avoir la liberté entière de suivre leurs passions, puisque l’investissement est la condition de l’apprentissage. Il se montre également critique des parents "hélicoptères", qui sont si protecteurs de leurs enfants qu’ils en deviennent toxiques.

En tout cas, s’il est une leçon à tirer pour chacun d’entre nous, c’est de ne jamais lire les commentaires.

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