Conseil national du PS : Jean-Christophe Cambadelis à la manœuvre pour verrouiller la candidature Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Christophe Cambadelis tente de "verrouiller" la candidature de François Hollande à la présidentielle de 2017.
Jean-Christophe Cambadelis tente de "verrouiller" la candidature de François Hollande à la présidentielle de 2017.
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Dans le même bateau

En théorie, la primaire du parti socialiste devrait être une simple formalité et ouvrir un boulevard pour François Hollande si ce dernier est candidat à sa réélection. Mais entre la théorie et la pratique, un fossé est en train de se creuser.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le Conseil national du Parti Socialiste se réunit ce samedi avec un point crucial à son ordre du jour : acter le principe de la participation du PS à une primaire de Gauche à laquelle sept Français sur dix  sont favorables d'après les sondages. Une adhésion logique pour le Parti qui a organisé les premières primaires ouvertes, celles qui ont conduit à la désignation de François Hollande face à Martine Aubry en 2011. Une démarche théoriquement indispensable si l'on veut, comme à droite, éviter une dispersion des voix au premier tour afin que le candidat de Gauche soit qualifié au premier tour pour affronter le second ; le 21 avril 2002 qui a vu l'élimination de Lionel Jospin face à Jean-Marie Le Pen reste présent dans toutes les mémoires  .

En théorie également, cette primaire devrait être une simple formalité et ouvrir un boulevard pour François Hollande si ce dernier est candidat à sa réélection. Mais entre la théorie et la pratique, un fossé est en train de se creuser.

Aujourd'hui, les conditions sont loin d'être réunies pour permettre au président de la République sortant de puiser à la fois une nouvelle légitimité et une dynamique de cette épreuve. François Hollande bat des records d'impopularité, et il a accumulé les échecs au cours des dernières semaines. Alors, ceux qui, à la gauche du Parti, contestent sa ligne politique, revendiquent aussi la pluralité de candidatures socialistes pour cette compétition, afin de "challenger" François Hollande. Impensable pour les  dirigeants du Parti. Indispensable pour les Frondeurs qui ont le verbe haut et sont répartis dans différentes chapelles.

Pour Jean-Christophe Cambadélis et pour ceux qui défendent une nouvelle candidature Hollande parce qu'ils sont convaincus qu'il reste le meilleur candidat possible pour leur camp s'il décide de se représenter, toute la difficulté aujourd'hui consiste à faire accepter le principe d'une seule candidature socialiste à ces hypothétiques primaires de gauche. Le Premier Secrétaire a avancé ses pions : "Si primaire il y a, il ne doit y avoir qu'un candidat socialiste", explique-t-il à longueur d'interview. Pas facile, car la contestation interne est forte : "François Hollande pâtit d’une crise du résultat", a reconnu Cambadélis, qui espère que "les indicateurs économiques qui virent au vert" deviendront plus visibles dans les semaines à venir.

Certes, mais c'est la politique même et pas seulement ses résultats que contestent les adversaires de l'intérieur de François Hollande. Comme à droite, les appétits s'aiguisent ! En l'occurrence c'est une frondeuse, la sénatrice de Paris, Marie-Noëlle Lieneman, qui a dégainé la première. L'ancien ministre de l'Education, Benoît Hamon ne devrait pas tarder à se déclarer candidat à la primaire de gauche à son tour. Sa reconversion professionnelle n'empêche pas Arnaud Montebourg de suivre de près la vie du PS et de réfléchir aux grands problèmes de l'heure, en vue de sa candidature en 2017. Sans se mettre sur les rangs pour 2017 (c'est du moins ce qu'elle prétend), Anne Hidalgo, la Maire de Paris, envoie des signaux pour montrer qu'il faudra compter avec elle à l'avenir. La multiplication des vocations ne fait pas peur aux opposants internes les plus farouches de François Hollande : "S'il s'agit de battre François Hollande ou Manuel Valls, on sera dans l'efficacité", clame le député frondeur Laurent Baumel. Une véritable défiance au moment où François Hollande commence à envoyer lui aussi des signaux pour montrer qu'il est prêt à une nouvelle candidature, et ce, en dépit d'une conjoncture politique plus que défavorable à l'heure actuelle. "Il ne faut jamais mésestimer un Président en place car il incarne l'unité de la Nation", estime un responsable de Droite qui observe la situation d'un oeil intéressé.

Certes, mais en attendant, les dirigeants du PS, Cambadélis en tête, doivent faire en sorte que la voie soit libre pour François Hollande, s'il décide de se représenter, et que les conditions soient réunies pour que Manuel Valls puisse éventuellement se substituer à une candidature Hollande s'il devait déclarer forfait .

Est-il besoin de le préciser, personne n'imagine une candidature Macron l'année prochaine. Les résultats de la primaire de droite pèseront sur cette décision ; c'est pourquoi dans un premier temps, les dirigeants du PS plaideront pour une primaire qui se déroulerait en décembre ou 2016 ou en janvier 2017. Un accord sur le calendrier sera plus facile à obtenir que l'adhésion à une candidature unique du PS. Et il faudra un nouveau Conseil National, vraisemblablement en juin, pour décider de cette disposition .

En fait, la primaire de la Gauche risque fort de se heurter au principe de réalité, voire de s'enliser dans les sables de la procédure interne. En fonction de ce que sera la situation politique, imagine-t-on un président de la République passer d'un Conseil de Défense à une tribune pour débattre avec un candidat écologiste, (Nicolas Hulot qui fut son ambassadeur par exemple) et, pire encore, avec un candidat à la primaire de son propre parti ? Cela parait surréaliste et c'est pourquoi de nombreux dirigeants socialistes parient aujourd'hui que la primaire de gauche n'aura tout simplement pas lieu. Mais pour la direction du Parti, il s'agit de faire comme si, jusqu'à la dernière minute !

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