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Le débat français : les autres, c'est l'enfer
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Zone franche

La France est-elle la première des jungles ultranéolibérales ou la dernière des dystopies communistes ? Le débat fait rage.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Bernard Accoyer qui suggère que l’arrivée de Hollande à l’Elysée, c’est la promesse d’une guerre ― ou du moins d’une situation aussi terrible que la guerre ― c’est effrayant de stupidité mais pas tellement plus, au final, que de passer son temps à expliquer que Sarkozy nous force à revisiter les « heures les plus sombres de notre histoire » depuis 2007…

Tout comme les gens qui s’inquiétaient de voir débarquer des chars soviétiques à Strasbourg en 81 n’ont rien à envier à ceux qui habillent Éric Besson en Marcel Déat pour l'hiver.

La culture politique française, c’est l’outrance et l’exagération permanente et ça n’aide pas beaucoup à faire avancer le schmilblick. Ça rend sans doute le débat plus vif et, d’une certaine manière, plus intéressant que dans les pays à consensus mou mais il y a tout de même des moments où faire un break ne serait pas du luxe.

Le plus étrange tout de même, c’est qu’ils sont souvent sincères, les paranos des deux rives. Un Serge Dassault vivant essentiellement de la commande publique est effectivement convaincu que la France est une dystopie communiste où une armée de fonctionnaires et d’allocataires du RMI s’épanouit aux crochets d’une minorité de « workaholics » enthousiastes mais bridés dans leurs élans créatifs.

Un Olivier Besancenot (si je dis Phillippe Poutou, personne ne saura de qui je parle alors je préfère citer le facteur par commodité anachronique) est, de son côté, absolument persuadé qu’en redistribuant près de 55% de son PIB ― aisément le taux le plus élevé du monde ― et en multipliant les systèmes de solidarité et de promotion sociale, ce pays reste la première des jungles ultranéolibérales de la planète.

Et ça ne vaut pas que pour les têtes d’affiches. Demandez donc à un lecteur de Libé s’il ne pense pas que les médias sont à la botte du MEDEF mais tombe des nues quand son cousin, abonné au Figaro, s’excite contre ces journalistes de gauche distillant leur venin collectiviste sur toutes les antennes…

Pas évident de tenter de prendre du champ et de jouer les électrons libres, dans un contexte pareil. Se prétendre hors-usinage (et certainement pas « centriste », puisque ça ne veut vraiment rien dire du tout), c’est même le meilleur moyen d’être renvoyé au camp d’en face par les uns comme par les autres. Mais ça reste tout de même plus rigolo. Et moins risqué pour sa mâchoire.

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