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"L'islamisme radical" serait un gros mot.
"L'islamisme radical" serait un gros mot.
©Reuters

C’est la guerre ?

Atlantico a ouvert un débat sur cette épineuse question. C’est intéressant, mais il y a des choses qui doivent être dites.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Procès est fait à Manuel Valls pour les propos qu’il a tenus lors d’une réunion du "Sursaut" au Théâtre Déjazet. Le Premier ministre a fixé comme objectif prioritaire le combat culturel, idéologique et même identitaire. Ce faisant, il a relégué au second plan les questions sociales et économiques, des marqueurs traditionnels de l’ancrage à gauche. Et il a désigné l’adversaire à combattre : l’islamisme, et pour être précis le salafisme dont Valls estime qu’il a d’ores et déjà gagné la bataille des idées dans nos banlieues. Et là, tempête sous les crânes. Qu’est-il arrivé à Valls ? Qu’est-ce qui lui a pris d’entonner le chant guerrier de la laïcité et de la République ? Le Premier ministre se voit reprocher des arrière-pensées politiques. Il en a, bien sûr. Quel homme politique n’en a pas ? Ce n’est pas ce procès-là que nous ferons à Valls. Mais un autre. Celui d’avoir accepté, par ambition mal placée, par désir mal refréné de pouvoir, de devenir Premier ministre de François Hollande. Ce qui, à regarder la réalité de 2016, équivaut pour lui à un suicide politique.

Il est vrai que les mots "République" et "laïcité" n’ont qu’une vertu, une bien petite vertu, incantatoire. On dit (Valls et bien d’autres) République pour éviter de dire France. On dit (comme il le fait) laïcité parce qu’on n’ose pas dire qu’il est question de faire la guerre au voile en particulier et à l’islam en général. Des mots cache-sexe donc. Il faut aller au-delà du cas personnel de Valls et de son avenir qui est de peu d’intérêt. Dans un excellent, et bienvenu, article, Serge Federbusch le fait très bien.

On peut trouver étonnant, mais quand même pas scandaleux, que l’identité nationale suscite quelques frissons amoureux à gauche. C’est nouveau et ça s’appelle, selon la bonne trouvaille d’un hebdomadaire, "la gauche Finkielkraut". Nombreux sont ceux qui à gauche, et aussi à droite, trouvent ça bizarre. En effet, les notions de patrie, de drapeau tricolore, d’identité nationale ont été depuis longtemps préemptées par le Front national. En son temps, et sur les conseils d’Henri Guaino, Sarkozy avait tenté de s’en emparer en voulant créer un organisme où voisineraient les mots "immigration" et "identité nationale". Mal lui en a pris : il a dû capituler en rase campagne.

Les temps ont changé. Et quand les temps changent, les hommes font de même. Qui pourrait rester aveugle devant les avancées galopantes de l’islamisme ? Qui pourrait nier que, l’Union européenne étant devenue un triste champ de ruines, la patrie est aujourd’hui une idée neuve ? Et c’est elle, et elle seule, qui permet aujourd’hui d’accueillir l’autre, l’étranger. Le migrant, l’immigré fait peur, très peur, quand on ne sait pas, ou plus, ce qu’on est. Comment demander à des hommes fragilisés dans leur identité niée et bafouée de ne pas ressentir comme une menace la présence près d’eux d’autres hommes venus d’ailleurs, et dont l’identité, surtout religieuse, est solidement affirmée ?

Un jour, j’étais dans un petit village de Poitou-Charentes. Pendant l’Occupation, ses habitants avaient hébergé et caché des enfants juifs pour leur éviter un voyage sans retour vers Auschwitz. Une cérémonie du souvenir y était organisée. Il y eut des discours. Et nombre d’entre eux furent émaillés de phrases en patois local.

Ceux qui parlaient ainsi étaient de chez eux. Oui, de chez eux ! Et c’est précisément parce qu’ils étaient de chez eux qu’ils avaient eu le courage simple d’accueillir ceux qui ne l’étaient pas. Ils étaient de gauche : un îlot protestant dans une région traditionnellement catholique. Et ils connaissaient tous sans doute la célèbre phrase de Jaurès : "Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène. Un peu de patriotisme éloigne de l’Internationale ; beaucoup de patriotisme y ramène."

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