Pourquoi Martine Aubry parie sur la défaite de François Hollande et lance elle aussi son mouvement<!-- --> | Atlantico.fr
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Martine Aubry "parie" sur la défaite de François Hollande.
Martine Aubry "parie" sur la défaite de François Hollande.
©REUTERS/John Schults

Printemps de la gauche, ça bourgeonne

L'ancienne candidate à la primaire devrait prochainement annoncer la création d'un nouveau mouvement qui associera politiques et membres de la société civile. Elle souhaite commencer à réfléchir à l'après 2017.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Il a voulu la tuer mais elle bouge encore. Depuis qu'il s'est installé à l'Elysée, François Hollande est habité par plusieurs obsessions: redresser la courbe du chômage, éviter la pluie qui souvent le guette et exterminer Martine Aubry. Dès la composition de son premier gouvernement, certains observateurs s'étonnent: mais pourquoi ne pas prendre le maire de Lille comme Premier ministre. Pourquoi choisir le fade Jean-Marc Ayrault plutôt que celle qui a réuni 43% des suffrages à la primaire. Le Président, qui souhaite alors réconcilier les Français entre eux, vient de donner un premier coup de canif dans l'unité de sa famille politique. Mais François Hollande n'en a cure, il ne veut pas de son ex-concurrente dans son premier cercle. Ni même dans le second. Il entend la réduire au silence, faire taire cette éventuelle rivale pour 2017. 

C'est chose faite lorsque les hollandais réussissent à mettre Martine Aubry en minorité dans sa fédération lilloise. L'ancienne ministre du Travail avait pourtant consenti à soutenir la motion favorable au chef de l'Etat lors du congrès afin de ne pas être mise en minorité dans son fief. Mais le président et ses proches ont eu tôt fait de trahir leur promesse. Aujourd'hui la reine Aubry est nue mais elle n'entend pas le rester. La réactivation de son think-tank le prouve et en porte le nom : Renaissance. La première réunion a eu lieu à Lille le 16 mars avec Gilles Keppel. "Il s'agit de ré-agiter des idées", explique le lieutenant du maire de Lille François Lamy mais il ajoute : "Renaissance n'est qu'un des aspects de ce que l'on veut faire".

Car s'il y a la fusée Macron, il y a la fusée Aubry et elle aussi comporte plusieurs étages. "Au-delà du think-tank, on veut  poursuivre le mouvement initié par la tribune que l'on a publié dans "Le Monde". Parmi les signataires, il n'y avait pas que des aubrystes et pas que des membres du PS. On a besoin de repartir à la réflexion en  créant des ponts avec une gauche sociale et écologiste qui est à la fois très consciente du réel mais qui est aussi soucieuse de garder ses valeurs, ses convictions".

Les amis de l'ancienne ministre réfléchissent donc à une plateforme qui associerait les grands responsables associatifs, les grandes fédérations d'éducation populaire ou les associations du secteur mutualiste ou du monde de la santé… Les thématiques phares seront notamment le revenu minimum, la relance de l'Europe après la crise des migrants, la question de la fracture territoriale."On a une véritable force de frappe, nous sommes le cœur de la gauche", affirme François Lamy.

Mais qu'entend faire Martine Aubry, imagine-t-elle se présenter en 2017 ? "Nous n'avons pas enterré les primaires, elles sont techniquement réalisables, sinon il faudra s'organiser pour l'après 2017", explique François Lamy car ajoute-t-il "Soit le candidat de gauche passe l'épreuve du premier tour et sera opposé au second à Marine Le Pen avec une partie de l'électorat de droite qui va voter FN ce qui va constituer un séisme majeur, soit le candidat de gauche ne passe pas le premier tour et le risque d'implosion à gauche est immense. La gauche sera à reconstruire". 

Une vision pessimiste qui agace les proches de Manuel Valls. "Aujourd'hui, cette gauche du PS ne veut pas gagner, ils veulent préparer l'après 2017 et la recomposition. Si on perd, il y aura une corbynisation du PS ils diront: on a perdu à cause de Hollande, Valls et Macron". 

Mais pour les aubrystes, il y aura un problème avant même cette grande recomposition, "sur quelles thématiques ferons nous campagne pour les législatives si la gauche perd la présidentielle ? Pas sûr que tout le monde acceptent de reprendre les thématiques qui auront été développées par François Hollande durant la campagne et le Au secours, la droite revient ! ne va pas suffire". 

Le camp Aubry prépare donc aussi cette campagne-là. Mais l'ancienne ministre n'est pas la seule à fourbir ses armes, Benoit Hamon et Arnaud Montebourg travaillent aussi. Dans le camp de ce dernier on ne mise pas un kopeck sur l'initiative aubriste. "Aubry, ils l'ont tué, ils ont mis Kanner à sa place, il sera maire de Lille. Elle s'est ralliée à la motion A et ils lui ont quand même piqué la fédé. Elle a quitté la direction du PS, elle est morte, morte, morte", explique ce proche de l'ancien ministre de l'Economie. Ce ne serait pourtant pas la première fois qu'elle renaîtrait de ses cendres. 

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