Lettre ouverte de Florence Berthout, maire du 5ème arrondissement, à la maire de Paris sur le réaménagement de la place du Panthéon<!-- --> | Atlantico.fr
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La place du Panthéon est emblématique de Paris, de son histoire, de son patrimoine et de sa culture.
La place du Panthéon est emblématique de Paris, de son histoire, de son patrimoine et de sa culture.
©Reuters

Tribune

Mardi 5 avril s'est tenu un vote des élus de la capitale, relatif au réaménagement de sept des places les plus connues et les emblématiques de Paris. Florence Berthout, maire du Vè arrondissement, fait part à la Mairie de Paris de son sentiment.

Florence Berthout

Florence Berthout

Florence Berthout est maire divers droite du 5e arrondissement de Paris.

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La place du Panthéon est emblématique de Paris, de son histoire, de son patrimoine et de sa culture. Cet étendard de la France et de la Capitale est si connu dans le monde, sa force symbolique est si vivace dans notre mémoire collective, qu’il, qu’elle appartient à chacun et à tous.

C’est dire combien sa rénovation devrait relever d’une ambition collective et d’une humilité partagée !

Ni l’une ni l’autre ne sont hélas au rendez-vous pour le projet de rénovation de la place du Panthéon. Sur la forme, la concertation a été bâclée. Sur le fond, le projet est incohérent et sans ambition.  

Mais "les plus grandes réussites en matière de propagande sont accomplies, non pas en faisant les choses mais en s’abstenant de les faire" comme disait Aldous Huxley !

Concernant la soi-disant concertation 

Elle a démarré le 20 juin 2015 pour aboutir à une soi-disant restitution le 23 septembre 2015, la trêve estivale étant propice comme chacun le sait aux débats ! Chacun comprend dès lors que l’exercice est totalement biaisé. Il n’est d’ailleurs qu’à regarder le nombre de contributions sur le site "idee.paris.fr/reinventons-nos-places", créée par la Ville de Paris pour le réaménagement de 7 places. Il ne dépassera jamais au total 400 contributions. 

La grogne est donc légitimement montée très haut dans le Ve arrondissement, où les habitants du quartier ont vite compris qu’en fait d’embellissement, ils allaient avoir droit à une "requalification de l’espace public au profit des piétons", ce qui en langage non codé signifie ‘‘piétonnisation’’. Un séminaire à huis clos organisé quelques jours après les attentats de novembre - alors qu’il y avait plus urgent – confirmera, et l’intention, et le cynisme de la démarche. Trois propositions quasi identiques convergent pour élargir les trottoirs et piétonniser en totalité ou en partie la zone, les variantes portant uniquement sur l’ampleur des aménagements envisagés. 

Et pour faire taire définitivement les ombrageux qui trouvent la méthode détestable, vous livrez la primeur de votre projet au Journal du Dimanche, avant la dernière réunion publique organisée à ma demande en mairie, avant le conseil du Ve arrondissement et avant le Conseil de Paris ! 

Concernant le pseudo embellissement 

Sous votre magistère très peu participatif, et avec l’onction dans le Ve arrondissement de Mme Marie-Christine LEMARDELEY, votre adjointe, la Montagne Ste-Geneviève accouche d’un étrange rongeur : la piétonisation rampante par élargissement d’un trottoir collé à la bibliothèque Ste-Geneviève, assortie d’une interdiction de territoire pour les voitures à partir de la rue Valette, pourtant beaucoup plus étroite que la rue Soufflot, qui permettait jusqu’à présent de fluidifier le trafic. La rue Valette qui accueille une crèche va ainsi devoir également accueillir une partie du trafic détourné. 

Fallait-il, pour donner un peu plus d’espace aux étudiants qui font la queue pour entrer à la bibliothèque Ste Geneviève (et qui d’ailleurs n’en n’avaient jamais fait la demande), produire unetelle incohérence en termes de santé publique et de requalification de l’espace public ? 

La place de la mémoire nationale exigeait une ambition partagée

Il s’agissait d’embellir et de magnifier le "Panthéon français", né de la transformation sous le Premier Empire de l’ancienne église Ste-Geneviève. Il s’agissait aussi et surtout d’embellir et de magnifier la mise en scène monumentale, imaginée par Soufflot, des bâtiments qui bordent la place, que ces bâtiments aient préexisté à l’instar de l’église St-Étienne-du-Mont, de l’ancienne abbaye Ste-Geneviève (actuel lycée Henri IV) ou de l’école de droit, ou qu’ils aient été construits plus tard sous la monarchie de juillet, pour la bibliothèque Ste-Geneviève ou la mairie du Ve arrondissement. Rien de tel dans le projet porté par la Mairie de Paris ! D’ailleurs, les historiens, les urbanistes et paysagistes de renom, les scénographes de la mise en lumière des espaces, etc, ont été tenus éloignés de la concertation.

Que dire d’une concertation qui a muselé les Architectes des Bâtiments de France sur une hypothétique végétalisation des espaces, et qui a omis de solliciter l’avis du Centre des monuments nationaux qui gère pourtant le Panthéon ?

Quel crédit apporter à un projet qui n’a retenu aucune des propositions constructives que j’ai portées avec des habitants du quartier : pour pacifier la circulation en transformant par exemple la place en ‘‘zone de rencontre’’, pour prolonger le tracé de plusieurs bus – en particulier le 85, pour étudier sérieusement la création d’une traverse électrique tant attendue par les seniors et les personnes à mobilité réduite afin de faciliter l’accès, depuis les quais de Seine, à la place du Panthéon. 

Et comment adhérer à la suppression autoritaire de 60% des stationnements, alors qu’aucune alternative n’a été proposée par exemple en matière de transport collectif supplémentaire ou de création d’ancrages deux roues ? Les artisans commerçants du quartier, qui souffrent déjà cruellement du climat post attentat, ne disent pas merci à la mairie de Paris. Les riverains atterrés s’interrogent sur le sens même du débat démocratique. 

Sur les propositions concrètes que j’ai présentées au conseil de Paris le 29 mars 2016, seules deux auront été retenues : l’implantation de mobiliers urbains adaptés et l’amélioration de la mise en lumière de la place. C’est un petit pas réalisé par l’exécutif parisien. 

J’invite les habitants du Ve arrondissement à se mobiliser pour qu’un projet ambitieux et partagé puisse un jour émerger au cours des prochaines réunions que je solliciterai afin que nos propositions puissent être entendues.

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