Radioscopie des classes moyennes face à la présidentielle 2017 : des Français qui tentent de faire face mais se montrent ébranlés, sous tension et inquiets <!-- --> | Atlantico.fr
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La radioscopie des classes moyennes concernant la présidentielle 2017 révèle leur anxiété.
La radioscopie des classes moyennes concernant la présidentielle 2017 révèle leur anxiété.
©Wikipédia commons

Toujours les mêmes

A un an de l'élection présidentielle de 2017, les classes moyennes, cœur de l'opinion et de l'électorat français, semblent osciller entre l'espoir d'un renouveau de l'offre politique et le désarroi ou l'anxiété - selon l'étude réalisée par Freethinking pour Publicis Groupe. Le premier est un état des lieux : en 2016, la France tente de faire face… Mais se montre ébranlée, sous tension, plus inquiète que jamais – chez les Millenials comme chez les autres.

Véronique  Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier

Véronique Langlois et Xavier Charpentier ont créé en mars 2007 FreeThinking, laboratoire de recherche consommateur 2.0 de Publicis Groupe.

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France 2016 : faire face, malgré tout

Une année à peu près identique à 2015, c’est-à-dire très mauvaise… rgarde84

Premier enseignement de cette exploration : la France moyenne de ce début d’année 2016 veut rester debout, malgré les événements de 2015 et le marasme économique et social qu’elle ressent. Mais c’est difficile - surtout pour les 35+, qui n’ont pas le bénéfice de l’âge et donc de l’avenir dont les Millenials se font l’écho, quand ils nous parlent de leurs projets personnels -. C’est difficile parce que 2015 n’est malheureusement pas derrière eux. Parce que les problèmes endémiques, au-delà des questions sécuritaires, sont plus que jamais présents. Et qu’avancer sur un plan personnel ne veut pas dire être optimiste pour son pays, loin de là.

SI SEULEMENT 2015 ETAIT DERRIERE NOUS… DES CLASSES MOYENNES EBRANLEES.

2015 est encore dans les esprits de tous les participants des deux communautés, Millenials comme 35+, et l’anxiété palpable : ils ont besoin d’en parler et l’ont beaucoup fait durant les premiers jours de ces blogs. Face au terrorisme, le gouvernement est crédité d’une réaction jugée dans l’ensemble à la hauteur, même si certains doutes se font entendre – en a-t-on fait assez et surtout assez tôt ? Ceci ne suffit pas à calmer l’anxiété. Pour beaucoup d’entre eux, cette fois-ci la formule « rien ne sera plus comme avant » est devenue une réalité. Il faut faire face et apprendre à vivre « sous pression ».

On sent comme un malaise en ce début d’année 2016 qu’on peut qualifier d’année « post-attentats de novembre 2015 » qui ont si fortement secoué notre société et remis en cause un certain nombre de valeurs auxquelles nous tenons et que nous pensions, à tort, comme définitivement établies. Notre modèle de société du « vivre-ensemble », nos valeurs de tolérance, de liberté, d’égalité, en prennent un sacré coup… Philippe75

SI SEULEMENT ON ESSAYAIT D’AVANCER… DES CLASSES MOYENNES PLUS PESSIMISTES QUE JAMAIS.

Mais, au-delà de 2015, ce qui rend les Français de 2016 très sombres, c’est la sensation qu’au-delà des questions sécuritaires qui font l’actualité, décidément rien n’avance. C’est le récit de l’échec de tout un système, qui est fait par tous les participants. Un système qui génère à leurs yeux à la fois de la pauvreté, de l’assistanat et des inégalités. Une France « trop socialisée » pour reprendre l’expression d’un des participants, une France de l’assistanat, du ressentiment et de la division.

J’ai travaillé toute ma vie dans une usine qui a fermé en 2014 pour s’installer en Hollande. Depuis, je suis au chômage, mais où trouver une autre usine, elles ferment toutes ? myjjas

Il n’y a aucun progrès. Toutes les petites entreprises ferment à cause de trop de charges, de plus en plus de chômage, aucun remplacement dans les hôpitaux… Et on aide trop les gens qui n’ont jamais rien fait de leur vie. basile

Cet échec, c’est aussi celui d’une Europe facteur de difficultés économiques (le travail détaché est cité) et de désordres notamment au travers de la crise des migrants. Une Europe à réformer en profondeur à leurs yeux, en proie au chantage des Britanniques, et à l’égard de laquelle les Millenials apparaissent nettement plus distants que leurs aînés.       

C’est enfin spécifiquement celui de F. Hollande, qui apparaît comme non seulement incapable de faire avancer les choses dans le bon sens, mais coupable de les faire reculer. Chômage, impôts, incohérence sur un plan économique (« on ne relance pas la croissance avec un tel niveau de taxation et un pouvoir d’achat mis à mal »), social (« trop de social tue le social »), idéologique (« un gouvernement de gauche, une politique de droite »), perte d’influence au plan européen...  Seule l’action d’E. Macron ressort comme positive. Quant à la loi El-Khomri, elle est sévèrement jugée par ceux, nombreux, qui en parlent spontanément. Elle inquiète les 35+ comme les Millenials, même si elle n’est pas discutée sur le blog dans son détail, à un moment où ils se sentent fragilisés – « précarisables ».

La réforme du travail (El-Khomri) on tombe vraiment dans du n’importe quoi… Ce n’est pas cela qui va aider le chômage à baisser. Il faudrait plutôt accélérer la reconnaissance des diplômes par exemple. Clairement, il faut arrêter les pertes de temps inutiles ! Nicodcn – Millenial

Dans ce paysage désolé – on attend que 2016 se passe sans espoir que la nouvelle année apporte quoi que ce soit de vraiment positif -, l’Euro de football apparaît malgré tout comme une petite lumière pour une minorité audible des participants. Mais c’est peu…

2016 sera une année sportive avec l’Euro de football en France et les Jeux Olympiques de Rio, donc cela remontera quelque peu le moral des Français et boostera un peu la consommation. Jejemi25

LES MILLENIALS : MOI J’AVANCE, LA FRANCE PAS DU TOUT.

Les 18-35 ans se distinguent-ils de cette perception très noire ? Oui et non.

Oui : ils sont les seuls à mettre en avant leur optimisme personnel. Alors que les 35+ apparaissent comme fragilisés non seulement en tant que citoyens mais en tant qu’individus – craignant pour leur emploi, leurs proches, leur avenir - , les Millenials semblent beaucoup plus confiants. Pour eux, 2016, c’est d’abord des projets personnels, avancer :

L’année 2016 sera un tournant dans ma vie personnelle. Avec ma femme nous allons essayer de devenir propriétaires afin de sécuriser notre avenir à nous et à notre petit enfant. Aucune préoccupation particulière sur l’emploi… J’ai une mentalité plutôt anglo-saxonne et je n’ai pas peur de me faire licencier ; je sais que je retrouverai sans problème, avec la motivation…  moos75 - Millenial

Non : sur l’état du pays, leur pessimisme n’est pas très différent de celui de leurs aînés. Sombres aussi sur l’évolution du climat général en France, ils sont encore plus sévères voire violents que leurs aînés sur le thème de l’assistanat et des allocations chômage.  

L’ambiance en France en 2016 est PSYCHOTOXIQUE. Topmodelriche - Millenial

Je pense que 2016 ne sera pas mieux que 2015 voire même pire… Ils nous pondent des réformes débiles pour mieux cacher les choses qui sont importantes, un chômeur a plus de pouvoir d’achat qu’un ouvrier, et j’en passe… typ - Millenial

Vous retrouverez la suite de cette étude demain, qui montre comment la classe politique est aujourd'hui, aux yeux des classes moyennes et Millenials, en décalage complet avec leurs attentes. Lancée dans la bataille de 2017, notre classe politique parait avoir oublié de se renouveler.

Annexe : critères sociodémographiques de constitution des communautés.

Millenials :

Français issus des classes moyennes - soit via la profession des parents pour les étudiants, soit pour les actifs, via le revenu mensuel net du foyer compris entre 1.800 et 3.000 € pour une personne seule, entre 2.400 et 5.000 € pour un couple

Moitié hommes/femmes

Âgés de 18-34 ans, dont:

50% de 18-24 ans, 50% de 25-34 ans

Etudiants & actifs (dont 20% en recherche d’emploi)

30% d’abstentionnistes aux dernières élections régionales

Moitié sympathisants de gauche, moitié de droite

35+ :

Français issus des classes moyennes - revenu mensuel net du foyer compris entre 1.800 et 3.000€ pour une personne seule, 2.400 et 5.000 € pour un couple

Moitié hommes/femmes

Âgés de 35 ans et + avec équilibre entre les tranches d’âge suivantes :

35-44 ans, 45-54 ans, 55-64 ans, et 65 ans et +

80% actifs (dont 10% en recherche d’emploi) et 20% retraités

Pour les actifs, 80% travaillant dans le secteur privé/ 20% dans le public

30% d’abstentionnistes aux dernières élections régionales

Moitié sympathisants de gauche, moitié de droite

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