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Elon Musk président !
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

A l’heure où la stigmatisation et le renoncement à l’avenir semblent faire recette, Musk ferait un meilleur président pour les Etats-Unis, ou plutôt un président plus crédible, que l’homme à la « touffe capillaire inversée ».

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Les USA, comme nombre de pays du monde, laissent progresser vers le pouvoir, des hommes qui du retour en arrière et du rejet de l’autre, un programme politique, devraient pourtant, dans leur plus pure tradition, soutenir un homme qui construit l’avenir en l’ouvrant à tous. A l’heure où la stigmatisation et le renoncement à l’avenir semblent faire recette, Musk ferait un meilleur président, ou plutôt un président plus crédible, que l’homme à la « touffe capillaire inversée ». Ce flamboyant Américain qui fustige les ouvriers hispaniques qui peuplent les chantiers qui l’ont rendu riches depuis 30 ans. Trump se trompe et les trompent, tout en étant un révélateur de l’état de désespoir du citoyen américain de « base ».

Elon Musk est un extra-terrestre, ce qui est parfait car il faut un homme qui voit les choses d’en haut pour ne pas être aveuglé par la petitesse du monde. Prendre du recul pour lutter contre la presbytie qui s’empare de notre monde malade. Malade faute de vision, d’un destin crédible et partagé, d’un espoir de rebond, d’une envie de faire ensemble, de partager à nouveau un avenir possible. Les gouvernants du monde entier, incapables d’offrir la moindre vision, nous poussent à un repli terrifiant, sur nous-même, et font du rejet de l’autre une politique. Quel désespoir !

Petite analyse comparée, à l’aube de cette semaine de printemps, qui nous promet moins de grêle, pas de déchéance, puisqu’il est mieux de conserver les terroristes à proximité, afin de leur faciliter la tâche et un peu plus de loi du travail, puisqu’il faut se rattraper d’avoir cédé sur la précédente.

Les USA sont le pays de la nouvelle frontière. Depuis le « new fronteer » de Kennedy, les Américains rêvent de se dépasser eux-mêmes, sur la base d’un modèle social qui a fait de la diversité des origines et des provenances sa principale richesse (même si les Indiens américains pourraient avoir légitimement un avis très différent, ainsi que les noirs américains). Les Américains, qui ont mixé les Juifs, Protestants et Catholiques, ont toujours toléré la différence tant qu’elle était au service de valeurs communes, de la fierté d’être américain, du respect du drapeau. Le rejet de l’autre n’a jamais été une valeur cardinale et le ciel a toujours été la limite. Reagan a promis la conquête du ciel pour ré enchanter le rêve américain qui avait un peu souffert avant lui. Chaque président sait que les américains carburent au dépassement, au toujours plus haut, au toujours plus loin et surtout au toujours plus fort.

Et puis les USA ont pris peur. Ils ont failli perdre leurs banques, leur économie, leur automobile. Des symboles forts de sa toute puissance. Comme l’anatomie masculine saisie par un froid trop cinglant, les USA ont senti le symbole de leur virilité, ridiculisé aux yeux du monde. Pour la première fois, depuis très longtemps, la disparition de trop de symboles, au même moment, leur rappelait que tous les colosses peuvent avoir des pieds d’argiles et devenir moins agiles. Alors sont apparus les prédicateurs du populisme. Ces agitateurs de solutions faciles que nous voyons fleurir comme les mauvaises herbes, pour de mauvaises raisons, sur de mauvais terrains. Les Tea Party qui n’auraient jamais dû être la tasse de thé des « ricains » se sont invités en force dans le débat et pas seulement au « tea time ». Toute la journée.

Ils ont prospéré, déstabilisé « l’establishment » traditionnel de ces politiques, comme les nôtres, anesthésiés dans le confort des rentes « Washingtoniennes », pendant que le pays sombrait dans la pauvreté et la précarité, pendant que le pays voyaient s’accroître, comme partout dans le monde, le nombre de riches, mais encore plus largement, le nombre de pauvres, de laissés pour compte. La quantité impressionnante de ces pauvres, qui appartenaient encore le jour d’avant, à la classe moyenne, a poussé les américains à croire que se réfugier dans la course au passé, les préserverait de l’avenir. Un avenir qu’ils ne voyaient, ni ne comprenaient, ni n’appréhendaient plus.

Alors que le talent manquait à nombre d’entre eux, Sarah Paulin en tête, prototype de l’intellect gelé par la rigueur de la météo de son état d’Alaska, débarque tout à coup Donald Trump. Un prénom pareil le destinait plus à devenir l’égérie de Disney que celui du parti Républicain. C’est ce qu’on appelle « the american dream » certainement. Tout est possible ! Même le pire. Ce type qui pour le connaître un peu, ne pense pas 20% de ce qu’il dit, a simplement flairé le bon coup, la faille, et réalisé qu’un « vendeur de mauvaise soupe » de talent, pouvait enfin caser un discours de repli, de peur et de rejet, dans une société américaine en plein doute, prompte, surtout en dehors des grandes villes éduquées et conscientes, à se chercher des coupables. Ses nouveaux indiens. Les Hispaniques. Ces êtres étranges venus d’ailleurs, souvent en situation irrégulière, sans qui les USA ne pourraient plus fonctionner (*voir la journée sans immigrés qui paralyse le pays 1 fois par an), dont le nombre promet en 2050, de déclasser l’anglais comme première langue du pays, au profit de l’espagnol. Un crime pour les américains. Trump l’a compris. Il l’a théorisé. Il en a fait la clé de son hold-up sur l’élection américaine.

Même élu, il n’appliquera pas 10% de ce qu’il a promis. Il en fera encore moins que notre président à nous. De la même façon que Hollande nommait la finance comme son ennemi, pour finalement l’utiliser pour combler ses déficits abyssaux, Trump retrouvera l’amitié des hispaniques, afin qu’ils continuent à alimenter ses chantiers. Il ne rentrera pas sa touffe rousse sous un casque de « warrior » pour aller faire la peau aux Djihadistes non plus. Il restera ce qu’il est, un homme de business, de marketing, qui préfère le golf au Golfe, et la Floride à la Syrie. Il n’oublie pas non plus, que Steve Jobs, était à moitié Syrien (bien qu’abandonné par son père).

Néanmoins, il aura fait sauter le parti Républicain. Ce qui néanmoins, reste une victoire qu’aimerait remporter la société civile en France. Mais sans employer les mêmes arguments. Cela laissera une trace indélébile sur la société américaine, et la fracture que cela illustre pourrait même enrayer le rêve américain. La Silicon Valley, ne pourra sûrement pas à elle seule, contrebalancer ce phénomène.

Sauf si Elon Musk devenait président. Associé à George Clooney ! Imaginez l’affiche. La « SilicHollywood » !!

Elon Musk. Un parcours typique des USA. Né en Afrique du Sud, mère Canadienne, immigré au Canada puis aux USA. Nez super creux, et monte une première boîte dont la vente lui rapporte une trentaine de millions de dollars, puis PayPal qui lui rapporte 180M$. Incapable d’aller se la couler douce, il investit et souhaite être à lui seul la « nouvelle frontière » des USA. Car il s’estime américain. La fierté de l’être est d’ailleurs la caractéristique de l’intégration par la réussite que ce pays est capable de produire. Il souhaite faire de l’électrique un produit chic et cher, que consomment les bobos californiens, qui ont précommandé plus de 200 000 exemplaires de son nouveau modèle. Il souhaite révolutionner le transport sans frottement, en lançant une ligne de « train » capable à terme de faire LA/NYC dans un temps à peine suffisant pour fumer un cigare, que personne ne peut plus fumer dans un lieu fermé, de toutes façons, aux USA. Et révolutionner les lancements dans l’espace, en produisant un lanceur, 100 fois moins cher que ce que l’industrie de l’armement des USA a réussi à voler depuis 50 ans au contribuable américain, et surtout le rendre réutilisable. Fin de l’obsolescence au pays de l’obsolescence programmée et de la consommation effrénée.

Elon Musk devient le « Musk Have » des USA et pourrait être le Jekyl, le Ying, d’un Trump qui a choisi, lui, le Yang et le Hide. Une vision. Une percée dans l’obscurantisme sur lequel surfe Trump, une lumière dans la nuit des américains, un nouveau rebond qui ferait des USA une puissance mondiale encore plus forte, plus lumineuse. Resterait à montrer comment ce rêve pourrait profiter à un plus grand nombre. Et faire monter bien plus de monde dans la fusée.

Musk, comme nous, à l’Observatoire de l’Ubérisation (en toute modestie), reste conscient des dérives possibles des technologies, qui ne l’intéressent que si elles font mieux et non parce qu’elles font différemment. Il a cosigné avec Bill Gates, qui sait faire tourner son logiciel cérébral, un tribune alertant sur la tentation de l’homme de faire disparaître l’homme en jouant aux apprentis divins, en voulant augmenter l’homme au risque de lui faire perdre son humanité même, en le sacrifiant à l’aune de la productivité, et de vaincre la mort, à nous, dont la caractéristique est de rester mortel.

Si Musk ne souhaite pas la présidence des USA, ce dont je suis persuadé, car il pense que la société civile et les entrepreneurs sont bien plus capables de changer le monde que les politiques, il pourrait peut être venir passer 1 ou 2 ans à Paris et montrer que nous ferons tous, ensemble, si nous sommes animés par un esprit positif et solidaire, bien plus que la COP21, le gouvernement et les politiques réunis. Une internationale des efficaces ?

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