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A Calais, la police est fasciste, à Paris elle est républicaine
©Reuters

Déroutant

A Calais, la situation ne cesse d’être volcanique. Adulée après les attentats de janvier 2015, la police se fait quasiment traiter de fasciste par les associations d’aides aux migrants…alors que l’on apprend que quelques civils- souvent cagoulés- se sont fait arrêter ces derniers temps en train de tabasser des migrants. Généralement à coup de barres de fer.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Déroutant pays que la France ! Au lendemain des attentats terribles de janvier 2015 où trois policiers furent assassinés, on voyait, un peu partout lors de l’immense manifestation qui suivit, des passants applaudir les forces de l’ordre. On les félicitait pour leur conduite héroïque. On a même vu des gens embrasser des CRS ! A Bruxelles, dans les heures qui ont suivi le double attentat meurtrier du 22 mars, bon nombre de passants ont applaudi un policier en uniforme qui déposait des fleurs sur la place de la Bourse. 

A Calais, c’est un tout autre climat qui règne du côté de la jungle. Ici, pas de fraternisation entre forces de l’ordre et migrants. On ne joue pas à "Embrassons-nous Folleville".

Les policiers sont traités quasiment de tueurs. Pour un peu, ils seraient placés sur le même plan que des groupes fascistes. C’est ce que la responsable de l’association "Appel de Calais" laisse entendre, dans une interview à Nord-Littoral, en disant que l’incendie volontaire, le 17 mars, du Centre juridique de la jungle de Calais "fait suite aux intimidations des groupes fascistes et des CRS". Indigné par un tel amalgame, le syndicat Unsa-Police a fait savoir le 18 mars qu’il envisageait de porter plainte.

Quant à l’avocat de l’association Legal Center [le Centre juridique], il affirme que des "attaques gratuites contre les migrants étaient orchestrées par les agents de la police nationale, les CRS et les gendarmes mobiles". Et l’avocat de conclure : "Il y a dans certains cas, la volonté de tuer". Il y a quelques jours, une association dénommée "Action des chrétiens pour l’abolition de la torture" produit un dossier de violences policières certifiant que les forces de l’ordre françaises jouissent d’une "relative impunité lorsqu’elles sont responsables de violences."… En tout cas, pour Calais et ses environs, cette analyse, le procureur de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi, ne la partage pas. Voici ce qu’il déclare à La Voix du Nord : "Je ne suis pas là pour accabler les policiers, mais je ne suis pas là non plus pour les exonérer". Il poursuit : "De la même façon, j’engage des poursuites contre les No Border ou les migrants dès lors qu’on me prouve qu’ils sont auteurs d’infractions et qu’on les identifie."

Témoin, ce CRS, soupçonné en mai 2015 d’avoir frappé des migrants au bord de l’autoroute, qui devrait prochainement comparaître devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Les faits, révélés par une vidéo, montraient un CRS -qui sera identifié- en train de faire sortir un migrant d’un camion avant de le jeter brutalement contre une barrière de sécurité et le gazer. C’est l’enquête confiée à l’IGPN, -la police des polices- qui a permis d’épingler ce fonctionnaire. A Paris, un policier en a  également fait les frais: il a agressé violemment, dans le XIX ème, un lycéen de 15 ans qui manifestait contre la loi El Khomeri. Preuve que l’IGPN ne protège pas ses ouailles et que la faute d’un seul individu ne doit et ne peut déboucher sur la mise en cause de la responsabilité collective de telle ou telle profession, en l’espèce de la police… Une telle notion qui, soit dit en passant, rappelle des périodes que l’on croyait révolues.

C’est vrai que dans la jungle de Calais règne une atmosphère empreinte de violence dont on se demande si elle va s’arrêter un jour. C’est vrai que cette même violence conduit les forces de l’ordre à répliquer sèchement lorsqu’elles sont agressées. Mais tout de même, voir la police française qualifiée de fasciste, le trait apparait ridicule. Grotesque. C’est oublier que les forces de l’ordre évitent aussi bien des drames qui n’ont droit qu’à quelques entrefilets dans les journaux. Et encore…Ainsi, mercredi 16 mars, une centaine de migrants de nationalité afghane et soudanaise se sont affrontés à coup de barres de fer, de couteaux et de pierres, dans la soirée vers 21 heures 30. Sans l’intervention des policiers de la CRS 39, on aurait à coup sûr dénombré des morts. Au bout de deux heures, le calme revenait dans la jungle de Calais. Et l’Unsa-Police, qui tire une fois de plus la sonnette d’alarme sur le climat qui règne là-bas, dressait le bilan de ces deux heures de bagarres sanglantes : 39 individus, pris en charge par les pompiers, tous blessés par couteaux, souvent à la tête. Dans l’enceinte de la ville de Calais, la situation commence –continue ? à devenir elle aussi intenable : le 10 mars, cinq personnes, âgées de 20 à 40 ans, qui, visages dissimulés, avaient agressé à la gare, deux mois plus tôt, trois Syriens à coup de barres de fer, ont été interpellés par la PJ lilloise. Quinze jours plus tôt, trois hommes et une femme avaient été arrêtés pour des agressions commises à l’été 2015 à coup de barres de fer -encore- sur des migrants. Ils ont été tous trois écroués… 

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