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"La mère de Satan", l'explosif de l'Etat islamique… Très simple à utiliser et dont les ingrédients sont en vente libre
©Regis Duvignau / Reuters

No problem

Il suffit de mélanger de l'acétone, de l'eau oxygénée et de l'acide. Et ce sont tous des produits facilement trouvables dans le commerce.

Les enquêteurs belges commencent, peu à peu, à comprendre comment les kamikazes de l'Etat islamique ont réussi à fabriquer trois bombes faisant au moins 31 morts et 270 blessés à Bruxelles, une ville en état d'alerte depuis les attentats de Paris.

La police a trouvé un explosif à base de peroxyde d'acétone, en anglais le triacetone triperoxide, ou TATP, dans l'appartement de l'un des djihadistes. Cette poudre blanche, surnommée « la mère de Satan », est discrète, facile à fabriquer et évidement mortelle.

Un explosif artisanal, facile à obtenir

« Quinze kilos d'explosif de type TATP, 150 litres d'acétone, 30 litres d'eau oxygénée, des détonateurs, une valise remplie de clous et de vis » ont été trouvés dans un appartement des kamikazes de Bruxelles, a révélé mercredi le procureur fédéral belge Frédéric Van Leeuw. Découvert à la fin du XIXème siècle par un chimiste allemand, le peroxyde d'acétone est un explosif artisanal obtenu en mélangeant, dans des proportions précises, de l'acétone, de l'eau oxygénée et un acide (sulfurique, chlorhydrique ou nitrique). L'acide sulfurique se trouve, par exemple, dans les produits pour déboucher les canalisations. En somme, des produits en vente libre, très faciles à trouver dans le commerce, explique le Washington Post.

Après mélange, on obtient une poudre constituée de cristaux blancs, ressemblant à du sucre grossier, et il suffit d'un simple détonateur pour le faire exploser, dans une déflagration produisant un terrible dégagement de gaz brûlants.

Des détonateurs achetés dans un magasin de feux d'artifice

Ces dernières années, en Irak et en Syrie, les laboratoires, d'abord sommaires puis quasi-industriels, de TATP et d'autres matières explosives artisanales se sont multipliés. La partie la plus délicate est l'ajout d'acide au mélange d'acétone et d'eau oxygénée, qui dégage de la chaleur, de fortes émanations et peut s'enflammer, mais une personne soigneuse et attentive, protégée par un simple masque, peut y parvenir sans peine. Pour provoquer l'explosion du TATP, un détonateur est nécessaire. Il peut être fabriqué, à l'aide d'un fin tube métallique rempli de pâte et relié à deux fils électriques qui, mis en contact, vont provoquer un arc électrique puis une flamme. Plus simplement, ils peuvent être achetés dans le commerce. C'est ce qu'a fait Salah Abdelslam, l'un des djihadistes du 13 novembre, arrêté le 18 mars à Bruxelles : après avoir vu photocopier son permis de conduire, il avait acheté une dizaine de détonateurs pyrotechniques chez un vendeur de matériel pour feux d'artifice de la région parisienne, sans éveiller le moindre soupçon.

Les ventes d'eau oxygénées sont surveillées

« Le principal problème que nous pose le TATP », confie un membre des services français antiterroristes, qui demande à rester anonyme, « c'est la disponibilité des ingrédients. On peut surveiller les ventes d'eau oxygénée, d'ailleurs on le fait bien sûr, mais si les gars sont assez malins pour faire vingt pharmacies et acheter de petites quantités, ça passe. Pareil pour l'acétone et l'acide... », explique-t-il dans Sud Ouest. « Lors d'un stage, on a passé l'après-midi à fabriquer des explosifs artisanaux, notamment du TATP, ensuite testés. C'est d'une facilité déconcertante. Uniquement avec des produits achetés dans des magasins de bricolage. En une demi-heure, on avait fabriqué l'explosif, une demi-heure après on le faisait péter. Et ça a pété fort », dit-il.

Un simple tutoriel sur Internet ne suffit pas

« Contrairement à ce qu'on dit parfois, regarder un tutoriel sur Internet ne suffit pas », assure à l'AFP Eric, un ancien officier du Génie, spécialiste des explosifs, qui demande à ne pas être davantage identifié. « Il faut quand même que quelqu'un vous ait montré une fois. Mais des instructeurs, les gars de l'Etat islamique n'en manquent pas, en Syrie et en Irak. Puis ça se diffuse de cours pratique en cours pratique. Quand on vous a montré, vous pouvez effectivement le faire dans votre cuisine ».

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