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Attentats de Bruxelles : encore la piste turco-saoudienne
©Reuters

L'étau se resserre

Pour les attentats de Bruxelles comme pour ceux de Paris, la proximité entre les suspects et la Turquie apparaît à nouveau comme un élément clé du dossier. Au-delà de la Turquie, ce sont les liens avec le wahhabisme saoudien qui se profilent.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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La piste qui remonte à la Turquie

Les journaux belges ont abondamment diffusé la photo de trois hommes poussant des chariots à l’aéroport de Zaventem quelques minutes avant l’attentat. L’un d’entre eux, l’un des frères El-Bakraoui, qui avaient loué la planque d’Abdeslam à Forest, serait mort dans l’explosion. Le troisième est supposé être un certain Najim Laachraoui, alias Soufiane Kayal contrôlé début septembre à la frontière austro-hongroise en compagnie de Salah Abdeslam et de Mohamed Belkaïd, Algérien de 35 ans abattu par la police à Forest.

Le rôle de ce Laachraoui commence à se dessiner. Dans l’affaire des attentats de Paris, il avait loué une maison près de Namur, à Auvelais, pour fabriquer des explosifs. Puis il avait été vraisemblablement en contact par téléphone depuis Bruxelles, comme Belkaïd, avec les équipes sur place à Paris.

Mais est-il pour autant le cerveau de l’opération ?

Des témoins oculaires ont signalé la présence d’un véhicule suspect, une Audi S4 noire, à Zaventem le matin de l’attentat. Il se trouve que cette voiture appartient à un jeune Turc de 22 ans habitant près de la frontière belgo-hollandaise, identifié par les services de renseignement belges pour avoir fait, en 2015 un voyage en Arabie Saoudite aux motivations peu claires. Il aurait effectué ce voyage avec plusieurs jeunes belges de la communauté musulmane.

Au passage, le lendemain de la "neutralisation" d’Abaaoud à Saint-Denis, des habitants du même coin belgo-hollandais étaient venus en convoi "nettoyer" le domicile de la mère de Hasna, bienfaitrice d’Abaaoud en fuite, tuée en même temps que lui.

On y vient, donc… Une fois de plus, les enquêtes sur les attentats montrent l’intense activité entre les organisateurs installés en Belgique et les exécuteurs des basses oeuvres qui sont si souvent passés par la Turquie pour rejoindre l’Etat Islamique ou pour en revenir. Et il est depuis longtemps établi que le travail des passeurs en Turquie se fait au vu et au su de la police locale, qui en tire des revenus réguliers. Il faudrait ajouter par ailleurs les liens privilégiés que les Turcs émigrés conservent avec leur pays d’origine.

Qui plus est, l’enquête montre cette fois que les services de renseignement s’intéressent aux allées et venues entre l’Europe et l’Arabie Saoudite. On rappellera ici le rôle particulier que ce pays joue dans la déstabilisation de la Syrie.

L’étau se resserre !

Des ramifications dans les Balkans ?

Dans la foulée des attentats à Bruxelles, la police bavaroise a arrêté une voiture immatriculée en Belgique, qui transportait trois Kosovars porteurs de 10.000 euros en liquide. Selon eux, cet argent devait servir à acheter une voiture quelque part dans les Balkans.

Cette arrestation a eu lieu à la suite d’une dénonciation anonyme accusant ces trois individus de préparer un attentat. Rien ne dit que les deux affaires soient liées. Il n’en demeure pas moins que, tout à coup, les routes d’Europe se trouvent parcourues par une multitude de suspects qui empruntent toujours la route du Danube pour revenir à la frontière turque….

Valls reconnaît l’existence d’un réseau

Au passage, Manuel Valls a officiellement mis fin à la théorie des loups solitaires ou des petits voyous embrigadés pour expliquer les attentats de Paris. 30 personnes au moins sont impliquées dans l’organisation de ces opérations, dont onze sont mortes, et douze sont sous les verrous.

Un tiers des coupables court donc encore dans les rues…

Les lecteurs de ce blog savent que, depuis novembre 2015, j’ai beaucoup insisté sur l’impossibilité de la version officielle qui limitait l’organisation de l’attentat à 8 personnes. En réalité, des réseaux structurés, importants, dotés de moyens étrangers, sont à l’oeuvre pour déstabiliser nos démocraties.

Cet article a également été publié sur le blog d'Eric Verhaeghe : http://www.eric-verhaeghe.fr/attentats-piste-turco-saoudienne/

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