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UDI Modem LR : les dessous d'un bras de fer sur lequel se jouent les législatives 2017
©Reuters

Hypertension

Entre Jean-Christophe Lagarde et les LR, la tension est à son comble, le patron de l'UDI envisageant même de soutenir son ancien allié François Bayrou pour la présidentielle. Il s'agit de faire pression sur Nicolas Sarkozy qui tarde à entamer les négociations visant à répartir les circonscriptions législatives entre LR et UDI.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Les deux hommes n'ont pas une passion l'un pour l'autre, c'est le moins que l'on puisse dire. François Bayrou ne perd même jamais une occasion de souligner le peu de considération qu'il a pour le président de l'UDI, un ancien complice qui, en 2007, a décidé de voler de ses propres ailes. Il y a un an, il taclait son ancien coreligionnaire : une candidature Lagarde à la présidentielle, "je n'y crois pas du tout. Dans la situation grave du pays, ceux qui peuvent se présenter à une élection présidentielle sont assez peu nombreux. Pour pouvoir le faire, il faut avoir acquis une expérience". Jean-Christophe Lagarde ne semble pas lui en avoir tenu rigueur. Il expliquait, en effet, ce week-end : "Si Sarkozy gagne la primaire, Bayrou ira. La question d’un soutien se posera, même si beaucoup de nos amis n’ont pas oublié son appel à voter Hollande en 2012". Assiste-t-on à un soudain retour d'affection ? Jean-Christophe Lagarde aurait-il la volonté de réunir une famille centriste éclatée depuis trop longtemps ? Que nenni. Le patron de l'UDI continue plus vraisemblablement sa partie de bras de fer avec Nicolas Sarkozy afin d'obtenir avant fin juin un accord législatif avantageux.

Le temps presse car Nicolas Sarkozy devrait annoncer, dès demain soir, la constitution d'un groupe de travail sur la question. Lequel groupe devra réfléchir à la répartition des circonscriptions non seulement entre juppéistes, lemairistes et sarkozistes mais aussi avec les partenaires des LR comme l'UDI. Et même si les militants centristes ont, ce week-end, voté afin que leur mouvement ne participe pas à la primaire de la droite, la porte-parole de l'UDI Chantal Jouanno a bien indiqué que la porte n'était aucunement fermée : "Si demain, il y a un accord, on reposera la question aux militants", a-t-elle tenu à préciser. Et s'il n'y a pas d'accord, l'UDI se réservera le droit de soutenir son allié d'hier, le président du Modem qui a promis de se présenter si Nicolas Sarkozy était désigné candidat de la droite à l'issue de la primaire. Autant dire que la pression est forte sur l'ancien Président, qui n'a aucun intérêt à voir se constituer contre lui un front centriste.

Mais si, pour l'instant, la rue de Vaugirard n'a fait aucun pas vers le maire de Drancy, c'est parce que deux autres éléments de poids lui entravent la route. Tout d'abord, Nicolas Sarkozy aurait aimé éviter que l'UDI participe à la primaire afin de ne pas élargir le socle électoral, ce qui profiterait à Juppé. Mais surtout, le même Juppé pèse de tout son poids afin que les candidats aux législatives ne soient pas désignés avant le mois de novembre, il souhaite pouvoir, s'il était élu, désigner lui-même les contours de sa future majorité et notamment discuter avec son partenaire de l'UDI qui attend, lui aussi, que les LR lui réservent une certain nombre de circonscriptions.

C'est donc, en cas de victoire de la droite, les contours de la future majorité qui se discutent aujourd'hui, ce qui est loin d'être une question anecdotique. L'exécutif actuel en sait quelque chose. Les députés PS n'ont pourtant été investis qu'en décembre 2011, mais François Hollande, qui sortait d'une campagne difficile, n'a quasiment pas pris part au débat. "Aubry a pu tout verrouiller", raconte un témoin de l'époque.  Ainsi sont nés les frondeurs. Alain Juppé voudrait donc éviter que l'histoire se répète alors que Nicolas Sarkozy aimerait, pour sa part, investir rapidement les candidats afin qu'ils aient du temps pour faire campagne.

Reste la question cruciale du Modem, son candidat François Bayrou flirte aujourd'hui entre 8 et 15% des intentions. Alain Juppé, et c'est l'une des raisons qui le poussent à vouloir un accord tardif, pense lui offrir un certain nombre de circonscriptions afin qu'il ne se présente pas. Nicolas Sarkozy, qui aura du mal à être présent au second tour de la présidentielle si le maire de Pau est candidat contre lui, pourrait être tenté de faire de même et donc de désinvestir des candidats qui auraient été investis aujourd'hui.

Bref, pour le patron de la rue de Vaugirard la situation est complexe : il est urgent de désigner les candidats pour satisfaire Jean-Christophe Lagarde mais le risque de clash avec Alain Juppé n'est pas négligeable - ses proches ont déjà menacé de ne pas participer au groupe de travail qui va discuter des investitures. Mais surtout, l'ancien chef de l'Etat pourrait être contraint de revoir sa copie avant 2017 afin de s'acheter les bonnes grâces du Modem. A moins que Nicolas Sarkozy ait déjà fait une croix dessus, ce qui compliquerait grandement ses chances d'être présent au second tour de l'élection présidentielle.

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