Bérézina pour la gauche aux législatives partielles : des résultats qui préfigurent 2017 ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Xavier Bertrand a quitté son siège député au profit de la présidence de la région Hauts de France.
Xavier Bertrand a quitté son siège député au profit de la présidence de la région Hauts de France.
©Reuters

De mauvais augure

La droite a remporté trois législatives partielles, ce dimanche 20 mars, dans l’Aisne, le Nord et les Yvelines, dont deux en duel face au Front national (FN), après la déroute des candidats de gauche au premier tour.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le résultat était attendu. Dans le contexte politique actuel, que des circonscriptions de droite, dont les députés démissionnaires pour cause de cumul des mandats, sont sortis victorieux d'un précédent scrutin, - celui des régionales, restent à droite, relève de la logique. Les successeurs de Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Gérald Darmanin étaient largement favoris avant le premier tour de dimanche dernier. Ce que l'on attendait, dans ces scrutins où la participation a été particulièrement faible, c'était le score que réaliseraient les candidats PS et ceux du Front National. La situation est différente entre les Hauts de France, (anciennement Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et l'Ile de France : dans les Yvelines, Pascal Thévenot, qui avait recueilli 46,05% au premier tour s'est retrouvé face à un adversaire PS (- qui a réalisé le score famélique de 12,98%),au second. Ce dimanche 20 mars, le candidat LR a réuni 72,4% face à son adversaire PS, Tristan Jacques qui a bénéficié d'un sursaut de la gauche dans son ensemble, en rassemblant 37,6% des voix sur son nom. Dans cette circonscription le Front National n'avait pas été mesure de se maintenir au second tour. En revanche, dans les Hauts de France, c'est face à des candidates FN que les deux vainqueurs du scrutin de dimanche, Vincent Ledoux dans le Nord et Julien Dive dans l'Aisne, ont gagné. Que ce soit dans la dixième circonscription du Nord, rendue vacante à la suite de démission de Gérald Darmanin devenu vice-président de la région, ou dans la deuxième de l'Aisne où Xavier Bertrand quittait son siège député au profit de la présidence de la région Hauts de France, le PS a été éliminé le 13 mars et n'a pu qu'appeler à faire barrage au Front National pour le second tour. Circonstance aggravante pour le PS, dans la 10e circonscription du Nord, il était arrivé en tête au premier tour en 2012 avec plus de 30% des voix ! Si les deux candidates du Parti de Marine Le Pen n'égalisent pas le score de leur parti aux régionales de décembre dernier, (la liste FN avait réuni plus de 40% des suffrages au premier tour), les performances du Front National sont cependant en hausse par rapport aux législatives de 2012. Dans la 10e circonscription du Nord ,il progresse de plus de dix points par rapport à ce scrutin et dans l'Aisne, où le parti a conquis des cantons l'an dernier, il est passé avec Sylvie Saillard de 16,29% en 2012 à 28,79% des voix  en 2016, ce que les dirigeants du Parti n'ont pas manqué de souligner après la publication des résultats. Dans cette région, où la Gauche arrivée troisième aux régionales, s'est purement et simplement retirée pour faire barrage au Front National, celui-ci fait désormais figure de principal opposant à la droite. La situation est similaire en PACA, où la Gauche a préféré se retirer avant le second tour des régionales pour empêcher l'élection de Marion Maréchal Le Pen, et permettre l'élection de la liste LR-UDI conduite par Christian Estrosi.

Dans ce contexte particulièrement sombre pour le parti de François Hollande, Manuel Valls participait à la Fête de la Rose à Wattrelos, dans le département du Nord, une manifestation qui s'est déroulée en l'absence de la maire de Lille, Martine Aubry, en rupture politique avec la ligne suivie par le Premier Ministre. Tenant d'une gauche réaliste, et assumant les réformes, dont celle de la loi Travail à l'origine de la fracture définitive au sein de la gauche traditionnelle, le premier Ministre a lancé une mise en garde "contre cette tentation mortelle de tirer contre son propre camp. La situation est bien trop grave", a-t-il déclaré (- visant naturellement Martine Aubry et les Frondeurs du PS), appelant à " bâtir cette maison commune de tous les progressistes qui donne toute sa force à la gauche réformatrice" et à ne pas se" réfugier dans le confort de l'opposition" et à ne pas écouter " ceux qui disent que la gauche au pouvoir a perdu son âme". Des propos difficiles à entendre pour ceux qui voient s'écrouler un système dans lequel ils ont grandi et que leurs dirigeants n'ont pas su remettre en question pendant des années. Tous les revirements sont toujours possibles en matière électorale mais on voit comment la maison dont rêve le premier Ministre et la gauche " progressiste" pourrait être édifiée en quelques mois, sur les bases d'une maison en train de tomber en ruines alors qu'elle aurait besoin de fondations solides. Pour construire il faut un plan. On en est seulement au projet, et celui ci est encore imprécis. Ici et là, on se met à rêver de recomposition du paysage politique .Mais quant à savoir à quoi celui ci ressemblera l'année prochaine .Bien malin celui qui est aujourd'hui en mesure de le prédire. La Droite s'apprête à ramasser la mise. A gauche, avant de voir la construction d'une maison commune, il faudra probablement passer pas le stade des bungalows individuels, témoins du fractionnement, et qui sont peu résistants en cas de tempête électorale !

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