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Donald Trump : toutes les raisons pour lesquelles il va gagner (et toutes celles pour lesquelles il est condamné à perdre)
©Reuters

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Le duel probable entre Hillary Clinton, quasi-assurée de représenter le camp démocrate, et Donald Trump pour le parti républicain (même si des doutes subsistent quant à l'investiture de ce dernier) pose la question de leurs atouts respectifs et des terrains sur lesquels ils s'affronteront.

François Durpaire

François Durpaire

François Durpaire est historien et écrivain, spécialisé dans les questions relatives à la diversité culturelle aux Etats-Unis et en France. Il est également maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise.

Il est président du mouvement pluricitoyen : "Nous sommes la France" et s'occupe du blog Durpaire.com

Il est également l'auteur de Nous sommes tous la France : essai sur la nouvelle identité française (Editions Philippe Rey, 2012) et de Les Etats-Unis pour les nuls aux côtés de Thomas Snégaroff (First, 2012)

 


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Le vote des électeurs indépendants

  • Argument Clinton : La candidate des centristes 

Le ventre mou centriste de la politique américaine (qui représente environ 15% des électeurs et fait l’élection) va revenir du côté de Clinton puisque les transgressions de Trump (son refus de condamner le Ku Klux Klan, son culte de Mussolini) agiront comme une sorte d’épouvantail pour l’électorat centriste. En cas de duel avec Trump, si Hillary Clinton réussit à sécuriser le vote des indépendants, elle gagnera assurément les élections.  

  • Contre-argument Trump : Un discours à géométrie variable

Le challenger de Donald Trump, Ted Cruz, incarne une orthodoxie conservatrice contre l’avortement, pour le port d’armes, ainsi qu'une orthodoxie libérale. Cet ultraconservatisme l'empêche d’aller chercher le vote des indépendants. En revanche, Donald Trump a la capacité d'attirer cet électorat dans la mesure où il n’est pas un conservateur pur : il a un discours flip flopper, c’est-à-dire qu’il a une capacité à transformer son discours en fonction des circonstances. Si on connaît le Trump I, on ne connaît pas encore le Trump II : on peut se demander si le Trump de novembre aura suffisamment changé son discours pour récupérer cet électorat centriste et brouiller les cartes. Par ailleurs, Trump est déjà celui qui a été contre la guerre en Irak et s’est opposé à Bush, il est également celui qui au sein des Républicains a tenu les propos les moins durs sur la réforme de la santé d’Obama et sur le plan des mœurs, il est considéré comme un faux conservateur (il est notamment favorable au planning familial). Par rapport à son adversaire Ted Cruz, il sera sûrement chez les Républicains le meilleur candidat à même de brouiller les cartes et d’aller chercher l’électorat indépendant, voire certains Démocrates blancs et ouvriers.

L’avenir du parti républicain 

  • Argument Clinton : La guerre civile du parti républicain

Jamais dans l’histoire récente des Etats-Unis, un candidat n’a été aussi en marge que Trump dans l’establishment de son parti. Commencer une campagne alors que le parti traverse une "guerre civile" est la pire des situations. Certains membres du parti républicain, notamment Rick Wilson (le proche de Marco Rubio), ont considéré ceux qui étaient proches de Trump comme des collabos dans la France de Vichy. Par ailleurs, Mitt Romney qui fait aujourd’hui campagne contre Trump, est l’ancien candidat du parti. Cette division au sein du parti est le meilleur atout d’Hillary Clinton.

  • Contre-argument Trump : Le mariage de raison entre Trump et son parti

Donald Trump et son parti peuvent se réconcilier pour deux raisons. Premièrement, le parti républicain va se convertir à Donald Trump car c’est un parti qui n’a pas gagné la Maison Blanche depuis 2004 : Donald Trump incarne le seul espoir du parti et pour éviter 16 années d'occupation de la Maison Blanche par les Démocrates (double mandat d’Obama + double mandat de Clinton), le parti n'a d'autre choix que de se convertir à Trump. Deuxièmement, Trump ne peut pas gagner sans son parti : il est le candidat qui a le moins d’organisation sur le terrain. Pour ces deux raisons, la guerre civile actuelle pourrait s’effacer. 

Le vote des minorités (Hispaniques, Afro-américains, jeunes)

  • Argument Clinton : Trump est un aimant à mobilisation des minorités

Pour l'instant, Hillary Clinton souffre d'un manque d'entousiasme pour sa candidature. Néanmoins, cet enthousiasme pourrait arriver par défaut et être renforcé si Hillary Clinton choisit comme colistier le Texan Julian Castro, actuellement maire de San Antonio et ancien ministre du Logement. Par ailleurs, les derniers résultats ont montré que les jeunes votaient très peu pour Clinton dans son duel avec Sanders (80% des moins de 30 ans votent pour Sanders). Trump est l’assurance d’un électorat jeune pour Clinton car l’électorat jeune sera un électorat anti-Trump. 

  • Contre-argument Trump : une grande capacité à lever de nouveaux électeurs. 

Trump a montré qu’il était capable d’attirer de nouveaux électeurs. Lors des primaires républicaines, deux à quatre fois plus de votants se sont déplacés. Il s'agissait notamment de gens peu éduqués, ce qui n'est d'ailleurs pas sans rappeller la phrase de Trump "I love the poorly educated" (j’aime ceux qui ont peu de diplômes). On peut se demander combien de nouveaux votants Trump réussira à attirer, et jusqu’où il peut pousser à la mobilisation de l’électorat en colère, ce que l’on appelle le GOP rage (la rage des conservateurs) et s’il pourra aussi mobiliser les cols bleus dans certains Etats en balance comme l’Ohio. 

Les "Armes fatales"

  • Arme fatale de Clinton : Le différentiel hommes-femmes

Au cours de la dernière élection, le différentiel hommes-femmes entre Obama et Romney était de 15 points. Ce différentiel a largement fait la victoire d’Obama. Or, le différentiel entre la possibilité pour une femme d’être la première présidente de l’histoire du pays et un candidat qui a tenu des propos sexistes est beaucoup plus important. Il ne s’agit pas de dire que les femmes votent nécessairement pour des femmes, mais de dire que les propos de Trump posent problème et se lisent déjà dans la sociologie du vote puisque de tous les candidats républicains au sein de la primaire républicaine, Donald Trump est celui qui enregistre les pires résultats auprès des femmes : il n'a jamais obtenu plus de 30% de votes féminins et est même tombé à 20% dans certains Etats. 

  • Arme fatale de Trump : Le différentiel d’énergie entre Trump et Clinton

Trump est celui qui jouit du fameux momentum (sorte de moment, de rencontre magique entre un homme ou une femme et un peuple). La comparaison entre les meetings d’Hilllary Clinton et ceux de Donald Trump montre un différentiel d’énergie, d’enthousiasme qui pourrait certainement brouiller les cartes.  L’énergie de Trump et sa capacité à électriser les foules tranchent avec les difficultés de Clinton à aller chercher les foules, difficultés auxquelles s’ajoutent toutes les casseroles qu’elle pourrait traîner tout au long de sa campagne (Emailgate, la question de l’argent, de ses fondations, etc.). Trump pourrait être celui qui, comme il l’a fait au cours de la primaire républicaine, va détruire son adversaire par des arguments extrêmement durs qui feraient sortir Hilary Clinton de sa zone de confort. En outre, la donnée féminine pourrait être gommée si Trump envisageait de se doter d’une colistière.

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