Pourquoi l’Etat favorise les dérives du secteur public en tournant le dos aux réformes<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi l’Etat favorise les dérives du secteur public en tournant le dos aux réformes
©REUTERS / Christian Hartmann

Editorial

Malgré les résistances de l’administration des finances, le gouvernement vient de décider un relèvement du point d’indice qui fixe leur rémunération de 1,2% c’est-à-dire au-delà de la limite qu’il s’était fixée. La nouvelle facture promet d’être salée : elle représente au bas mot deux milliards et demi de plus pour les cinq millions et demi de fonctionnaires.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

Une fois de plus, le gouvernement vient de manifester son incapacité à résister à la moindre pression venue de l’extérieur. Après les agriculteurs, c’est maintenant les fonctionnaires qui l’ont amené à Canossa. Malgré les résistances de l’administration des finances, il vient de décider un relèvement du point d’indice qui fixe leur rémunération de 1,2% c’est-à-dire au-delà de la limite qu’il s’était fixée. Pour justifier ce nouvel aveu de faiblesse, Il s’est abrité derrière une note de conjoncture de l’Insee, publiée avec une opportunité presque suspecte évoquant une amélioration vraisemblable de la conjoncture au cours des prochains mois. Ainsi estimait-il  pouvoir déjà dépenser par avance les profits qu’il attend de l’avenir, avant même de s’assurer qu’ils seront véritablement  au rendez-vous. Ce qui ne manquera pas à court terme de creuser un peu plus les déficits, selon une tradition qui ne se dément pas.

Car la nouvelle facture promet d’être salée : elle représente au bas mot deux milliards et demi de plus pour les cinq millions et demi de fonctionnaires, sans compter le poids qui s’ajoutera aux retraites qui ont représenté 75 milliards l’an dernier, dont les trois quarts sont acquittés par les caisses de l’Etat, alimentées par les impôts des citoyens.

Mais la question la  plus grave vient de ce que le geste en faveur de la fonction publique est effectué sans contrepartie. Il représente  un cadeau, dont personne n’est dupe, mais qui  intervient bien tôt, puisque l'on est encore à plus d’un an des échéances électorales. Et cette initiative est d’autant plus inquiétante qu’elle sera suivie d’autres revendications catégorielles auxquelles succombera un Etat incapable de manifester la moindre résistance. Le cas des fonctionnaires fera des émules, d’autant que leur situation réelle ne correspond pas aux assertions officielles : le gel du point  pendant cinq ans n’a pas empêché des augmentations de traitements, en raison de différents protocoles appliqués au fil des ans et de l’avancement à l’ancienneté qui  se sont manifestés de manière sonnante et trébuchante, sans parler des diverses primes distribuées qui pouvaient même parfois dépasser le montant de la rémunération brute. Par ailleurs, les largesses gouvernementales vont provoquer des dégâts collatéraux, en raison des répercussions qu’elles auront sur la fonction hospitalière et sur les collectivités locales , déjà touchées de plein fouet par la diminution des dotations budgétaires dont elles étaient l’objet. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que d’autres hausses d’impôts se profilent à l’horizon pour payer la nouvelle facture…

Car rien n’est prévu pour amorcer l’indispensable réforme du système français qui continue  d’aller à vau l’eau. Le nombre  des fonctionnaires a augmenté de quinze mille  l’an dernier et va continuer de croître cette année. L’administration agit toujours  selon  les méthodes du passé, en empilant les strates comme le montre la nouvelle organisation des régions, c’est-à-dire en multipliant  les doublons et sans profiter des avantages qu’aurait dû entraîner un recours rationnel aux techniques engendrées par internet, pour favoriser les progrès de productivité et la compétitivité du secteur public. Les pouvoirs publics, incapables d’imaginer une réforme moderne à l’image de ce qui a été réalisé chez la plupart de nos voisins, tente seulement de museler la colère qui enfle dans l’opinion par des mesures ponctuelles sans effets durables, tandis que le Parlement, sans guides véritables, continue de se livrer à une cacophonie sur des sujets secondaires qui va crescendo au fut et à meure que les parlementaires voient arriver la fin de leur mandat.  La France n’a toujours pas vu venir le rouleau de la mondialisation et continue de vivre à l’ heure de son clocher.       

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !