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Et si la surprise 2017 venait finalement du côté de François Bayrou plutôt que de celui d’Emmanuel Macron
©Reuters

Sunlights médiatiques et alternative

Selon un sondage IFOP Fiducial, une candidature d'Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017 serait encore moins porteuse pour le PS qu'une candidature de François Hollande. François Bayrou de son côté, semble le plus à même de rassembler les voix des modérés de gauche comme de droite. Une dernière carte à jouer pour le Béarnais, mais seulement si ses adversaires sont Hollande et Sarkozy.

Jean-François Kahn

Jean-François Kahn

Jean-François Kahn est un journaliste et essayiste.

Il a été le créateur et directeur de l'hebdomadaire Marianne.

Il a apporté son soutien à François Bayrou pour la présidentielle de 2007 et 2012.

Il est l'auteur de La catastrophe du 6 mai 2012.

 

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Atlantico : Selon un sondage IFOP Fiducial, une candidature d'Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017 rapporterait moins de voix au PS qu'une candidature de François Hollande, ce qui vient conforter une nouvelle fois la légitimité de François Hollande dans ce rôle. Au regard de ce constat, en quoi une candidature de François Bayrou pourrait permettre au candidat centriste de capter une partie de l'électorat 2012 de François Hollande ? En quoi une telle candidature est un véritable risque pour François Hollande ?

Jean-François Kahn : D'abord ce sondage – le premier du genre – est très intéressant en ce qu'il intervient au moment où on assiste à une espèce de convergence médiatique de mise en valeur du phénomène Macron. A voir les couvertures des journaux et magazine, les commentaires à la radio ou à la télévision, on pourrait s'attendre à une explosion des intentions de vote pour Emmanuel Macron dans l'hypothèse où il se présenterait. Or le sondage en question montre l'inverse. On découvre qu'il s'agit d'un phénomène construit par la "France d'en haut" mais qui n'est pas une réalité dans le reste de la France. Le décalage est tout à fait impressionnant. Le phénomène Macron est un phénomène qui n'a d'existence qu'au sein de l'élite.

Cela montre également à quel point les sondages peuvent être trompeurs. Si l'on se base sur sa cote de popularité, M. Macron est effectivement haut, mais si on l'analyse de plus près, sa popularité est largement à droite ou au centre-droit. Ces électeurs l'apprécient car il est celui qui apparaît comme le plus à droite au sein du gouvernement, mais au moment de voter, s'il est le candidat socialiste, ils ne voteront pas massivement pour lui.

Ce dégonflement du phénomène Macron révèle-t-il qu'il existe une opportunité pour François Bayrou ?

Tout d'abord il faut être conscient qu'il porte un fardeau qu'il partage avec d'autres à droite comme à gauche : il s'est déjà présenté à l'élection présidentielle. De plus, s'il avait fait un énorme score en 2007, son dernier score était assez faible.

Cependant, il n'y une véritable opportunité que dans un cas pour François Bayrou : si les Français se retrouvent à devoir choisir comme en 2012 entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Il y a un tel rejet de ces deux personnalités politiques, qu'il aurait toutes ses chances.

Dans ce cas, si François Bayrou était candidat, il prendrait toute une fraction de l'électorat de gauche modérée qui ne croit plus du tout en François Hollande, et toute une fraction de la droite qui ne croit plus en Nicolas Sarkozy.

De la même façon, dans quelle mesure une candidature de François Bayrou pourrait menacer la droite ? En quoi la configuration serait différente en fonction du candidat vainqueur de la primaire des Républicains ?

La réponse est simple, François Bayrou n'a intérêt à se présenter à l'élection présidentielle que dans un seul cas de figure : si Nicolas Sarkozy gagne la primaire des Républicains. Dans tous les autres cas, face à Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, NKM, il serait balayé. Or je fais partie de ceux qui pensent que l'hypothèse d'une victoire de Nicolas Sarkozy à la primaire n'est pas à exclure.

Enfin, il y a un autre cas de figure à envisager : si Nicolas Sarkozy remportait la primaire mais en donnant le sentiment, à tort ou à raison, d'avoir gagné grâce à un noyautage du parti, et si Alain Juppé conserve sa très grande avance dans les sondages, il ne faut pas non plus exclure la possibilité que ce dernier se présente quand même. Dans ce cas là, Bayrou ne se présentera pas, il soutiendra Alain Juppé et Nicolas Sarkozy n'aura aucune chance.

Si à ce jour, la candidature de François Bayrou ne semble actée qu'en cas de victoire de Nicolas Sarkozy, en quoi le calendrier électoral pourrait pousser François Bayrou à dévoiler son intention avant le mois de novembre 2016 ? Peut-il réellement attendre l'issue de la primaire des Républicains pour mettre en place une campagne ?

Je ne crois pas qu'il soit handicapant pour lui d'entrer en campagne qu'après le résultat de la primaire des Républicains. Sa décision en fonction de l'issue du scrutin ne surprendra personne d'ailleurs : il a déjà dit à tous ceux qui le lui avaient demandé qu'il soutiendrait Alain Juppé si celui-ci était le candidat de la droite, et qui si c'était Nicolas Sarkozy, il se présenterait.

De plus, pour qu'il y ait un phénomène et une dynamique autour de sa personne, il faut que Nicolas Sarkozy soit candidat. Si Nicolas Sarkozy ne sort pas vainqueur de la primaire, il ne se passera rien autour de Bayrou, il n'incarnera une alternative pour personne. Donc cela n'aurait pas de sens de lancer sa campagne avant.

L'annonce, ce jour, de la candidature de Jean Lasalle, n'est-elle pas une première posée pour préparer une campagne, même en présence d'Alain Juppé ?

Non, personnellement je pense qu'il ne s'agit que d'un "accident" politique. Il me semble que François Bayrou est au contraire plutôt embêté par cette annonce de Jean Lassalle.

Après son succès de 2007, et son essoufflement de 2012, François Bayrou aurait-il finalement une dernière réelle opportunité pour une candidature présidentielle en 2017 ?

Oui c'est évidemment sa dernière chance, on ne peut pas se présenter indéfiniment à l'élection présidentielle. Il y a incontestablement une opportunité pour lui, c'est bien la seule et la dernière.

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