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Un revers pour Alain Juppé ? Les Républicains commenceront dès la fin mars à préparer les investitures pour les législatives 2017
©REUTERS/Regis Duvignau

Coup d’accélérateur

Alain Juppé a-t-il perdu son combat ? Il souhaitait, comme le PS l'a fait en 2012, que les candidats aux législatives ne soient pas investis avant l'issue des primaires. Mais Nicolas Sarkozy veut aller plus vite. Il devrait annoncer la création d'un groupe de travail mardi prochain en Bureau Politique.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Il aurait aimé éviter d'avoir ses frondeurs à lui. Pouvoir désigner les candidats qui défendront les couleurs de la droite et du centre en juin 2017 et dessiner ainsi les contours de la majorité qui serait la sienne en cas de victoire. Comme le résume un député LR, "pour gagner, on est prêt à prendre des risques que l'on paiera durant tout le quinquennat mais quand on peut les éviter c'est mieux".  Bref Alain Juppé préfèrerait attendre l'issue des primaires pour aborder la question des investitures aux législatives.

Nicolas Sarkozy en a pourtant décidé autrement et n'entend pas lâcher prise. Lui aussi maintient sa position exprimée lors du Conseil national: "Il faut déconnecter les investitures aux législatives de la primaire. Il ne faut pas mettre les parlementaires et les candidats otages de la primaire. Il faut donc donner les investitures au printemps pour débarrasser la primaire de la logique des clans, des équipes, où on choisira un candidat non pas parce qu’il est le meilleur pour gagner mais parce qu’il est le plus copain" avec le vainqueur de la primaire. "Est-ce qu’on pourra trouver un accord là-dessus ? En tout cas je me battrai pour qu’on trouve un accord". Mardi dernier, il a donc annoncé la création d'un groupe de travail sur le sujet avant de faire marche arrière. "Ca n'est pas aussi formel qu'il a bien voulu le laisser entendre, explique l'un de ses proches, pour l'instant rien ne bouge. On va prendre encore un peu de temps". Mardi prochain, lors du bureau politique qui se tiendra rue de Vaugirard le président des LR pourrait cependant faire un pas de plus en annonçant la mise en place de ce fameux groupe de réflexion. Il pourrait être composé des membres du comité d'organisation de la primaire. "C'est une instance paritaire au sein de laquelle tous les candidats sont représentés", explique l'un des défenseurs de l'idée. "Ça me parait un peu baroque car ils ont déjà fort à faire", répond-on chez Juppé.

Les discussions avancent pourtant de façon officieuse. Les deux candidats sont au moins d'accord sur un principe, celui de constituer trois groupes de circonscriptions. Le premier sera composé des circonscriptions dans lesquelles le sortant veut se représenter. Ce groupe compterait 200 circonscriptions. Un deuxième groupe serait constitué des circonscriptions dans lesquelles les sortants ne souhaitent pas se représenter ou de celles où les LR n'ont pas d'élu mais dont le nom du futur candidat fait consensus. Enfin un troisième groupe sera composé des circonscriptions polémiques. Toute la difficulté va être d'arbitrer entre les groupes 2 et 3. De plus, Nicolas Sarkozy voudrait investir les candidats des deux premiers groupes alors qu'Alain Juppé souhaiterait s'en tenir au premier. "On est d'accord pour reconduire les sortants qui le souhaitent et uniquement ceux qui le souhaitent or ils sont nombreux à ne pas vouloir choisir, à vouloir attendre après la primaire. Ces circonscriptions-là, on veut les geler", affirme l'un de ses proches.

La question est essentielle car elle détermine entièrement l'attitude que les LR choisiront d'adopter avec le centre. En effet,  "il faudra bien faire une place à nos partenaires centristes, l'UDI et le Modem, et les circonscriptions polémiques (le fameux groupe 3) ne suffiront pas", explique un proche de Juppé qui ajoute: "et puis selon qui sera le vainqueur, Juppé ou Sarko,  le Modem et l'UDI n'auront pas la même place". Pas si sûr, car, observe un député et cadre des LR: "le vainqueur quel qu'il soit, sera tenté de négocier en priorité avec le Modem qui pèsera plus lourd que l'UDI". François Bayrou est, en effet, crédité de 13% dans les sondages si Nicolas Sarkozy est le représentant de la droite à la présidentielle.

Et c'est peut-être l'une des raisons qui pousse Nicolas Sarkozy à vouloir geler le plus de circonscriptions possibles afin d'en laisser peu à un allié qu'il sait instable et peu enclin à soutenir des projets de loi qui n'iraient pas dans son sens. "Il faut que nous fassions attention à rester majoritaires", explique l'un des interlocuteurs de l'ancien Chef de l'Etat. Et l'un des arguments, afin de limiter le nombre de postes accordés aux partenaires centristes, consiste à dire: "le centre est aujourd'hui scindé en trois. Il faut aussi que nous accordions des places aux centristes des LR". La question de la parité venant se greffer au débat, un cadre des Républicains, député sortant et donc non menacé sourit: "Si vous êtes un mec blanc, non sortant, LR et que vous êtes investi, vous êtes un miraculé".

Quant à Alain Juppé, il reste pour l'instant ferme sur ses positions. Ses proches affirment qu'il n'est pas encore certain de participer au groupe de travail. Le risque, pour le maire de Bordeaux, étant d'être au final prisonnier des choix faits sans lui par Nicolas Sarkozy. Comment, en effet, désinvestir des députés qui auront commencé leur campagne depuis des mois sans se rendre franchement impopulaire ?  

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