Israël sur le point de lancer le système de missiles défensifs le plus avancé au monde<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Israël sur le point de lancer le système de missiles défensifs le plus avancé au monde
©REUTERS/Amir Cohen

Bien armés

L'Etat hébreux est actuellement engagé dans la construction de l'armement balistique le plus puissant au monde ; dépassant même ce qui se fait en Occident. En s'équipant d'un tel monstre de technologie, Israël compte bien revenir sur la menace que représentaient le Hamas et Hezbollah et témoigne de ses bons rapports avec les Etats-Unis, associés à la construction.

Frédéric Encel

Frédéric Encel

Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, Grand prix de la Société de Géographie et membre du Comité de rédaction d'Hérodote. Il a fondé et anime chaque année les Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Frédéric Encel est l'auteur des Voies de la puissance chez Odile Jacob pour lequel il reçoit le prix du livre géopolitique 2022 et le Prix Histoire-Géographie de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2023.

Voir la bio »

Atlantico : D'après des informations du Washington Post, Israël serait actuellement engagé dans la construction d'un armement balistique parmi les plus performants au monde, dépassant tous les systèmes en place dans la région, mais également en Europe ou aux Etats-Unis. Quels sont les objectifs recherchés ?  Quels sont véritablement les enjeux de cette acquisition ?

Frédéric Encel : Justement, c'est bien contre des groupes puissants mais infra-étatiques qu'Israël cherche à se prémunir. Les Etats voisins étant devenus inoffensifs (Syrie en déliquescence) ou même alliés (Egypte, Jordanie), ne demeurent que les combattants du Hezbollah au nord (Liban), et le Hamas islamiste au sud-ouest (Gaza). Or, le fer de lance de ces deux organisations pour partie terroristes est constitué de missiles ; en juillet-août 2006, lors de l'affrontement Tsahal/Hezbollah, ce dernier avait propulsé sur la Galilée plus de 4 500 engins de toutes sortes, des vieilles armes à tir courbe (mortiers) aux modernes Zelzal en passant par les roquettes Katiouchas soviétiques des années 1970 ! Certes, les missiles des islamistes chiites et sunnites ne menacent pas l'existence d'Israël, mais les dégâts économiques et psychologiques exaspèrent la population et représentent un camouflet pour les gouvernements en place à Jérusalem. Lesquels cherchent donc à se défaire de cette épée de Damoclès, sans avoir à lancer sur place de coûteuses opérations terrestres.  

Dans quelle mesure l'augmentation de la capacité balistique s'ancre-t-elle dans une forme de continuité dans les rapports entre Israël, le Hamas et le Hezbollah ?

Je vous dirais que pour Israël, le balistique n'est pas nouveau. Dès les années 1970-80, l'Etat hébreu s'est doté d'un dispositif lui permettant de propulser des charges nucléaires ; il s'agissait d'abord des missiles Jéricho I, puis II et III. Mais en effet, outre cet instrument destiné à ne pas être utilisé - sauf menace atomique apocalyptique - Israël a toujours plutôt compté sur les chasseurs bombardiers et, au sol, les blindés. Or l'époque n'est plus à la seule combinaison gaullienne des "moteurs combattants", et le tandem avions/chars risquait de ne plus suffire face à des menaces elles-mêmes balistiques. Cela dit, ces dernières années, c'est de manière défensive que l'Etat juif a considérablement progressé, notamment avec le système anti-missiles Dôme de fer qui a démontré de remarquables performances lors du conflit contre le Hamas durant l'été 2014. 

Dans la réalisation de ce projet, Israël est épaulé des Etats-Unis. Jusqu'où cet échange dément les différentes rumeurs de froid entre Washington et Jérusalem ? Si Benjamin Netanyahu et Barack Obama ne s'entendent pas, comment se portent les relations entre leurs pays respectifs ?

Bonne question. Voilà sept ans que je répète urbi et orbi qu'en dépit d'une vraie mésentente de fond entre Obama et Netanyahou, jamais les relations israélo-américaines n'ont été aussi profondes. Accords économiques croissants, aides financières à la technologie israélienne augmentées, soutien diplomatique constant à l'ONU, etc. ; qu'ils la déplorent ou s'en réjouissent, ceux qui croient en une dégradation des relations bilatérales en sont une fois de plus pour leurs frais !

Y'a-t-il un risque que ce nouvel armement mette à mal la diplomatie entre Israël et les différents pays voisins ? Pourquoi ?

Je ne pense pas car pour l'heure, l'Etat juif penche plutôt du côté de l'axe sunnite. Autrement dit, l'Egypte et la Jordanie luttant à la fois contre le djihadisme et l'influence chiite pro-iranienne, mais aussi à présent l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis pour les mêmes raisons ; tous ces Etats s'accordent à considérer Israël comme une puissance objectivement alliée. De toute façon, ils n'ont à craindre de l'Etat juif, par définition, ni concurrence religieuse ni volonté hégémonique. Cela ne signifie pas que l'idéologie rétrograde wahhabite au pouvoir à Riyad et au Qatar va abandonner son antisémitisme forcené ! Enfin cette situation paradoxale - des Etats arabes souhaitant le renforcement et la coopération de "l'ennemi sioniste" honni - illustre bien leur affaiblissement dramatique et la victoire historique d'Israël...  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !