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Il paraît que la stèle pour Aurélie Fouquet, la policière assassinée, peut être stigmatisante pour des "jeunes" !
©Reuters

Malek, Redoine et les autres

Cela se passe en France. Pas la France pour tous. La France comme la voient certains.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le 20 mai 2010 à Villiers-sur-Marne, 4 ou 5 hommes cagoulés sortent de leur camionnette qui a percuté un 4x4. Une voiture de la police municipale s’approche. Les hommes tirent en rafale avec leurs kalachnikovs : "ils voulaient  tuer du flic !" dira un témoin. Ce n’est pas un flic qu'ils tueront mais une fliquette : Aurélie Fouquet, 26 ans.

Ce drame sanglant eut un retentissement national. La victime était une femme, elle était jeune et elle était la mère d’un petit garçon. Nicolas Sarkozy lui rendit hommage et une stèle fut érigée pour honorer sa mémoire. Autour de cette stèle il y eut, comme on dit en langage de banlieue, "une embrouille". La fusillade s’était déroulée dans la rue Graham Bell qui sépare les communes de Noisy-le-Grand et de Villiers-sur-Marne. Et c’est sur la partie dépendante de Noisy-le-Grand qu’était tombée Aurélie Fouquet. C’est donc là qu’une stèle s’imposait. Mais le maire PS de l’époque, Michel Pajon, s’y opposa. Il proposa de planter un arbre pour Aurélie Fouquet : on le comprend, un arbre c’est pas trop visible et sa présence n’aurait pas constitué une insulte trop flagrante pour les "jeunes" de sa commune.

Michel Pajon fut très clair : "Nos villes sont fragiles et ces stèles ont une connotation particulière. Il faut éviter toute forme de stigmatisation". L’arbre fut refusé par la famille de la victime et la stèle alla de l’autre côté de la rue, à Villiers-sur-Marne dont le maire était UMP. Lui visiblement ne craignait pas de stigmatiser ! Ce lamentable épisode revient dans l’actualité car le procès des braqueurs de la rue Graham Bell vient de s’ouvrir. Les accusés : Rabia Hideur, Malek Khider, Redoine Faïd, Daouda Baba. C’est sans doute à cause de la consonance de leurs noms que le maire PS de Noisy-le-Grand ne voulait pas "stigmatiser" . Entre-temps, la mairie a changé de bord et elle est détenue par Les Républicains. Le nouveau maire envisage de faire déplacer la stèle chez lui. Michel Pajon maintient sa position initiale : "oui, il y a risque de stigmatisation".

On se dit que ce n’est pas possible. Qu’il n’est pas possible que des "jeunes" de Noisy-le-Grand se sentent proches de braqueurs ultra-violents, multi-récidivistes et qui risquent la perpétuité. Puis on réfléchit et on se dit qu’à sa façon, honteuse et pitoyable, l’ex-maire de Noisy-le-Grand a peut-être raison. Que l’énoncé des prénoms, Rabia, Malek, Redoine, et Daouda est susceptible d’entraîner des réactions d’une solidarité qu’on ne peut qualifier que d'ethnico-religieuse. Que si c’est ça, c’est qu’on ne vit pas dans le même pays. Et que si le PS se décompose et meurt, c’est que dans ses rangs il compte des milliers de Michel Pajon.

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