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Etendue des glaces : les scientifiques complétement déboussolés par ce qui se passe dans l’Arctique cet hiver
©Reuters

L’âge des ex-glaces

Selon les dernières données de la Nasa, la fonte des glaces a été particulièrement précoce et importante au mois de janvier en Arctique, sans que les scientifiques n'arrivent à expliquer ce phénomène, qui impacte l'ensemble des données météorologiques de la planète.

Jean-Claude  Gascard

Jean-Claude Gascard

Jean-Claude Gascard est directeur de recherche émérite au CNRS, au laboratoire d'océanographie et du climat, expérimentations et approches numériques de l'université Pierre-et-Marie-Curie (LOCEAN), à Paris. Spécialiste de l’océan Glacial arctique, il a effectué de nombreuses missions sur le terrain et a coordonné le programme européen DAMOCLES (Developing Arctic Modeling and Observing Capabilities for Long-term En).

 

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Atlantico : L'Arctique a-t-il été particulièrement touché par la fonte des glaces en 2015 ? 

Jean-Claude Gascard : Cette année oui, certainement, mais ce n'est pas nouveau. C'est un phénomène que l'on observe depuis pas mal d'années.

Le public en général a une mémoire assez courte des choses, mais les chercheurs qui suivent l'évolution de l'Arctique depuis très longtemps ne sont pas surpris. Ce sont des cycles qui s'inscrivent dans une évolution plus large. D'une année sur l'autre, il y a une très forte variabilité, à cause notamment d'éléments météorologiques ponctuels comme El Nino par exemple, mais pas seulement.

Il faut donc mettre l'année 2015 en perspective sur une échelle de temps plus longue, si on veut en tirer des enseignements fiables et utiles. 

A quoi voit-on que l'Arctique est particulièrement touché par la fonte des glaces ? 

On le voit à plusieurs choses.

On le voit d'abord tous les ans, au moment du retrait maximum de la banquise vers la fin du mois de septembre, qui se caractérise par des reculs de glaces spectaculaires. C'est d'ailleurs eux qui ont alerté les chercheurs. Mais il y a d'autres indices. On peut aussi observer l'épaisseur de la banquise, qui diminue depuis les années 1990 assez régulièrement.

L'Arctique est de manière générale beaucoup plus touché par le réchauffement climatique que l'Antarctique. La grosse différence entre les deux hémisphères, c'est que l'un est un océan et que l'autre est un continent, et que l'océan permet à des courants chauds de pénétrer dans les régions polaires de l'hémisphère nord. 

Pourquoi les scientifiques sont-ils déboussolés par ce phénomène ? 

Déboussolés, oui et non.

Non, parce que les scientifiques qui s'intéressent au problème et qui l'analysent avec les bonnes échelles de temps ont bien identifié les éléments perturbateurs.

Et oui, car ils n'arrivent pas à tout expliquer, notamment à séparer les causes des effets. C'est le phénomène de l'œuf et de la poule (qui a fait l'autre?). Les chercheurs ont bien identifié les phénomènes qui entraînent une fonte des glaces plus importante en Arctique qu'en Antarctique, mais ils ne savent pas encore répondre précisément quand on leur demande d'expliquer le pourquoi du comment.

En ce sens, l'Arctique n'a pas encore livré tous ses secrets à la science.

Quels sont les impacts de l'accélération de la fonte des glaces en Arctique ? 

Ce n'est pas un phénomène isolé, dans le sens où l'accélération de la fonte des glaces en Arctique a des répercussions sur l'ensemble des phénomènes météorologiques de la planète, et en particulier sur ceux de l'hémisphère nord.

Un phénomène très nouveau que l'on observe depuis le début de la fontes des glaces en Arctique est celui des blocages atmosphériques qui sont liés à des méandres de grande amplitudes du jet stream. Ces situations se traduisent par des occlusions dans la circulation atmosphère aux moyennes latitudes. Cela signifie que les hautes et les basses pressions qui auparavant se déplaçaient d'Ouest en Est assez rapidement de part et d'autre du jet stream ont désormais tendance à se bloquer.

Selon le pays ou la région où vous vous trouvez, vous pouvez être sous une zone de haute ou de basse pression atmosphérique et y rester pendant un très long moment. Sous une zone de hautes pressions, l'air est sec et la terre aura tendance a se dessécher, ce qui peut déclencher des incendies spectaculaires, comme en Australie ou en Sibérie par exemple. Par contre, sous une zone de basses pressions, les précipitations se multiplient et donc les inondations et les glissements de terrain, comme en Inde ou le mid west américain par exemple.

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