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Une presse aux ordres ? Certainement. Mais de qui ?
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Zone franche

Libé brocarde dix lignes de vœux pro-Sarko signées Dassault dans Le Figaro mais transforme sa « une » et son premier cahier en tract du PS. Y a-t-il un déontologue dans le kiosque ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est intrigant, ce mini-billet de Libé qui brocarde les vœux de Serge Dassault dans Le Figaro de lundi. Il en est comme deux ronds de flan, l’auteur anonyme de ces quelques lignes ironiques : non seulement l’avionneur-patron de presse est de droite mais en plus, il utilise son canard pour servir la soupe à Sarko !

La soupe à Sarko ! Dans Le Figaro ! Incredibeul !

D’accord, qu’on se moque d’un vieillard monomaniaque convaincu que la France est un pays communiste et que la suppression de l’ISF est la clé du redressement national, c’est de bonne guerre. Ça n’a pas beaucoup de sens puisque personne ne lit vraiment les divagations du bonhomme, comme personne ne lisait vraimentles pleines pages de pop’ philosophie que son paternel publiait dans Jours de France, mais c’est de bonne guerre tout de même…

Alors pourquoi c’est intriguant ? Hum, si vous posez la question, c’est que vous n’avez pas eu l’occasion de tomber sur le numéro de Libé contenant ce billet. Ou que vous l’avez vu mais que vous l’avez confondu avec une brochure de propagande imprimée rue de Solferino ― ce que j’ai bien failli faire en m’acquittant de mon euro et demi (nouveau tarif 2012, c’est dur pour tout le monde).

(Cliquez sur l'image pour agrandir)

Oh, je ne parle pas de ces cinq pages « Evénement » recensant par le menu les idées forces du programme présidentiel de François Hollande (il y a des interviews, des encadrés, des chiffres, des citations, ça peut passer pour une enquête) ; je ne parle pas non plus de l’édito flagorneur titré en grec de Nicolas Demorand (un éditorialiste a le droit de donner son avis, je fais ça tous les matins avec au moins autant de mauvaise foi)…

Non, tout ça est assez standard. Ce qui l’est moins, c’est la  transformation d'une « une » en tract, immédiatement suivie d’une double-page de logorrhée hollando-gaullo-mitterrandienne dont le caractère « informatif » serait salement difficile à défendre devant l’ombudsman du New York Times.

Tiens, même le médiateur de Paris Boum-Boum émettrait quelques réserves (il serait toutefois rendu plus indulgent par cette très mauvaise photo de Hollande, dont l’air angoissé n’est pas très vendeur).

Et je n’écris pas ça parce que j’ai moi-même un problème avec le big winner de la primaire (je vais sans doute devoir voter pour lui, maintenant que DSK est sous bromure et que Valls mange un chapeau tous les matins). J’écris ça parce que rien n’est plus agaçant que ce baratin selon lequel l’opinion serait l’otage d’une poignée d’affidés de l’omniprésident quand une manip aussi grotesque passe totalement inaperçue. Passe pour normale, même.

La presse française est aux ordres, c’est une évidence. Mais elle ne les prend pas tous au même endroit et c’est son absence d’indépendance générale, son appartenance systématique à un camp ou à un autre qui devrait faire tiquer le billettiste brocardeur d'avionneurs nonagénaires. Mais clairement, ce n'est pas demain la veille. C'est pourtant ce qu'elle proclame, cette « une » de Libé : « Le changement, c'est maintenant ».

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