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Tout arrive, Air France obligée de baisser ses prix et d’accélérer sa mutation
©Flickr

Atlantico Business

Air France, confrontée à une concurrence plus vive, va se résoudre à casser ses prix.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Air France ne pourra plus résister à la contrainte des marchés. Après la baisse du prix du carburant qui va, selon toute prévision se prolonger un ou deux ans et qui a donné de l'oxygène au compte d’exploitation, la compagnie va quand même être obligée de baisser ses prix et en faire profiter les voyageurs. D’autant que la concurrence va se faire de plus en plus dure.

Après Easyjet et Ryanair qui se sont taillé un bon tiers du marché des courts et moyens courriers, après la décision prise par beaucoup de compagnies étrangères, américaines, canadiennes, mais aussi Emiraties et Thaï, de casser les prix au départ de Paris sur les longs courriers, la compagnie Air France va se retrouver en concurrence frontale avec une compagnie low-cost  sur les liaisons les plus fréquentées et les plus rentables entre Paris, Miami et Los Angeles.

Selon la Tribune, c’est la Norwegian Air Schuttle qui a obtenu après un dur combat avec l'administration de l'aviation civile, des droits d'atterrissage sur Paris Roissy.

Techniquement, les low-cost s’installeront à Roissy CDG 1  le premier terminal qui est en cours  de rénovation complète par Aéroport de Paris (ADP).

Le but étant de répondre à cette demande des low-cost qui se bousculent au portillon depuis 5 ans. Jusqu’alors l'administration française trainait des pieds pour délivrer des autorisations afin de protéger Air France, l’opérateur historique.

Aujourd’hui, l’administration française et Aéroport de Paris ne peuvent plus s’opposer au changement, sauf à voir partir le trafic sur Francfort ou Amsterdam. Il y a de la place à Paris pour l’absorber. On le sait peu, mais dès le départ les concepteurs de Roissy avaient prévu deux pistes, ce qui n'existe nulle part ailleurs en Europe. Londres par exemple est complètement saturé sans aucune possibilité de se développer. Paris ne demande qu’à exploser.

Nortwegian Air Schuttle devrait assurer plusieurs vols directs par jour sur New York, Miami et los Angeles à un prix qui serait voisin de 300 euros sur New York JFK et 400/500 euros sur Miami et Los Angeles.

Air France se retrouve donc au pied du mur, obliger de tirer les leçons de cette pression concurrentielle.

1e. Leçon, les prix vont obligatoirement baisser . Impossible de continuer à vendre des Paris-NY à 700 ou 1000 euros en classe éco . Il faudra forcement s’aligner sur les prix low-cost long courrier c’est à dire aux environs de 300 euros, peut être moins.

A noté que ces prix là ne sont pas totalement étrangers à Air France qui les pratique déjà régulièrement dans le cadre de ses promos pour remplir ses avions. Si Air France ne s'aligne pas sur la concurrence, la clientèle de voyageurs et notamment les jeunes se tourneront vers les compagnies étrangères.

Quant à celle des hommes d'affaires qui représentent encore 50% du trafic, il va falloir relever le niveau des prestations pour la fidéliser. Sinon, cette clientèle là partira aussi sur des compagnies qui offrent du Paris-New York en classe business mais au prix de l’Eco .

2e leçon, cette pression concurrentielle oblige Air France à bâtir un nouveau modèle économique et par conséquent une toute nouvelle organisation. C’est le hic !!! C’est tout l’enjeu de la négociation avec les syndicats qui se transforme trop souvent en bras de fer. Le but, obtenir plus de productivité de la part des personnels et notamment ceux qui volent, mais pas seulement. Sinon, le groupe n'aura pas d'autres solutions que de créer des filiales dédiées au low-cost, si les syndicats l acceptent.

Ce qui est intéressant dans l’exemple d’Air France, c’est que l'Etat très gros actionnaire a parfaitement défendu les projets de consolidation en Europe, l’Etat a pris des initiatives et favorise la constitution du groupe avec KLM par exemple, mais l’Etat s’est retrouvé impuissant à faire évoluer l'organisation interne pour découvrir un modèle de fonctionnement mieux adapté à la modernité.

L'état actionnaire et les syndicats auront été les principaux artisans de la résistance au changement. Aujourd’hui l’Etat et les syndicats sont acculés à accepter la mutation. Exactement ce qui se passe dans beaucoup de secteurs d’activité , la lutte entre les taxis et les VTC est un épisode de plus de cette opposition entre les anciens et les modernes.

Comme toujours , le principal facteur de changement aura été la clientèle qui pousse à la restructuration et à l abandon de certaines rentes , qui se sont formées à l abri d un monopole.  

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