En 2012, c'est décidé, les hommes laissent tomber les poils

Une nouvelle évolution dans l'histoire de l'humanité ? Les poils pubien féminins seraient en voie d'extinction, comme le rapporte The Atlantic. Et si cela ne concernait pas seulement les femmes ? Car les hommes, eux aussi, succombent aux sirènes de la disparition des poils des zones sexuelles. Cette tendance porte le nom de "manscaping". De plus en plus de mâles, qu'ils soient d'illustres inconnus ou des célébrités, avouent se débarrasser consciencieusement de leurs poils pubiens. Pour l'apparence, mais aussi pour faciliter les relations sexuelles.

Dans les temps anciens, pour les hommes, ôter ces poils n'avait rien à voir avec un souci d'esthétisme, comme le souligne The Daily Beast. Les Égyptiens le faisaient afin d'éviter les puces et les poux. Les Romains rasaient les adolescents afin de les initier à l'âge adulte. Au XVIe siècle, les Européens ont été atterrés d'apercevoir une touffe au dessus du pénis de David, la sculpture de Michel-Ange.

Pour autant, la tendance actuelle est un pur produit de cette société post-métrosexuelle où le mâle dominant se paie des séances de spa et des boxers Diesel hors de prix. "Cela a quelque chose à voir avec la répartition plus floue des rôles", explique Nicole Caldwell, rédactrice en chef de Playgirl, un mensuel illustré par des photos d'hommes nus, qui a constaté la disparition progressive des poils au point de devoir rappeler à ses modèles de ne pas tout raser. "Je ne dis pas qu'il n'y a plus de distinction entre hommes et femmes, mais il est maintenant plus acceptable de partager l'espace. Les hommes peuvent venir dans les instituts de beauté sans que cela ait l'air bizarre."

De plus, certains hommes préfèrent des femmes entièrement épilées. Ils trouvent donc cela naturel de le faire eux-mêmes, notamment pour les pratiques sexuelles orales. Selon eux, quel que soit le sexe, il n'est jamais agréable d'avoir des poils dans la bouche.

Un impact clair sur le commerce

Une étude datant de 2008 de l'Université Flinders, en Australie, citée par Science Direct, conclut que l'absence de poils est en train de devenir un critère essentiel du corps masculin idéal. Sur les 228 hétérosexuels qui ont répondu anonymement aux questions des chercheurs, 66% ont déclaré s'être débarrassé de leurs poils pubiens au moins une fois. La part grimpe à 82% pour les homosexuels.

Cette tendance a une traduction claire dans le commerce. Les rasoirs de corps pour hommes deviennent des best-sellers dans les magasins spécialisés. Sans compter tous les nouveaux soins proposés par les instituts, comme l'épilation Boyzilian (contraction entre boy et brazilian, garçon et brésilien) demandé par un client sur trois chez Strip: Ministry of Waxing.

La plupart de leurs clients ont entre 25 et 35 ans. Certains sont envoyés par leur fiancée ou petite copine, d'autres viennent d'eux-même, gênés par une pilosité trop importante et pour des questions d'hygiène."L'épilation garde toute cette zone bien plus propre, souligne Cande, un esthéticien spécialisé du Strip de New York. Une fois qu'ils ont senti la différence, ils deviennent addicts !"

Mais au-delà de la clientèle habituelle et plutôt jeune, Kirsten, gérante du Strip, note que des hommes de tous âges et milieux sociaux sont de plus en plus ouverts à l'épilation. Elle mentionne un homme de 50 ans qui, alors que sa fille optait pour l'épilation brésilienne, s'est lui offert une épilation intégrale. Autrefois un phénomène purement homosexuel, l'épilation s'est largement répandue.

Difficile de nier l'impact de la pornographie sur cette évolution. Dans les séquences vidéo professionnelles, les acteurs sont tous rasés de près, et certains des spectateurs avouent les imiter. John Marsh, producteur, souligne que tous les hétérosexuels qu'ils recrutent pour leurs films se rasent les poils pubiens. Il est persuadé qu'ils le font pour que leur pénis ait l'air plus gros. "Ils aiment aussi que leurs partenaires soient imberbes, donc ils partent du principe que c'est aussi ce que veulent les filles", continue-t-il.

Pourtant, cette tendance ne fait pas l'unanimité, comme l'illustre, entre autres, cette note du site Courant.com. Certaines filles se disent révoltées par cette pratique masculine, ainsi que certains homosexuels. Pour eux, tout est une question d'équilibre. Se raser, pourquoi pas. Mais l'épilation intégrale, non. Ils arguent que la pilosité reste un élément très masculin, et que sa disparition complète les fait ressembler soit à des femmes, soit à de trop jeunes adolescents.