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François Hollande va remanier son gouvernement cette semaine. Soit. Mais pour quoi faire ?
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L'édito de Jean-Marc Sylvestre

Les milieux d’affaires s’attendent à un remaniement du gouvernement mais ignorent tout de la politique qui sera appliquée.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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François Hollande devrait donc changer ou aménager son gouvernement cette semaine. Ce n’est pas un événement historique. Sous la 5e république, tous les présidents ont changé leur gouvernement  2 ou 3 fois pendant leur mandat. Les raisons sont multiples, soit parce que le gouvernement est fatigué, ou que des ministres sont usés. Soit parce que le président veut changer de politique, soit parce que les personnalités ne collent plus à la majorité présidentielle qui a besoin de sang neuf.

François Mitterrand a su remarquablement gérer les remaniements pour se protéger ou pour rebondir.

Ce qui est extraordinaire avec François Hollande, c’est que sa motivation est très floue. Dans un premier temps, on avait cru comprendre qu‘il cherchait à élargir la représentation de ce qui pourrait être sa majorité. En clair, récupérer des écologistes, ou des "front de gauche", pour faire oublier le départ de Christine Taubira et envoyer des signaux en direction du centre et même de la droite. Cette stratégie a été, semble-t-il abandonnée...

Tous ses alliés d’autrefois, Cécile Duflot en tête, et même Arnaud Montebourg  lui ont tourné le dos … quant aux centristes, les bien élevés comme Nicolas Hulot ont refusé. Louis Gallois, un poids lourd de l’entreprise, l’auteur du choc de compétitivité aurait été approché lui aussi mais aurait refusé de rentrer à Bercy. Tout comme une  dizaine de grand chefs d’entreprise qui auraient été approchés par Jean Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Elysée.

Même échec avec Xavier Bertrand  président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, élu avec l’appui des voix socialistes, qui a lui aussi refusé de jouer le rôle de symboles de l’ouverture.

Ayant semble-t-il échoué à élargir sa majorité, il devrait se rabattre sur un gouvernement resserré autour de l’équipe de fidèles et sociaux libéraux. Avec Manuel Valls à Matignon, Jean-Yves Le Drian à la Séfense, Bernard Cazeneuve à l’Intérieur et Emmanuel Macron à Bercy. Les mousquetaires du roi.

Bref un gouvernement "drivé" par un quatuor de fidèles... alors les commentaires iront bon train juste au moment de la discussion sur la loi "déchéance de nationalité" qui apparaît de plus en plus indigeste à tout le monde. François Hollande et Manuel Valls doivent savoir qu’ils sont plombés avec ce projet et qu’ils n’arriveront jamais à constitutionnaliser cette mesure ...

Par conséquent, l’annonce du remaniement va occuper l’espace médiatique … le problème c’est que les commentaires vont tourner très courts, parce que ce remaniement n’aurait un sens que si parallèlement à la constitution, le Premier ministre , avec l’aval du président pouvait annoncer un engagement fort sur une politique économique franchement pro-business.

A L’Elysée, comme à Matignon, on a enfin compris que ça n’était pas la croissance qui créerait des emplois mais l’inverse. De toute façon, les potentialités de croissance forte appartiennent au royaume de l’illusion. La situation internationale ne le permet plus. Les planètes ont beau s’aligner au cordeau, pour créer des emplois, il faut des entreprises dont l’écosystème et la fiscalité sont favorables à leur développement.

Par conséquent, si François Hollande se contente de recentrer son gouvernement sur son cœur-business, s’il continue à annoncer les bienfaits d’une politique de compétitivité… mais s’il s’interdit de passer aux actes, ça ne changera strictement rien.

On peut laisser Macron aligner les concepts de liberté. Si on ne lui permet pas de les mettre en application, si on lui rogne les ailes en permanence, si François Hollande d’un côté le calme un peu pour ne pas effrayer la gauche de la gauche, alors qu' elle est déjà partie et si Manuel Valls continue de le bloquer pour l’empêcher de prendre de la place, alors qu' il pourrait capitaliser sur sa notoriété… ça ne changera rien à la situation économique.

Le pays a perdu confiance. Le pays est bloqué par la résistance de tous les corporatismes, il a besoin d’un choc de compétitivité mais aussi d’un choc politique qui mette la gouvernance en phase avec les discours pro-libéraux .

Ce qui n’est pas le cas, quand un ministre loue les bienfaits de la révolution digitale, l’innovation, la concurrence et le risque, ce gouvernement a toujours un autre ministre pour prendre la défense des rentes dont jouissent les taxis ou les subventions versées aux agriculteurs.

Personne n’imagine le président faire autre chose que de la politique pour espérer sa réélection en 2017. Mais le président n’est pas convaincu qu’il lui faut nécessairement des résultats économiques.

Ça n’est pas la nouvelle équipe gouvernementale qui lui apportera des résultats, c’est la politique qui sera conduite. Or pour l’instant cette politique ne ressort pas concrètement sur le terrain.

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