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Extremiste, populiste, "raisonnable" : les leçons de l’Iowa pour la France
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Le bon, la brute et le truand

Lundi 1er février les électeurs républicains de l'Iowa ont été appelés à s'exprimer dans le cadre des primaires de leur parti. L'ultraconservateur Ted Cruz est arrivé en tête avec 27% des voix, suivi de Donald Trump (24%) et de Marco Rubio (23%). Des résultats dont les leçons à tirer sont nombreuses pour la France.

Michel Guénaire

Michel Guénaire est avocat et écrivain. Il est l’auteur du Génie français (Grasset, 2006) et Après la mondialisation. Le retour à la nation (Les Presses de la Cité, 2022). Vous pouvez retrouver Michel Guénaire sur Twitter : @michelguenaire

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Atlantico : A quelques mois des primaires de la droite et du centre et alors que les Français – et particulièrement les classes moyennes – sont de plus en plus exaspérés par la politique "politicienne", quelles leçons peut-on tirer des primaires américaines pour la France ?

Michel Guénaire : Ce sont des primaires incroyablement ouvertes. Notez que Ted Cruz et Donal Trump sont des candidats "anti-système" qui sont arrivés en tête de ce premier vote, loin devant les candidats de l'establishment, dont Jeb Bush. Et que, dans le camp démocrate, Bernie Sanders, inconnu du grand public il y a six mois, fait jeu égal avec la très réputée Hillary Clinton. Les primaires américaines sont organisées par les partis mais ne sont phagocytées par eux. Elles offrent un vrai jeu démocratique. Les Républicains qui viennent de mettre en place en France leur propre système de primaires devront en tirer la leçon. Il ne sera pas possible, pour que les primaires de la droite et du centre réussissent, que celles-ci n'accueillent pas des personnalités nouvelles.

Le "fait" politique de cet premier "caucus" est-il plutôt à chercher du côté du parti démocrate ? Quelles sont les leçons particulières à tirer du très bon score de Bernie Sanders ? Que révèle ce score des motivations de l'électorat, en quoi ce résultat peut-il être transposable en France ?

Bernie Sanders montre que le vrai combat n’est peut-être plus celui contre l’Etat. Contre l’impôt, et contre les fonctionnaires. Mais celui dirigé contre l’inégalité, et ce combat ne concerne pas que les pauvres. Il est celui des classes moyennes. Il est encore celui de toutes celles et de tous ceux qui n’y arrivent pas ou qui n’y arrivent plus. C’est le combat contre l’inégalité des chances. En France, un tel combat aura sa pleine actualité en 2017. Nous aurons notre Hillary Clinton, et il nous faudra avoir notre Bernie Sanders.

Pour autant, contrairement à la chute des républicains modérés que les sondages et médias présageaient, Marco Rubio arrive en troisième position avec des résultats très proches de ceux de Donald Trump. Finalement, l'establishment se porte-t-il si mal  ?

Il n'a pas perdu, mais il n'est plus devant. Il a décroché. Et s'il gagne au final parce que les résistances sont nombreuses dans nos vieilles démocraties, il ne fera pas la course en tête. Un glissement des notoriétés est intervenu. Les électeurs ne se sont pas reconnus dans le discours des candidats de l’establishment. Dans la crise que traverse la grande nation américaine, ils ont exprimé une volonté de dépassement des élites qui conduisent celle-ci. C'est maintenant inscrit dans l'histoire qui commence de ces primaires.

D'un point de vue plus institutionnel, en quoi les partis français doivent il s'inspirer de l'organisation des primaires américaines ? En quoi l'émergence de personnalités "hors cadre" peut-elle être une force ?

Les primaires françaises doivent être ouvertes à un double titre ou à un double niveau : par le bas, en faisant voter les sympathisants à côté des militants ; par le haut, en invitant à se présenter des personnalités préparées de la société civile aux côtés des politiques. Il est une loi de la démocratie qui est que celle-ci ne se renouvelle que de l'extérieur, par un enrichissement extérieur, par l'ouverture au monde et à l'adversité. Si les primaires de la droite et du centre ne le font pas, elles ne créeront aucun dynamisme démocratique. Celui-là même qu'il faudra à celui qui sera président en 2017 pour tirer le pays vers un nouveau destin.

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