SOS Travail ! On a oublié que la production de richesses reposait sur lui, pas sur les réserves de changes (partie 2)<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
SOS Travail ! On a oublié que la production de richesses reposait sur lui, pas sur les réserves de changes (partie 2)
©

Chômage for ever ?

Les finalités de l’économie se sont inversées : la rémunération du travail, l'efficacité et la quantité de travail produit dans un pays ne sont plus le critère premier de valorisation des monnaies sur les marchés financiers.

Pierre  Sarton du Jonchay

Pierre Sarton du Jonchay

Pierre Sarton du Jonchay est consultant en économie de la décision et en organisation financière depuis novembre 2008.

Il est l'auteur de l'ouvrage, Capital, crédit et monnaie dans la mondialisation, économie de vérité, L'Harmattan, Paris. paru en février 2011.

Voir la bio »

Les politiques économiques se sont exprimées entre pays par une diffusion plus ou moins grande des monnaies nationales sur les marchés mondiaux. Les États-Unis ont renoncé à réguler leur marché du travail domestique par leur dollar internationalisé. L'Asie extrême orientale a fait un choix rigoureusement symétrique en évitant au maximum la circulation de ses monnaies hors des frontières.

Rétrospectivement, le Japon, puis les voisins d'économie non-communiste puis enfin la Chine ont réussi par le nationalisme monétaire à diriger leurs investissements publics dans la compétitivité du travail domestique. Les systèmes bancaires domestiques ont conservé dans les monnaies étrangères   la contrepartie des excédents commerciaux internationaux.

Au lieu de distribuer en salaires la contrevaleur en monnaie nationale des réserves de change déposées à l'étranger, les entreprises ont investi leurs liquidités libellées en monnaie locale dans leurs capacités de production. Le maintien d'un taux de change bas en dollar assurait la rentabilité des investissements par le faible prix du travail domestique.

Pour être sûre d'appliquer la même politique de change à tout le pays, la Chine interdit la libre convertibilité du yuan en monnaie étrangère. Le prix des dépôts en yuan face aux réserves de change en dollar est décidée par le gouvernement. Les succès de l'Asie dans le contrôle économique national par le change ont finalement déstabilisé le système par l'explosion de la dette mondiale.

Dans l'organisation financière actuelle du monde, la variation des changes se détermine par les flux d'épargne et de crédit provoqués par les intermédiaires financiers. Or les flux financiers internationaux rémunèrent prioritairement les investisseurs et intermédiaires financiers publics et privés. En minorant la rémunération du travail, ils masquent les besoins réels de consommation et d'investissement dans l'élévation du niveau de vie.

Les intermédiaires financiers internationaux ont un intérêt à accorder du crédit pour produire une plus-value à court-terme mais pas pour garantir le remboursement sur le long terme des crédits. La rémunération du travail, l'efficacité et la quantité de travail produit dans un pays n'est pas le critère premier de valorisation des monnaies sur les marchés financiers.

Le taux de change d'une monnaie peut monter par le seul fait qu'un pays attire des dépôts internationaux fuyant un autre pays jugé trop fragile. Le prix du travail devient alors non compétitif indépendamment de la compétence des salariés et de leur besoin à travailler. Ainsi la dévaluation de la livre sterling par rapport à l'euro a-t-elle dissuadé les Britanniques d'acheter du tourisme à la Grèce.

Inversement, un pays où toutes les compétences disponibles sont employées peut empêcher la réévaluation de son change en prêtant à l'étranger ses avoirs accumulés en monnaie étrangère. En achetant de la dette européenne, la Chine maintient son excédent commercial sur l'Union. La rémunération du travail chinois en importations de biens et services étrangers n'augmente pas. Les investisseurs et intermédiaires financiers accumulent des plus-values non dépensées en consommation.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !