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Plan d’urgence pour l’emploi recherche ministre de l’Economie désespérément : Hollande ou Valls, qui veut la peau d’Emmanuel Macron ?
©Reuters / Charles Platiau

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Symbole du tournant "social-libéral" emprunté par François Hollande, le ministre de l'Economie songerait à claquer la porte du gouvernement, selon le Journal du dimanche. Si Emmanuel Macron est l'un des ministres les plus populaires, il dérange aussi par certains côtés...

Bruno Dive

Bruno Dive

Bruno Dive est journaliste politique et éditorialiste à Sud Ouest, spécialiste de la droite française et auteur de plusieurs livres politiques dont "La métamorphose de Nicolas Sarkozy" (Jacob-Duvernet) en 2012 et "Au coeur du pouvoir : l'exécutif face aux attentats" (Plon) en 2016. Il a également écrit Alain Juppé, l'homme qui revient de loin (l'Archipel).

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Atlantico : Certaines rumeurs laissent entendre qu'Emmanuel Macron pourrait être remplacé au ministère de l'Economie, ou partir de lui-même. Ce dernier n'accepterait pas de voir son projet de loi "Noé" (ou Macron II) intégré au plan d'urgence pour l'emploi. D'après vous, qui du Président de la République ou du Premier ministre aurait intérêt à voir Emmanuel Macron quitter le Gouvernement ? Qu'ont-ils chacun à y perdre, et à y gagner ?

Bruno Dive : Ni l'un ni l'autre n'a tout à fait intérêt à évincer Emmanuel Macron : c'est tout de même un atout incontestable dans le gouvernement, un des hommes les plus populaires dans l'équipe du Premier ministre même s'il est honni par une certaine partie de la gauche. 

En revanche, ce que Manuel Valls essaye effectivement de faire, c'est bien de le tenir en lisière, d'où le report sine die de la loi Macron II et d'en intégrer une partie dans la loi el Khomri, et de laisser la ministre du Travail la porter. Il ne faut pas oublier que lors du dernier remaniement, Emmanuel Macron avait souhaité agrandir son ministère en intégrant le Travail à son portefeuille. Il y a un an déjà, Manuel Valls décidait de recourir à l'article 49-3 sur la loi Macron I, en mettant en avant une incertitude sur le vote du Parlement -même si elle avait des chances de passer-, mais c'était plutôt pour ne pas donner un triomphe trop facile à son ministre de l'Economie...

Depuis le début, et bien qu'ils soient en phase sur la nature des réformes économique à mener, le Premier ministre se méfie d'Emmanuel Macron car il incarne un sérieux rival, évoluant sur le même créneau que lui. 

Quant à François Hollande, il a toujours eu un regard très protecteur et indulgent à l'égard de son ancien conseiller. Pour autant, le nommer à ce ministère répondait aussi à un autre intérêt : le mettre dans les pattes de Manuel Valls, et cela a réussi au-delà de toutes les espérances. François Hollande n'a donc pas intérêt à évincer Emmanuel Macron de son gouvernement. Même si, comme Manuel Valls, il a besoin de le tenir en lisière, et c'est ce qu'ils font l'un comme l'autre.

Maintenant, à voir si Emmanuel Macron acceptera d'être bridé et marginalisé au sein du gouvernement comme aujourd'hui...

Plusieurs voix à gauche s'élèvent pour demander que soit organisées des élections primaires pour désigner un candidat en 2017. Dans quelle perspective -et à quelle échéance- la rivalité entre Emmanuel Macron et Manuel Valls s'établit-elle ?

Emmanuel Macron peut être un rival pour Manuel Valls en 2022. Tant que François Hollande sera le candidat naturel du Parti socialiste, on ne voit pas Emmanuel Macron le menacer, même dans le cas où seraient organisées des élections primaires. N'oublions pas qu'il n'est pas affilié au Parti socialiste, et même s'il entretient ses réseaux, je pense que lui-même est réaliste sur ses chances de remporter les élections l'an prochain. 

Il est cependant vrai de dire que c'est un homme pressé. Il n'est pas, comme beaucoup d'autres, dans l'idée d'accéder à la magistrature suprême dans 30 ou 40 ans. C'est plutôt le genre à voir les opportunités à court terme, à se dire que c'est maintenant ou jamais. Et avoir la faveur de l'opinion n'est pas toujours suffisant. Emmanuel Macron le sait aussi.

Manuel Valls, lui, fait peut-être le pari qu'à force d'être marginalisé, comme actuellement avec l'intégration de sa loi dans le plan d'urgence économique porté par la ministre du Travail, Emmanuel Macron finira par partir... Mais le jeune ministre de l'Economie sait aussi que ce serait un pari risqué, sans ancrage politique et alors qu'il n'est pas élu.

Bruno Dives est l'auteur de Au coeur du pouvoir - L'exécutif face aux attentats paru le 7 janvier aux éditions Plon

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