Terrorisme en Afrique : l'armée française à la peine pour faire face à la nouvelle menace<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Terrorisme en Afrique : l'armée française à la peine pour faire face à la nouvelle menace
©Reuters

Nouveaux modes opératoires

L’attaque terroriste au Burkina Faso survenue vendredi soir a fait 29 morts et une trentaine de blessés terroristes et a été revendiquée par Al-Mourabitoune et Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). L’armée française sur place n’a pas pu empêcher ce nouvel attentat.

Jean-Marc  Tanguy

Jean-Marc Tanguy

Jean-Marc Tanguy est grand reporter pour Raid Aviation et suit l'actualité militaire depuis 1996. Il est l'auteur de dix livres sur les forces et les opérations militaires françaises dont le dernier "Commandos du ciel" est paru en janvier 2016 et anime au quotidien son blog d'informations sur la défense, Le Mamouth.

Voir la bio »

Atlantico : L'armée française est-elle adaptée pour faire face à la nouvelle menace terroriste en Afrique? 

Jean-Marc Tanguy : L’opération Barkhane menée au Sahel par l’armée française ne peut pas empêcher tous les actes terroristes. Comme c’est aussi le cas  pour l’opération Vigipirate / Sentinelle sur le sol français. C’est une évidence. Personne n’est assez naïf pour croire que 3 500 militaires, même très motivés, mais hélas peu équipés, vont, à eux seuls, régler les problèmes d'un territoire grand comme l’Europe. Ce sont aux premiers acteurs -les Africains- d'améliorer la collecte et la remontée de renseignement, et d'aller au carton. Mais le fait qu’il y a un pré-positionnement des différentes composantes de l’opération Barkhane dans cette zone permet de réagir très rapidement. Comme pour l’attaque terroriste à Bamako au Mali survenue le 20 novembre 2015 où une poignée d’hommes s’étaient introduits dans l’hôtel Radisson Blu et tuaient une vingtaine de personnes, ce sont les forces spéciales françaises qui sont intervenues lors de ce nouvel attentat à Ouagadougou survenu ce week end. La gestion de cette attaque montre bien l’expertise des forces françaises dans la lutte anti-terrorisme et pour la libération d’otages. Pour ce qu'on en sait sur ces deux évènements, les otages qui sont morts ont été tués avant que l’armée française intervienne. L'action des forces spéciales a obtenu une efficacité que n’aurait pas pu atteindre les forces spéciales locales. Pour autant qu’elles existent.

Comment anticiper des ennemis imprévisibles qui frappent toujours là où on les attend pas ?

La prévention est bien entendu cruciale. Mais le problème, c’est qu’aujourd’hui on a largement dépassé le stade de la prévention puisque depuis des années dans cette zone-là, on est passé du stade latent du terrorisme à une zone très active. Lorsque j’étais au forum international pour la paix et la sécurité en Afrique qui s’est déroulé en novembre dernier à Dakar, j’étais surpris d’entendre les Africains parler de la menace terroriste alors qu’un an auparavant, le sujet n’avait pas été abordé au même forum. Boko Haram avait été évoqué comme une menace terroriste encore lointaine. Un an plus tard, les Africains ressentent la menace terroriste comme les Parisiens dans les rues de Paris. Le nombre d’actes terroristes a augmenté et les attaques touchent les grandes capitales de la région et se passent dans les rues. Alors qu’avant les attaques étaient plus évanescentes avec des explosions près des ambassades comme en 2009 avec l’attentat suicide devant l’ambassade française en Mauritanie. Les attaques étaient limitées. L'Afrique connaît une dynamique complètement nouvelle avec depuis 5 ans, des ressortissants français qui sont enlevés dans les rues comme au Niger en janvier 2011, des grandes capitales, ciblées dans un espace-temps très réduit et des projets terroristes qui ont été déjoués à temps, comme plusieurs fois à Niamey, où opèrent environ 300 militaires français. 

Mais peut-elle se dégager pour autant et reporter l’effort sur le Levant? 

C’est une vraie question parce qu’aujourd’hui la France n'a pas la capacité de lutter efficacement contre le terrorisme en raison du manque de moyens. Avant les attentats du mois de novembre, il était question d’envoyer encore plus de militaires à Barkhane, qui avait déjà obtenu un renfort de 500 militaires ces derniers mois. Et la situation interne à la Libye, au nord, n'incite pas à dégarnir cette zone. L’armée française, qui doit aussi gérer plusieurs fronts à la fois, a atteint presque la limite de qu’elle peut faire. Et les Africains s’en rendent compte. Il y a cette prise de conscience que c’est par un travail collectif qu’ils gagneront en efficacité. C’est cette coopération qui a d’ailleurs motivée la création du G5 Sahel qui a été lancé à l’initiative de la France et  qui regroupe différents pays qui avaient pris l’habitude de se regarder en chien de faïence. Le groupe met en oeuvre des opérations concertées avec des opérations bilatérales ou trilatérales dans lesquelles la France est régulièrement en retrait. Le problème c’est qu’il n’y a pas cette culture de coopération en Afrique. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !