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Et maintenant le porno en réalité virtuelle : des produits "effrayants" de réalisme
©Mashable ; capture d'écran

Le Meilleur des mondes

Les nouvelles expériences de porno en 3D, qui rendent les acteurs plus humains et plus proches de ceux qui visionnent ces vidéos, risquent de ne pas arranger l'addiction qui existe déjà à travers le monde.

Jérémy Collado

Jérémy Collado

Jérémy Collado est journaliste.

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Il fallait s'y attendre : la réalité virtuelle a donné au porno un nouvel espace de créativité pour développer ses programmes. Un journaliste de Mashable a ainsi raconté son expérience, au salon d'électronique CES de Las Vegas, après qu'il ait enfilé ses lunettes Samsung Gear VR pour visionner une vidéo de la société Naughty America: "J'ai été transporté dans une chambre à coucher. Allongée devant moi, une jeune star du porno me parlait vulgairement pour me séduire." Sur la vidéo, on voit le journaliste être surpris par la présence de cette jeune femme qui commence à le caresser. Puis il bouge les bras dans tous les sens et éclate de rire alors que la vidéo lui a promis d'expérimenter son premier "plan à trois".

"J'ai baissé les yeux et j'ai vu un corps musclé d'un type. Un type qui n'était pas moi, ai-je pensé d'abord. J'étais troublé. À qui était ce corps alors ? Puis je me suis rendu compte j'étais devenu ce type. La star du porno a amené une autre amie, elles étaient toutes les deux nues, et cette fille a commencé à faire une fellation au type. Enfin, à moi, puisqu'on était maintenant dans un plan à trois vraiment très chaud." Il ajoute : "Les choses sont devenues très bizarres, c'est vraiment la seule chose que je peux dire." C'était pour lui une expérience très immersive, comme s'il était dans l'action, alors qu'il ne l'était pas vraiment, évidemment. "Après une telle expérience, je pense que personne ne pourra retourner dans le porno en deux dimensions. C'est tellement réaliste !", souligne-t-il.

Une journaliste de GQ relatait à peu près la même expérience en octobre 2015, malgré des réticences de départ: "J'ai beau être tech-enthousiaste, le porno en réalité virtuelle me laissait sceptique : “encore une innovation dont on va beaucoup parler, comme les montres connectées ou les google glasses, et que personne ne va acheter“. J'ai retourné ma veste en trente secondes. (…) J'ai trouvé que l'expérience était confortable, avec un super niveau de détail." Si le fond ne change pas (toujours les mêmes scénarios, les mêmes musiques et les mêmes acteurs), la forme était une véritable réussite, disait-elle. "Je suis soulagée d'avoir vu des vidéos gentilles, parce que les trois dimensions rendent les protagonistes plus humains", poursuivait-elle. "Sur un écran classique, on a appris que “c'est du cinéma“. Et c'est toujours du cinéma. Mais la connexion avec les acteurs est bien plus intime, et leurs émotions sont difficiles à ignorer."

"Tout le monde attendait ça dans l'industrie des films pour adultes et maintenant c'est là. Voir c'est y croire", soulignait avec malice la vice-présidente de Naughty America, Lauren S, dans 20 minutes. Voilà une invention qui ne risque pas de faire baisser l'addiction au porno, avec les effets indésirables sur le désir et la libido qu'ils peuvent avoir. Comme l'expliquait un rapport de la Société italienne d'andrologie et de médecine de la sexualité, en 2011, "le porno sur internet tue la sexualité des jeunes hommes." La sur-abondance d'images porno, facilement disponibles en streaming vidéo, provoque en effet une réaction psychologique et naturelle de "goinfrage" qui entraîne un cycle addictif. Or pour maintenir ce cycle, il faut toujours plus, ou toujours plus d'images nouvelles ; ce qui entraîne nécessairement une désensibilisation. Selon le docteur Carlo Foresta, ce phénomène en plusieurs étapes de désensibilisation mène à une baisse de la libido et, dans les cas les plus extrêmes, à l'impuissance. Pas sûr que l'expérience immersive soit donc une bonne nouvelle.

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