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CES 2016 : la parade sans mémoire des politiques et institutionnels
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

D'Emmanuel Macron à Pierre Gattaz, de nombreux politiques et institutionnels ont défilé au CES à Las Vegas. Mais les entrepreneurs français ont été oubliés...

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Une année qui démarre et fête sa dignité en se jetant, toute start-up dehors, dans un bain de start-up. Electronique et connecté. Comme tous les ans, Las Vegas devient la capitale européenne ! Le ghotta parisien parade dans les allées interminables du CES, en jurant que l’innovation est toute sa vie et que la France est le paradis caché de la réussite mondiale. Emmanuel Macron y teste sa nouvelle barbe, non connectée. Pierre Gattaz, passionné véritable, y vient pour la 3ème année. Nos institutionnels y sont maintenant abonnés.

Cette histoire qui paraît remonter à la nuit des temps, remonte à la colère des pigeons. En 2012, après que nous ayons lutté contre la bêtise gouvernementale, qui par ignorance du fonctionnement d’une start-up, voulait passer, en toute simplicité, l’impôt sur les plus-values à près de 62%, nous avons participé, aux Assises de l’Entrepreneuriat. L’objectif était d’écouter, enfin, les entrepreneurs, sans intermédiaires, et de leur demander quelles mesures ils aimeraient voir appliquer dans ce pays pour favoriser leur réussite et celle du pays. Lors de la première réunion de lancement à Bercy, je m’étais permis un coup de gueule, devant cette petite réunion entre amis, au milieu de 7 ministres, autant de conseillers, tous les institutionnels de la place et nombre d’experts peu identifiables.

Le coup de gueule était destiné à réveiller les consciences, et leur demander ce qui pouvait justifier que dans le plus grand salon du monde, sur le digital et l’électronique, la représentation française était plus réduite que celle de l’Afghanistan. De comprendre pourquoi même un simple stagiaire de l’ex UbiFrance n’était présent, pas un homme des CCI dites internationales, pas un technocrate ne serait-ce que d’un sous secrétariat d’état. Pourquoi la 5ème puissance mondiale (à l’époque) était la grande absente du CES de Las Vegas.

Fleur Pellerin le comprit parfaitement. Elle comprit l’enjeu, l’image, l’effet d’entraînement que pouvait avoir une participation massive de la France à cette vitrine exceptionnelle. Vitrine pour les médias, surtout les américains, qui se pressent en nombre au CES et peuvent en un passage sur CNN de transformer votre obscure invention en succès de l’année.

En janvier 2014, nous étions enfin une délégation "normale", près de 200 personnes, encore un peu plus d’institutionnels que de start-up, mais un très bon début. La Secrétaire d’Etat américaine, bluffée de l’évolution de la présence des "frenchies" me demanda en plaisantant si nous avions embauché des figurants !

En janvier 2015, nous devenions officiellement la principale délégation après les Américains. Un exploit en 2 années. Exploit confirmé cette année avec à leur tête, un beau binôme, Gattaz et Macron. La fête était parfaite sauf pour un petit nombre. Un tout petit nombre insignifiant, qui démontre si bien à quel point le politique méprise l’entrepreneur, sauf devant les caméras du CES. Le politique hérite de ce que nous faisons et enterre ses sources, au plus profond, afin de s’en attribuer les mérites.

A ce jeu, nous étions jusqu’alors, des amateurs. Cela va changer. Fortement. Durablement. Les sources n’auront plus besoin de coudrier pour être détectées, elles vont se manifester toute seule. Mais en attendant, le petit nombre insignifiant que nous sommes a été l’oublié total du CES. Pas un ministre, pas un institutionnel pour proposer à ceux qui ont permis cette événement, qui les met en bonne place pour parader et bomber le torse numérique devant les caméras, de venir au CES avec eux. Aucun d’entre nous n’y a été convié, invité, ni même contacté. C’est lamentable, mais c’est la politique.

Un monde qui aime, faute de vision et d’idée, jouer le coucou en chef, cet oiseau qui fait son nid dans celui des autres. A défaut de savoir fabriquer le sien. D’ailleurs le politique a oublié les Assises tout court, le président de la République promettant la reprise des Assises, lors des vœux de 2015, et passant le reste de l’année, à oublier sa promesse. Une de plus. Apparemment l’entrepreneur est autant l’ennemi que la finance. Il en aurait pourtant bien besoin afin de renverser quelques courbes rétives…

Mais pour nous, les entrepreneurs, la vexation et l’énervement laisse place au bonheur. Au bonheur de voir ces entrepreneurs supportés, encadrés, soutenus, aimés. Portés en triomphe dans la presse et chéris par nos journalistes techno. Même Radio Nova a parlé positivement de ce temple du capitalisme. C’est dire !

Les Américains réalisent la puissance de l’innovation française et la loue. Loin de Paris on arrête le "french bashing", on est fier de notre provenance, de notre drapeau, de notre différence, de notre potentiel succès, dans ce pays qui ne connaît aucune limite. Et de savoir, depuis Paris, qu’ils en sont les bénéficiaires est exactement la raison pour laquelle nous avons poussé à cette délégation. Nous sommes dans l’ombre, mais à travers eux, en pleine lumière.  Ceux qui se montrent n’ont rien fait, mais ils mettent en avant ceux que nous défendons chaque jour. C’est là toute la différence avec les politiques. Nous le faisons pour eux. Pour notre pays. Pas pour nous. Vive le CES et Vive la France et sa French Tech.

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