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Jérôme Chartier : "La force de François Fillon est d'expliquer comment il sera en mesure de faire ce qu'il propose"
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Cap sur les primaires

Le député du Val-d'Oise, Jérôme Chartier a quitté lundi son poste de maire de Domont pour s'attacher à sa nouvelle fonction de premier vice-président du conseil régional d'Ile-de-France. Fidèle filloniste, il défend avec convictions le projet du candidat aux primaires des Républicains.

Jérôme Chartier

Jérôme Chartier

Jérôme Chartier est un homme politique français, actuel maire de Domont et député de la 7ème circonscription du Val d'Oise.

Il est notamment l'auteur d'un rapport sur la convergence fiscale franco-allemande. 

 

 

 

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Atlantico : Dans son interview accordée au Point, François Fillon, que vous soutenez dans le cadre des primaires des Républicains, dit : "Je reste le seul à offrir une vraie rupture avec un projet complet de transformation de mon pays autour d'un concept puissant qui est la liberté. Les Français auront le choix. Alain Juppé propose une stratégie de rassemblement sans rupture." Alain Juppé parle de réforme, François Fillon parle de rupture : quelle est la différence ?

Jérôme Chartier : La différence majeure entre François Fillon et tous les autres candidats à la primaire est incontestablement sa détermination à transformer profondément la France. Depuis 30 ans, toutes les majorités ont esquivé les réformes vraiment nécessaires et ont entrainé à des degrés divers la France sur la pente du déclin. François Fillon a souvent su poser avant les autres le juste diagnostic et a tiré depuis 3 ans les enseignements des insuffisances et des erreurs passées pour construire au contact des Français un projet inédit de transformation complet de la France autour de l’idée de liberté. Évolutionnaire par ses solutions, évolutionnaire par la méthode, évolutionnaire par le concept de liberté, la démarche de François Fillon l'est aussi par sa détermination avec un mot qui la symbolise : FAIRE. Si je devais d'ailleurs caractériser François Fillon aujourd’hui à travers trois substantifs, je dirais : lucidité, liberté, volonté, celle de "faire" bien entendu. Enfin, l'incontestable succès du livre de François - 100 000 tirages déjà dépassés - comme sa position de deuxième personnalité préférée des sympathisants de la droite et du centre confirmée par toutes les enquêtes d'opinion montrent qu'il est plus que jamais dans la course et dispose en plus de l'avantage de la position du challenger.    

Qu'est-ce qui fait penser à Fillon que la France et les Français ont besoin de rupture plus que de la vision de Juppé, proche de celle de Chirac qui pensait qu'il ne fallait pas brusquer la France ? Les tensions sont-elles si fortes qu'il est nécessaire pour le Français d'aller à la rupture ?

Le terme de rupture parle effectivement aux Français puisqu'il a été régulièrement utilisé dans le vocabulaire politique et démontre l'envie d'un changement profond qui est nécessaire si on a de l'ambition pour la France. Mais je ne veux pas m'enfermer avec ce mot. Avec Valérie Pécresse qui vient d'emporter la Région Ile-de-France, nous avons parlé d'un projet fait de "solutions radicales" parce que nous avions perçu l'attente forte pour du "vrai" et du "concret". C'est ce projet construit pour aboutir à des solutions travaillées et immédiatement opérationnelles qui a porté sa victoire, associé bien sur à la personnalité de Valérie faite d'une capacité de travail hors-norme, d'intelligence et d'empathie. Le projet a été omniprésent pendant toute la campagne et les premières décisions que Valérie Pécresse a prises comme présidente y font directement référence. C'est la crédibilité du politique qui est de retour avec cette façon de faire qui respecte les français - en l'occurence les franciliens. Dans ce que François Fillon propose aux français depuis trois ans, je ressens cette construction de propositions qui allie le travail, l'originalité et si je puis dire "l'opérationnalité" et vous me pardonnerez ce néologisme que je risque néanmoins de beaucoup prononcer cette année. Les Français ne se contentent plus de promesses. Ils veulent des solutions originales dont ils ressentent qu'elles seront réellement, vraiment mises en oeuvre. En cela, il s'agit bien d'une rupture complète avec le passé. Et pour satisfaire cette attente nouvelle, François Fillon présente des propositions travaillées de façon différente et qui intègrent la dimension du "comment". Autrement dit, la façon dont il procédera pour faire lorsqu'il sera aux responsabilités, est désormais omniprésente dans son argumentation. 

Le candidat Nicolas Sarkozy aussi a joué la carte de la rupture en 2007. Or une fois au pouvoir, il a dû composer avec les différents courants de l'UMP et mettre un peu d'eau dans son vin. Pourquoi peut-on croire que François Fillon, ira jusqu'au bout de sa "rupture" ? En quoi fera-t-il mieux que Nicolas Sarkozy dont il a été Premier ministre pendant 5 ans?

François Fillon dit souvent que votre question est la première que les français lui posent à chaque réunion publique. J'ai entendu dire que cette question était aussi posée aux autres candidats ce qui montre à quel point l'attente des Français est forte dans la capacité du futur président à "faire". Soyons clairs : tous les candidats de la Primaire ont tous essayé et ont tous échoué dans leurs responsabilités et pour des raisons diverses. Je crois qu'ils en sont tous conscients à des degrés divers et je met globalement ce mea culpa à leur crédit car je crois que l'on tire les meilleures leçons de ses échecs dès lors qu'on décide de les assumer. Et par ailleurs, je fais partie de l'école qui consiste à dire que pour réussir il faut d'abord avoir connu l'échec. La différence est que François Fillon établit lui un réquisitoire sans concession sur son action pas seulement entre 2007 et 2012 mais depuis 25 ans. Il dit ce qu'il a fait et chacun peut noter les réformes qu'il a conduites et réussies. Il dit également ce qu'il n'a pas pu faire aboutir et il explique pourquoi. Et surtout il démontre comment il sera cette fois en mesure de faire ce qu'il propose. Voilà ce qui constitue à mes yeux sa force et aussi son avantage.

Toujours dans l'interview au Point, François Fillon énonce : « Pour défendre les valeurs, l'Histoire et les traditions auxquelles je suis attaché, (...) la solution passe par une Europe puissante, entraînée par une France forte. » Comment faire en sorte que les Français recroient en l'Europe ? Comment faire en sorte que l'Europe fasse de nouveau rêver ? Une Europe forte n'est-elle pas synonyme d'une France affaiblie ?

C'est d'abord le refus de la guerre - qui a gangréné l'histoire du continent depuis des siècles - qui a motivé les dirigeants politiques à poser voici soixante ans les jalons d'une Europe de croissance et de prospérité comme la solution face aux conflits. Mais cette bonne raison a progressivement été oubliée. Ainsi, au début des années 2000, nous avons regardé les nouveaux pays entrants comme des nations qui allaient nous coûter cher et qui n'avaient rien à nous offrir. Et elles nous regardaient de leur côté comme un Eldorado que nous n'étions déjà plus. Avant cela, au milieu des années 90, la mise en place de Schengen et de l'Euro furent les révélateurs d'une Europe technocratique et plus guère politique. Bref, nous nous sommes laisser enfermer dans une pensée utilitariste à court terme et avons laissé se déliter une grande idée portée par de grands dirigeants. Où sont les De Gaulle et les Adenauer d'aujourd'hui lorsque le plus sûr moyen de se faire applaudir lors d'une réunion publique est de pester contre l'Europe ? J'aime croire que François Fillon peut être l'héritier d'une nouvelle conviction européenne faite d'une France forte dans une Europe forte. Derrière les mots, il y aura des actes mais je sais qu'Il aura à coeur, si il est choisi par les Français à la primaire puis au mois de mai 2017, de reprendre l'initiative de la construction européenne en commençant par rétablir le pacte politique entre les nations pour redéfinir une Europe qui décide de faire face, unie, aux agressions économiques comme terroristes dont elle fait et fera l'objet et qui saura s'en donner les moyens.

Plus globalement, avec le recul, comment jugez-vous, ou analysez-vous, la "guerre" Fillon/Copé qui a marqué le début de l'entrée des LR (UMP à l'époque) dans l'opposition ?

Vous utilisez le terme de "guerre" et vous avez raison car c'en était bien une, surtout durant le mois de novembre 2012 qui a suivi l'annonce du "résultat". Mais tout cela est aujourd'hui derrière nous. Tout a été soldé et j'ai même repris une conversation avec Jean-François Copé, certes sans rien oublier mais en décidant de pardonner les erreurs du passé. A ressasser, on n'avance jamais. Je pense que l'opposition a tiré les leçons de cette période, en veillant notamment à organiser des primaires ouvertes et contrôlées pour choisir le candidat qui représentera les valeurs de la droite et du centre pour l'élection présidentielle. Toutes les conditions sont réunies aujourd'hui pour faire de cette primaire une fête de la démocratie avec une participation massive de plusieurs millions de français qui choisiront leur candidat. Si ce n'est pas le cas, si la primaire échoue pour des questions d'organisation ou de volume de participation, la fête se transformera en défaite pour la droite qui ne s'en relèvera pas. 

Le débat sur la déchéance de nationalité clive autant à gauche qu'à droite. Les juristes semblent considérer qu'au mieux cela va engendrer une situation confuse, les experts que ce ne sera pas efficace contre le terrorisme, on discerne le piège politique tendu à la droite qui ne peut pas ne pas voter une mesure qu'elle a réclamée. Comment sortir du piège tendu par le président ? Voterez-vous pour ou contre ?

Cette question comme celle fameuse de la sois-disante quête d'identité des français dont on a voulu nous faire croire qu'elle serait "le" sujet de la présidentielle, montrent à quel point la croissance manque au peuple français. Je le dis sans ambages : à 3% de croissance et avec la création nette d'emplois qui y est attachée, que restera-t-il de ces interrogations ? Il n'en restera rien. 

Le Président Hollande a le chic pour mettre sur la table des sujets totalement périphériques face aux vraies priorités qui sont la lutte contre le chômage et l'embauche des jeunes. 

J'observe d'ailleurs que le plus prudent de tous a encore une fois été François Fillon qui a refusé de participer à ce débat stérile.

Vous avez laissé votre place de maire de Domont que vous occupiez depuis 1995 à Frédéric Bourdin, votre troisième adjoint, mais vous occupez encore le poste de premier adjoint de la mairie auquel s'ajoute votre poste de premier adjoint à la région et député. La loi sur le non cumul des mandats vous oblige à quitter l'une de vos 3 fonctions. Laquelle abandonnerez-vous et d'ici quel délai ?

Je suis désormais le 1er vice-président de la Région Ile-de-France, responsabilité qu'a voulu me confier Valérie Pécresse, qui m'honore et qui m'oblige. J'ai d'ores et déjà commencé à travailler d'arrache-pied à ses côtés pour faire réussir le changement et renouer avec l'augmentation de l'apprentissage et de la création massive d'emplois puisque c'est la mission que Valérie m'a particulièrement délégué et qui fait ma fierté et mon engagement total. J'ai accompli 21 années de mandat à Domont et j'ai appris le métier de maire comme celui de se mettre au service des Français. Cette expérience a été centrale tant dans ma construction personnelle que dans celle de mes responsabilités. Dans quelques semaines, à l'issue de la période des recours, je ne serai plus élu à Domont ce qui ne m'empêchera pas de continuer à y habiter. Une page néanmoins se tourne mais j'ai confiance dans l'équipe que j'ai formée pour qu'elle donne le meilleur d'elle-même pour la ville qui m'a vu grandir.

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