Pourquoi faudrait-il ignorer une demande sociale sur la délinquance des étrangers ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Claude Guéant a annoncé son intention de prendre des "mesures spécifiques" contre "la délinquance étrangère".
Claude Guéant a annoncé son intention de prendre des "mesures spécifiques" contre "la délinquance étrangère".
©

Polémique Guéant

Traiter différemment, en envisageant leur expulsion, les délinquants étrangers. C'est ce que propose Claude Guéant qui estime que "la délinquance étrangère est supérieure à la moyenne". Une proposition qui crée la polémique mais que défend vigoureusement l'UMP et ancien syndicaliste policier Bruno Beschizza...

Bruno Beschizza

Bruno Beschizza

Bruno Beschizza est conseiller régional d'Île-de-France, élu en mars 2010 en Seine-Saint-Denis et Secrétaire National de l'UMP à l'emploi des forces de sécurité.

Avant 2010, il était commandant fonctionnel de Police, secrétaire général du syndicat Synergie-Officiers.

Voir la bio »

Atlantico : Claude Guéant a annoncé son intention de prendre des "mesures spécifiques" contre "la délinquance étrangère". Il précise que cette population est plus encline à commettre crimes et délits. Est-ce vraiment le cas ?

Bruno Beschizza : Ce n’est pas une question d’être étranger ou non. Des chiffres sont disponibles. Il y a trois mois, la préfecture communiquait par exemple une information qui expliquait qu’un déféré sur dix à Paris était de nationalité roumaine. Il ne s’agit pas de viser une communauté ou une ethnie particulière mais un statut précis, celui de la non nationalité. Il y a toujours une confusion : prendre l’ethnie en considération, c’est interdit. Par contre, une nationalité est une caractéristique parfaitement officielle relevant de l’état civil.

Etre étranger ne fait évidemment pas de vous un délinquant. Par contre, factuellement aujourd’hui, des délinquants sont de nationalité étrangère. Le signal fort serait de dire : puisque vous ne respectez pas le pacte social du pays qui vous accueille, alors le juge peut prononcer une interdiction de séjour.

Ces délinquances quotidiennes sont insupportables pour nos concitoyens. Il faut donc se poser la question, au-delà du traitement de l’acte en lui-même, de celui de l’auteur.

Les étrangers sont déjà jugés lorsqu’ils commentent des infractions. Pourquoi et comment changer la loi ?

Il est condamné comme n’importe quel délinquant. Il effectue sa peine en France. A la fin, il est tout simplement libéré sur le territoire national. Il devrait effectuer sa peine sur notre territoire, pour l’infraction commise, puis, si le juge en décide ainsi, retourner dans le pays par ses propres moyens ou être reconduit à la frontière.

Cette mesure fait sens car elle ne vise pas un individu qui est là depuis longtemps et commet une erreur, elle vise celui qui vient d’arriver et ne respecte pas les lois. Ce n’est donc pas un rétablissement de la double peine. C’est une insistance sur le fait que quelqu’un qui fait le choix de ne pas respecter son pays d’accueil puisse être traité en conséquence.

Il y aura de fait, en fonction des traités internationaux, des différences entre les étrangers. Un ressortissant de l’Union européenne, de l’espace Schengen ou d’un autre pays n’est pas soumis aux mêmes textes.

Cette réalité vient-elle d’apparaître ? Pourquoi évoquer ces questions maintenant précisément, entre la discrétion médiatique de Noël et l’ambition électorale de 2012 ?

Le phénomène n’est pas nouveau. Mais il faut que les esprits soient prêts. C’est pareil pour la récidive. Il a fallu travailler sur le sujet longtemps avant d’envisager des choses comme la peine plancher. Je pense qu’aujourd’hui, nos compatriotes sont suffisamment lucides sur les maux que traverse notre société pour que nous puissions avoir ce débat.

Claude Guéant n’a pas fait ça pour faire du buzz dans la bulle politique parisienne. Certes, cette mesure est annoncée deux jours avant les fêtes, mais cela permettra peut-être aux familles réunies d’en parler à table. C’est un moyen de s’adresser à tous les Français et pas simplement à la bulle politique parisienne. Ce sera un sujet de discussion.

Aujourd’hui, le travail de Claude Guéant est très clair. Il n’est pas là pour défendre sa propre image mais il agit dans le but de faire réélire Nicolas Sarkozy, sans enjeu personnel derrière. Il fait tout ce qu’il doit faire en tant que ministre de l’Intérieur pour bien montrer à nos compatriotes ce que fait le Président de la République aujourd’hui. Répondre à une demande sociale, ce n’est pas de l’électoralisme.

Que pensent les autres pays de ce sujet. Les Américains par exemple, ont-ils le même regard sur cette distinction ?

Les Américains ou ceux qui veulent le devenir entretiennent un lien sacré avec les symboles de la nation, avec la communauté. Ils n’ont aucune forme de crispation face à cette approche. Nous avons pendant longtemps eu honte de ces éléments. Nous avons honte du drapeau, de l’hymne, de la célébration de nos morts en Afghanistan. Mais je ne vois pas pourquoi certains citoyens, qui aiment leur pays, ne pourraient pas avoir la même approche, ici en France.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !