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CES 2016 : La startup française C..TexDev aide les personnes souffrant de troubles du langage à communiquer
©Atlantico

CES 2016

Le Consumer Electronic Show 2016 (CES), le plus grand salon au monde dédié à l'innovation high-tech, a ouvert ses portes le 6 janvier à Las Vegas. La e-santé y prend de l'importance chaque année, et de nombreuses sociétés consacrées à l'assistance aux personnes en difficulté sont désormais invitées. C..TexDev profite de cette nouvelle tendance pour être sur place et pour présenter son application destinée à aider les personnes souffrant de troubles du langage.

Gabriel Zignani

Gabriel Zignani

Gabriel Zignani est journaliste.

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C..TexDev, c'est une start-up caennaise créée fin 2012 et spécialisée dans la conception et le développement d'applications de communication à destination des personnes souffrant de troubles du langage. Le but est de permettre à ces personnes de retrouver leur liberté d'expression à travers des applications simples sur tablette.

Une belle histoire française, entrepreneuriale et personnelle

Pour Frédéric Guibet, fondateur et président de la start-up, et neuropsychologue de formation, ce n'est pas simplement une histoire de business ou de technologie. Il est père d'une petite fille autiste et a éprouvé de grandes difficultés à communiquer avec elle. L'idée lui vient de parler avec elle à travers des images. D'un autre côté, la voyant s'adapter très rapidement à sa tablette, il comprend que ce serait l'outil idéal pour communiquer avec sa fille. « C'était vraiment intuitif, elle jouait souvent à des jeux éducatifs sur tablette. L'iPad, c'était vraiment ce qu'il fallait. Mais il n'existait aucune application adaptée. Tout était encore à faire. »

Il se lance alors dans une formation pour devenir développeur informatique. Le but ? Créer une application à base de pictogrammes sur lesquels sa fille n'a qu'à cliquer pour exprimer ses envies, ses besoins ou ses émotions. A ces pictogrammes sont associés un texte et un son, qui font leur apparition lorsque l'utilisateur sélectionne une image.

C'est dans ce cadre qu'est née C..TexDev. « Avec mon associé, on voulait créer une application plus large, pour toutes les personnes souffrant de troubles du langage », explique Frédéric Guibet. « On s'est donc demandé si la tablette était bien le support idéal pour un tel produit. Et on s'est vite rendu compte que les enfants qui avaient des troubles savaient s'en servir de façon intuitive. C'était clairement l'outil idéal, en tout cas pour les plus jeunes. »

Ne reste donc plus qu'à développer l'application. La société s'agrandit progressivement, avec désormais une dizaine de personnes et l'arrivée de plusieurs développeurs. L'application qui en sort s'appelle Communitool.

Toutes les personnes ayant des difficultés pour communiquer peuvent s'en servir. Que ce soit des enfants ou des adultes. « Classiquement, c'est surtout pour des enfants autistes ou souffrant de troubles envahissants du développement qui utilisent notre application. Mais elle aide également des personnes adultes, qui ont par exemple perdu l'usage de la parole à la suite d'un AVC [accident vasculaire cérébral, ndlr], tout en gardant leur capacité cognitive intacte. » Aujourd’hui, près de 8% de la population est atteinte par ce type de problèmes, qui engendrent des handicaps dans le domaine de la communication, des interactions sociales et de l’autonomie.

Selon les personnes, il y a donc des différences dans l'utilisation qui est faite de Communitool. La meilleure solution trouvée par C..TexDev pour pallier à cette difficulté est la personnalisation de son application. Il existe ainsi différentes versions, chacune destinée à une cible : les enfants, les adultes, les professionnels de santé. Il est également possible de compléter la base de données, simplement en prenant une photo, et en l'associant à un texte et à un son.

Déjà bien implanté sur le marché français, C..TexDev veut désormais se développer en Amérique du Nord. « On a déjà commencé à travailler au Canada. La prochaine étape, c'est les Etats-Unis. Il y a beaucoup d'enfants autistes là-bas. Proportionnellement, ils sont plus nombreux que chez nous. On ne sait pas très bien pourquoi ils sont plus touchés, certains pensent à des facteurs environnementaux, d'autres à des facteurs génétiques. »

Les voilà donc au CES à Las Vegas. L'endroit idéal pour faire des rencontres et s'implanter outre-Atlantique. Mais la start-up caennaise ne se déplace pas en zone inconnue, elle avait déjà un stand lors de l'édition 2015. « L'année passée, notre produit était encore en phase de développement. L'application n'était pas encore terminée. Mais ça nous avait déjà beaucoup aidé car on a rencontré beaucoup de boîtes qui étaient dans la même situation que nous, confrontées aux mêmes soucis », précise Arthur Rolland, directeur technique de C..TexDev.

Ils sont donc de nouveau sur place. Pour nouer des contacts. « Énormément de gens sont intéressés par le produit. Il y a bien sûr des professionnels, mais il y a aussi beaucoup de particuliers. Aux Etats-Unis, quasiment tout le monde connaît quelqu'un affecté par des troubles du langage et énormément de personnes sont touchées de près ou de loin par ce phénomène. On a du succès. »

La e-santé, une vraie tendance

Il y a encore quelques années, il aurait été difficile pour une entreprise liée à la santé d'être invitée par le salon américain. Mais la e-santé est à la mode au CES, et prend chaque année de l'importance par rapport aux domaines plus traditionnels de l'électroménager et du divertissement. La preuve : 19 des 190 start-up françaises parties à Las Vegas il y a quelques jours relèvent du domaine de la santé.

Ce n'est pas seulement une mode, mais une vraie tendance. D'une part, les applications et objets connectés permettent aux patients de se rendre acteurs de leur santé, et de redéfinir leur relation avec les médecins. Elles permettent aussi d'instaurer un suivi régulier de leur santé et de pouvoir transmettre des informations au médecin dans certains cas. Globalement, depuis les années 2010, ce versant de la santé numérique monte en puissance. Et selon le rapport Digital Healthcare de la banque d'affaires GP.Bullhound, les signaux pour 2016 sont au vert. La raison principale, c'est le nombre de smartphones disséminés à travers la planète. Une personne sur quatre dans le monde en possède un. Et ce nombre augmente constamment. De plus, les personnes âgées sont de moins en moins réfractaires aux nouvelles technologies. Autre raison invoquée dans ce rapport, les données en ligne en matière de santé s'accumulent. Selon IBM, d'ici 2020, on aura accumulé 25.000 petabytes. Et même si il est difficile de réaliser concrètement quelle quantité cela représente, on sait que seule la technologie pourra l'assimilée et travailler avec.

D'autre part, des sociétés développent des applications ou inventent des nouvelles technologies qui permettent d'améliorer le quotidien de personnes atteintes de différents handicaps. C'est le cas de C..TexDev. C'est aussi celui de nombreuses sociétés tout autour du globe. Aipoly par exemple. Une société australienne qui a créé une application qui permet de reconnaître les objets qui nous entourent en temps réel à travers un smartphone ou une tablette. Une innovation prometteuse pour les personnes souffrant d'une déficience visuelle grâce à des technologies de reconnaissance visuelle, d'intelligence artificielle et d'assistance vocale. Les personnes malvoyantes ou aveugles et les personnes qui souffrent d'une mauvaise perception des couleurs peuvent désormais voir à travers leur téléphone.  

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