Pourquoi l’agitation boursière est en train de miner la croissance<!-- --> | Atlantico.fr
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Les marchés ont perdu près de vingt pour cent par rapport au plus haut enregistré à la fin de l’an dernier.
Les marchés ont perdu près de vingt pour cent par rapport au plus haut enregistré à la fin de l’an dernier.
©Reuters

Edito

Tous les ingrédients sont réunis pour donner raison aux prévisions les plus pessimistes : tensions géopolitiques qui ravivent les risques d’une aggravation des conflits au Moyen-Orient, ralentissement mal contrôlé de la Chine, multiplication des actes terroristes...

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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On ne pouvait imaginer plus mauvais démarrage de la nouvelle année. Tous les ingrédients sont réunis pour donner raison aux prévisions les plus pessimistes : tensions géopolitiques qui ravivent les risques d’une aggravation des conflits au Moyen-Orient, ralentissement mal contrôlé de la Chine, deuxième puissance mondiale, effondrement des cours du pétrole et des matières premières qui met en péril certains pays producteurs et pèse sur la croissance des pays émergents, multiplication des actes terroristes à travers la planète, sans oublier les désordres climatiques. Cette accumulation de mauvaises nouvelles trouve son illustration la plus spectaculaire dans la chute des bourses : en quelques jours des centaines  de milliards se sont ainsi évaporés. Les marchés ont perdu près de vingt pour cent par rapport au plus haut enregistré à la fin de l’an dernier. La Chine a dû stopper les transactions à deux reprises, la place de Shangaï ayant déjà perdu 60% par rapport au mois d’août 2015, où la spéculation irraisonnée l’avait conduit à des niveaux stratosphériques. Il faudra sans doute aller encore plus loin pour retrouver un certain équilibre.

En attendant, un début de panique a saisi les autres places financières, tant le comportement des marchés est moutonnier. Pas étonnant dès lors qu’en quelques jours Paris comme Francfort aient accusé une perte de cinq pour cent.

Toutefois, en économie comme en politique, le pire n’est jamais sûr, car la volatilité des cours introduit des sur-réactions liées à la mondialisation qui facilite les mouvements d’un bout à l’autre de la planète. Ainsi, on peut estimer que la nouvelle baisse du pétrole qui a touché jeudi dernier 32 dollars le baril, un niveau inconnu depuis douze ans, peut avoir un effet bénéfique à court terme sur les pays consommateurs : pour la France, c’est un coup de pouce supplémentaire au pouvoir d’achat qui a déjà bénéficié d’un bonus de vingt milliards d’euros l’an dernier. Mais à terme, la baisse peut avoir un effet négatif dans la mesure où elle freine  les importations des pays producteurs dont les ressources financières s’amenuisent : les exportations françaises vont  en souffrir à l’instar de ce qui se produit déjà pour l’Allemagne, où l’on observe un début de ralentissement de l’activité.

Car c’est bien là le danger principal, mis en avant par les organisations  internationales : une décélération de la croissance sous l’effet du coup de frein donné par la Chine, avec une Europe qui se cherche et des Etats-Unis qui amorcent sans doute la fin d’un cycle. Certes, cela peut inciter l’Amérique à renoncer à continuer de relever ses taux d’intérêt, mais cela sera insuffisant pour stimuler la conjoncture, dès lors qu’il n’y a pas de grandes puissances capables de prendre le relais.

 Et l’on mesure déjà les inconvénients pour la France. Plus personne ne croit à l’objectif de croissance de 1,5% fixé par le gouvernement pour cette année. D’autant qu’un véritable coup de frein s’est produit au quatrième trimestre 2015 : les attentats terroristes ont provoqué une forte baisse de l’activité dans plusieurs secteurs, en particulier le tourisme et la consommation, dont les répercussions  se feront sentir pendant plusieurs mois. Par ailleurs, rien dans les mesures gouvernementales n’est de nature à favoriser la reprise. Le nouveau  plan annoncé pour lutter contre le chômage relève une fois de plus de la communication plutôt que de l’action. L’impact de la loi Macron se réduit de jour en jour, pour éviter l’ire des syndicats. François Hollande laisse l’économie entre parenthèses, déployant uniquement ses efforts sur la stratégie politique en vue de l’élection présidentielle. Dans ce contexte, on voit mal pourquoi les entreprises se mettraient à investir, alors que les débouchés n’augmentent pas et que la plupart des experts révisent entre un et 1,2% l’amélioration de l’activité en France cette année. Ce qui laissera intact le boulet de l’emploi.

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