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Quel risque de contamination après la vertigineuse chute de la Bourse en Chine ?
©Reuters

Risque d'épidémie

Lundi 4 janvier, la chute de l'indice CSI300, qui agglomère les performances des 300 principales entreprises cotées sur les deux places boursières chinoises (Shanghai et Shenzhen), a déclenché un arrêt anticipé des échanges et provoqué une orientation à la baisse sur d'autres places mondiales. Cette mesure destinée à limiter la volatilité est loin de faire l'unanimité au sein des analystes.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Atlantico: lundi 4 janvier, la bourse chinoise s'est écroulée de 7% avant que les échanges ne soient interrompus. De quoi l'effondrement de la bourse chinoise est-il le symptôme ?

Nicolas Goetzmann : Plusieurs éléments sont à prendre en compte dans le cas de cette séance houleuse. D'une part, l'indice de production manufacturière a marqué un cinquième mois consécutif de repli, alors qu'il était attendu en hausse pour le mois de décembre, ce qui démontre la persistance de la faiblesse de l'économie chinoise depuis l'été dernier. D'autre part, plusieurs facteurs techniques viennent expliquer ce mini krach. En effet, depuis juillet dernier, les actionnaires disposant d'une participation supérieure à 5% du capital d'entreprise n'avaient plus le droit de vendre leurs titres. Or, selon certaines rumeurs, cette limitation pourrait prendre fin dans le courant de la semaine, ce qui a pu paniquer le marché et accélérer le mouvement de baisse. Le contexte international n'a pas aidé non plus, notamment en ce qui concerne la sérieuse progression de la tension entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

Cependant, le point fondamental, la cause, est ailleurs. La Chine conserve son arrimage au dollar. Or, puisque la Réserve fédérale des Etats Unis est lancée dans une politique de hausse de taux, la monnaie américaine progresse, ce qui oblige également la Chine à suivre le mouvement, et provoque en bout de course un ralentissement de la croissance du pays. Pourtant, puisque la Chine est la deuxième puissance économique mondiale, elle serait bien inspirée de se diriger vers son indépendance monétaire pour permettre l'établissement d'une politique adaptée à son économie. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le lien entre yuan et dollar doit donc être brisé. Et contrairement à la croyance générale, la monnaie chinoise n'est pas sous-évaluée, mais surévaluée. Et c'est bien ça la cause du fléchissement de l'économie chinoise, même si celle-ci continue de croître à un rythme compris entre 6 et 7% en termes annuels.

Le mécanisme de suspension des échanges mis en place par le gouvernement chinois, si l'indice CSI300 perd 7% et destiné à réduire la volatilité, est-il efficace ? Permettra-t-il d'éviter les risques systémiques ?

Ce mode de protection est utile pour faire face aux ordres automatiques de vente. Le Krach d'octobre 1987 avait été très profond en raison de cette automaticité des ordres de vente, ce qui a produit un effet boule de neige sur la séance de cette journée. Mais ce type de limitations ne permet pas non plus de cacher la réalité, si la confiance des investisseurs chute, les marchés boursiers suivront le mouvement. Il suffit de se rappeler, lors de la crise de 2008, que les ordres de vente à découvert avaient été bannis, et ce, sans produire de véritables effets sur le fond. Il s'agit plutôt d'éviter des situations de panique irrationnelle, et leurs conséquences sur les entreprises concernées, que de truquer la réalité. L'ambition d'éviter une crise systémique ne peut donc pas reposer sur ce type de mesures purement techniques, mais uniquement sur la gestion macroéconomique de la crise par les autorités. Si la Banque populaire de Chine annonçait la mise en place d'une politique monétaire autonome répondant aux besoins de l'économie du pays, mais également la mise en place de politiques macro-prudentielles permettant de sécuriser la finance chinoise, les conséquences seraient autrement plus positives.

La chute de la bourse chinoise a entrainé dans son sillage les autres places asiatiques. D'autres places boursières dans le monde notamment en Europe ont été affectées. Quel est le risque de contamination du stress chinois ? 

Les marchés européens ont logiquement suivi le mouvement. Le CAC40 a perdu 2.5% lors de la même séance, alors que le marché allemand, bien plus lourdement exposé au marché chinois, perdait plus de 4%. Le marché américain, à mi-séance, suivait la tendance générale. Le risque fondamental n'est pas forcément le contexte chinois lui-même, mais sa capacité d'entraînement à d'autres économies. Les producteurs de matière premières, donc les autres pays émergents, sont largement dépendants de leurs exportations vers la Chine. Et ces pays sont déjà largement fragilisés, une aggravation de la crise chinoise a donc le potentiel pour amener ces pays à une situation de rupture, comme pour le Brésil, mais également pour les pays pétroliers. Ces derniers sont donc exposés à de graves risques économiques mais également politiques. Parce que la Chine a les reins suffisamment solides pour résister à ce contexte, mais ce n'est pas le cas de certains de ses partenaires. C'est donc l'ensemble des pays émergents qui souffre de cette situation, qui menace également les grands pays exportateurs, dont la zone euro fait partie, notamment sous l'influence de l'Allemagne. Les exportations représentent 26% du Pib de la zone euro, et plus de 50% pour la seule Allemagne. Une telle crise a donc le potentiel pour ralentir la croissance des exportations européennes vers le reste du monde, ce qui devrait, dans un monde normal, être compensé par une politique plus agressive de la BCE. 

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