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Le procès qui reproche à Apple d'avoir sciemment ralenti les vieux iPhone pour forcer ses utilisateurs à en acheter de nouveaux
©Reuters

Obsolescence programmée ?

Selon un procès par action de groupe, la dernière mise à jour de iOS 9, le système d'exploitation de la marque à la pomme, aurait sciemment ralenti les iPhone 4S pour encourager les utilisateurs à acheter de nouveaux modèles.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Ce mardi, un dénommé Chaim Lerman a intenté un procès en action de groupe avec plus de cent autres personnes contre Apple, demandant 5 millions en dommages et intérêts punitifs, devant un tribunal de New York, rapporte le site spécialisé Apple Insider. Apple aurait fait de la publicité mensongère en prétendant que son dernier système d'exploitation, iOS 9, est compatible avec les iPhone 4S, alors qu'en réalité la performance rend le téléphone presqu'inutilisable. Etant donné que les protocoles de sécurité d'Apple interdisent aux utilisateurs de revenir à une version antérieure du système, les consommateurs se retrouveraient obligés d'acheter un des nouveaux modèles d'Apple. 

D'après la demande, Apple savait "par des tests internes et/ou d'autres moyens" que cela aurait lieu. Et les utilisateurs n'auraient pas le choix de changer de plate-forme, car ils auraient réalisé beaucoup trop d'investissements en applications. 

Il faut relativiser ce genre d'actions. 

Premièrement, il faut prendre en compte les réalités technologiques : l'iPhone 4S est un vieux modèle, et depuis les débuts de l'informatique, il est souvent le cas qu'une mise-à-jour d'un appareil avec un nouveau système d'exploitation, avec des fonctionnalités plus avancées, affecte la performance des anciens modèles. Deuxièmement, l'univers du smartphone est très concurrentiel. Android a de fortes parts de marché. Et enfin, Apple n'est rien sinon une entreprise soucieuse de son image de marque, et il semble très peu probable qu'ils aient pris un tel risque. Comme l'a décrit l'économiste Alexandre Delaigue, plus on cherche des traces d'une existence avérée d'obsolescence programmée, moins on en trouve. Les explications technologiques et les autres contraintes liées au design, aux contraintes physiques, et aux demandes des consommateurs, expliquent beaucoup plus souvent ce qui apparaît comme de l'obsolescence programmée. 

De plus, l'environnement juridique américain provoque souvent des procès sans fondement. Il est possible pour un plaignant de faire le calcul suivant : après une première assignation, un juge ordonne souvent ce que les juristes appellent une phase de "discovery", ordonnant à l'entreprise de révéler aux parties des documents internes qui prouveraient, ou pas, l'allégation ; ici, en l'occurence, le procès allègue qu'Apple a choisi sciemment de ralentir l'iPhone 4S, et il serait donc logique que les plaignants demandent 'l'accès aux communications internes d'Apple pour savoir si c'est le cas. Or, la phase de "discovery" est très coûteuse et risquée pour une entreprise. Coûteuse en termes de temps, puisqu'il faut donner accès à ses données internes à des armées d'avocats et ainsi perturber ses opérations internes. Mais surtout risquée : de nombreux plaignants, une fois en phase de "discovery", vont "à la pêche" de tout ce qui peut être incriminant pour l'entreprise, parfois même des choses non illégales ou malhonnêtes mais qui, sorties hors de leur contexte dans la presse, pourraient faire du mal à l'image de marque de l'entreprise. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises préfèreront transiger et signer un chèque pour éviter un procès, et ainsi éviter un important coût et risque, même si l'allégation est infondée. Ce phénomène, évidemment, attire les allégations infondées, et certains cabinets d'avocats américains en sont spécialisées, avançant les fonds pour entamer une procédure coûteuse et se rémunérant sur un pourcentage des dommages et intérêts. 

Malgré ce contexte, il est vrai qu'Apple est connu pour "imposer" des transitions technologiques à ses consommateurs. Par exemple, avec l'iPhone 5 Apple a changé la connectique de tous ses appareils, obligeant à changer de câbles pour acheter le nouvel appareil. Et il est impossible aux utilisateurs de changer les batteries d'iPhone et d'iPad, qui ont une durée de vie limitée, même si là encore les contraintes de design et de technologie jouent. 

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