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Vœux présidentiels : François Hollande, lucide sur l'état de la France, mais saura-t-il en 2016 aller au-delà de son chiraco-delorisme habituel dans les actes ?
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Bonne année 2016 !

Le Chef de l'Etat se trouve dans une situation singulière, confronté aux contradictions de la société française, et de ses représentants. Dans leur grande majorité les Français adhèrent à son action et à celle du gouvernement dans le domaine de la sécurité.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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"Souffrance et  résistance, vaillance et espérance, état d'urgence économique et social". Ces formules qui claquent à l'oreille  ont émaillé le discours de  voeux de François Hollande, qui , a-t-il souligné "ne ressemblent à aucun de ceux qui les ont précédés". Comment pouvait il en être autrement  en cette période de tension extrême provoqués par les attentats meurtriers qui ont frappé la France,  de "guerre" tous azimuts contre le terrorisme ? Mais derrière ces  mots choisis pour marquer les esprits il y a la réalité à laquelle François Hollande doit aujourd'hui faire face. 

Le Chef de l'Etat se trouve dans une situation singulière, confronté aux contradictions de la société française, et de ses représentants. Dans leur grande majorité les Français adhèrent à son action et à celle du gouvernement dans le domaine de la sécurité qui passe notamment par une intensification des bombardements contre Daech en Syrie et en Irak ; ils se plient aux contraintes des contrôles pour empêcher  des attentats. Ils sont capables de réflexes patriotiques comme l'ont montré les rassemblements du 11 janvier et comme le montre le regain de la "Marseillaise". Ils sont favorables à la déchéance de nationalité pour les binationaux, auteurs d'actes de terrorisme et condamnés, alors que le projet divise gravement sa majorité et suscite des réticences à  droite.

"La France  doit prendre les bonnes décisions au-delà des clivages partisans et en conformité avec nos principes essentiels. J’y veillerai car j’en suis le garant", déclare François Hollande. Mais en votant la réforme constitutionnelle la droite ne fait-elle pas un précieux cadeau politique à François Hollande à un peu moins de deux ans de la présidentielle ? La discussion aura lieu dans un mois au Parlement. Les opposants de gauche à ce projet espèrent que François Hollande préférera finalement remplacer la déchéance de nationalité par l'indignité nationale, qui prive les condamnés de leurs droits civiques. Mais une telle décision ne serait-elle pas interprétée comme une reculade présidentielle qui porterait atteinte à l'autorité du chef de l'Etat ? Par ailleurs, aux  formidables manifestations d'Unité viennent s'opposer des signaux marquant une tentation de "repli sur soi" dans le pays.

Réaction contre un chômage de masse persistant, contre le sentiment d'injustice ressentie par ceux qui travaillent  pour de maigres salaires face à ceux qui s'en sortent mieux avec l'assistanat... Le constat est unanime et la question est posée : ne conviendrait-il pas de faire l'union nationale le temps d'en finir avec les blocages et d'adopter quelques réformes, (dont celle du code du travail),  qui ont fait leurs preuves dans d'autres pays ? Mais là aussi, le dilemme existe : collaborer avec le gouvernement, ne serait-ce que pour l'emploi, n'est ce pas se diluer dans la majorité ? Pour l'heure on en est  aux slogans  : " plus un chômeur sans accompagnement ,pas un apprenti sans patron et pas un patron sans apprenti" , et aux interrogations : comment mettre sur pied en temps record un plan massif de formation pour 500.000 demandeurs d'emplois ? Comment financer les "grands travaux de rénovation des bâtiments", qui rappellent ceux dont rêvaient en leur temps François Mitterrand et Jacques Delors lorsque ce dernier présidait la Commission Européenne à Bruxelles ? La relance par l'investissement, avec quels financements ? Le plan Juncker ? Quant aux aides à l'embauche, elles n'ont jamais prouvé leur efficacité.

Enfin, François Hollande a évoqué la Sécurité Sociale professionnelle : elle consiste notamment à moduler le temps de travail (et par conséquent les salaires) dans les entreprises en cas de baisse d'activité, et permet d'éviter des licenciements .Elle a prouvé son efficacité en Allemagne. Lorsqu'il était premier Ministre, Dominique de Villepin voulait déjà la mettre en oeuvre. François Hollande déclare  que "La France a besoin de mouvement. Elle a besoin d’actions". Qui le nierait ? Au cours de la longue période annuelle de voeux où il va s'exprimer devant les représentants des corps intermédiaires, économiques, politiques, militaires, administratif, le Président de la République va décliner, tester, étoffer son plan pour faire bouger la société française. Saura-t-il surprendre comme il l'a fait avec l'instauration du CICE  et dans une certaine mesure avec la loi Macron ? Et surtout emportera l'adhésion de ceux qui devront le mettre ? Réponse dans un mois.

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