La "grippourrite" : quand des gosses de riches pourris-gâtés prétendent que l'affluenza est une maladie qui les rend non responsables pénalement de leurs délits<!-- --> | Atlantico.fr
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Comme l'a écrit Graeme Wood dans une enquête sur "Les peurs secrètes des gens richissimes", ce problème est une préoccupation constante des familles qui ont beaucoup d'argent, qui peut se résumer en deux mots : Paris Hilton.
Comme l'a écrit Graeme Wood dans une enquête sur "Les peurs secrètes des gens richissimes", ce problème est une préoccupation constante des familles qui ont beaucoup d'argent, qui peut se résumer en deux mots : Paris Hilton.
©Reuters

C'est pas ma faute

La "grippourite", ou "affluenza" : la maladie de ceux qui ont grandi trop riche. Une blague ? Peut être, mais une blague qui recouvre une réalité.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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En 2013, Ethan Couch, un adolescent du Texas, s'écrase avec son pickup et tue quatre personnes et en blesse neuf. Il était en excès de vitesse, son taux d'alcoolémie était trois fois la limite légale, son sang contenait des traces de valium. Sa défense ? Il était malade. Sa maladie ? Être gosse de riche. 

Ce n'est pas une blague : c'était sa défense juridique. En cause, le phénomène de l'"affluenza", terme porte-manteau américain qui mélange "affluence" (richesse, prospérité) et "influenza" (terme médical pour la grippe virale)--peut être qu'on pourrait dire, en français, la "grippourite", la grippe des pourris-gâtés. La défense de Couch était que, enfant pourri-gâté par ses parents, il n'a jamais pu développer un sens fort de la responsabilité et du contrôle de lui, et s'est réfugié dans l'alcool et les psychotropes. 

Couch et sa défense juridique ont défrayé la chronique à l'époque, et Couch est de nouveau dans l'actualité après avoir été appréhendé au Mexique, en violation de sa remise en liberté conditionnelle.

Le terme "affluenza" vient d'abord d'un livre éponyme, qui n'est pas un livre de psychologie, comme le témoigne le titre français, J'achète!: combattre l'épidémie de surconsommation. L'argument du livre est que la surconsommation, et la boulimie de biens matériels, ne nous rend pas heureux--au contraire, elle nous rend malheureux. L'"affluenza" est la maladie des sociétés consuméristes qui voient tous leurs biens matériels satisfaits, et plus, et ne sont néanmoins toujours pas heureuses. 

Les avocats de Couch ont recruté un psychologue, G. Dick Miller, qui a argué que le jeune de 16 ans à l'époque n'était pas pénalement responsable de ses actes, car son éducation, y compris la richesse de ses parents, avait détruit dans son esprit le lien entre ses choix et leurs conséquences. Apparemment la défense a fonctionné--Couch a été condamné à de la liberté surveillée et des soins plutôt qu'à de la prison. 

Evidemment, la "grippourite" peut prêter à rire, ou à s'indigner. Et il semble que depuis son premier procès, Couch ne s'est pas beaucoup responsabilisé. Mais il y a plusieurs points à prendre en compte. 

Premièrement, tous les enfants et toutes les personnes ont besoin d'amour et de responsabilisation, et il est effectivement possible que, dans un contexte de richesse, la prospérité matérielle remplace l'amour et la responsabilisation. Sans préjuger des conséquences de ce phénomène sur la responsabilité pénale, on peut convenir que ce genre d'existence peut être une réelle souffrance et laisser des séquelles. 

Deuxièmement, Couch était un jeune de 16 ans--quelles qu'aient été les circonstances de l'accident, une peine lourde de prison aurait détruit sa vie et n'aurait pas ramené à la vie les morts. 

Comme l'a écrit Graeme Wood dans une enquête sur "Les peurs secrètes des gens richissimes", ce problème est une préoccupation constante des familles qui ont beaucoup d'argent, qui peut se résumer en deux mots : Paris Hilton. 

La grippourite pourrait donc être un vrai problème.

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