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Blues des flics : "Nous sommes tous policiers !", scandait la foule le 11 janvier 2015, et pourtant...
©Reuters

Bonnes feuilles

En France, le blues des flics n’est pas nouveau. En 1997, un article du Monde évoquait déjà les dérives de certains policiers qui choisissaient le suicide plutôt que le harcèlement moral de leur supérieur ou la charge de travail trop lourde à supporter. L’année 2014 a atteint des records avec la mort volontaire de 55 policiers. Et les gendarmes ne sont pas en reste ! En 2013, vingt trois d’entre eux s’étaient suicidés. Extrait de "Le jour où j'ai mangé mon flingue - Pourquoi policiers et gendarmes se suicident" d'Alain Hamon, aux éditions Hugo et cie 2/2

Alain Hamon

Alain Hamon

Ce grand reporter spécialisé police-justice (entre autre pour I>Télé, Zone Interdite, Envoyé spécial) est déjà l'auteur de plusieurs ouvrages dont Dossier P...comme police, éditions Alain Moreau 1983 ; Action directe, du terrorisme français à l'euroterrorisme, Le Seuil, 1986; et plus récemment Police : l'envers du décor, J.C Gawsewitch, 2012.

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Le 2 décembre 2014, c’est un brigadier de cinquante ans, affecté à la protection de Bernadette Chirac, qui se tue dans les Yvelines. C’était le 52e policier suicidé pour 2014. Sa hiérarchie évoque aussitôt une séparation mal vécue. Des représentants syndicaux en profitent pour renouveler les critiques qu’ils formulent depuis de longs mois, devant l’accroissement de la charge de travail au sein de l’ancien service de protection des hautes personnalités. Selon eux, les missions « temporaires » se multiplient au point que la situation devient catastrophique. Selon certains membres du SDLP, les protections de complaisance ne cessent d’augmenter, pour des gens du showbiz, des journalistes. Certains de ces spécialistes de la protection rapprochée, une mission qui requiert une concentration de tous les instants, cumulent plus de 35 jours de travail consécutifs sans aucun repos. Les syndicats fixent à 40 le nombre de policiers qu’il faudrait appeler en renfort. L’administration annonce qu’il en arrive 8 (!). C’est l’Uclat (unité de coordination antiterroriste) qui, dans un premier temps, évalue le risque encouru par une personnalité. Sur une échelle de 1 à 4, elle est chargée d’étudier si une protection est utile ou pas. L’Uclat trie les demandes (de la très forte menace à la menace faible) et, après avoir calculé ce qu’il faut en penser, fait suivre à une commission d’évaluation. Mais parfois les pressions sont lourdes pour emporter la décision. Elles proviennent du plus haut de l’État. Et là encore, malgré le côté prestigieux de la mission, il arrive que des policiers n’en puissent plus.

C’est à ce service qu’appartenait Franck Brinsolaro, l’officier de sécurité de Charb, tué en même temps que lui et que ses camarades de Charlie. Alors, comme le disaient ces Français de toutes provenances, de toutes extractions, de toutes couleurs, hommes et femmes confondus : « Vive la police ! » Mais autant savoir de quoi on parle.

« Nous sommes tous policiers ! », scandait encore la foule le 11 janvier 2015. Qu’en était-il le lendemain pour ceux d’entre elle qui se faisaient agrafer par un gardien de la paix intransigeant avec la vitesse limite à respecter ? Difficile d’espérer sans compter dans les forces de l’ordre, quand on vit dans une société « où les pizzas arrivent plus vite que la police », comme le confiait au Monde le réalisateur Claude Chabrol, le 23 novembre 2006. Le ministre de l’Intérieur a donc demandé à son directeur général de la police nationale (DGPN), pour que le message du 11 janvier sur les policiers perdure, de se pencher sur le moyen de communiquer. De plus et de mieux communiquer, notamment sur les risques du métier de policier. C’est exactement par là qu’avait commencé la police de Montréal, quand, bien des années plus tôt, elle s’était emparée de vive main du dossier des suicides dans ses rangs : une campagne de communication et de sensibilisation. Le DGPN de Bernard Cazeneuve doit manquer d’idées (ou d’argent) car, à la fin du mois de juillet 2015, on n’a toujours rien vu venir… En attendant, selon l’ANAS, au 10 août 2015, on comptait 28 suicides chez les policiers. « Une catastrophe ! », commentait un des responsables de l’Association nationale d’action sociale de la Police nationale...

Extrait de "Le jour où j'ai mangé mon flingue - Pourquoi policiers et gendarmes se suicident" d'Alain Hamon, publié aux éditions Hugo et cie, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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