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La Guerre en 2016 : détricotage géopolitique, ruptures technologiques, et abandon des civils
©Reuters

La guerre en 2016

Après une année 2015 militairement mouvementée, quelles seront les tendances dans le monde de la défense et de la guerre en 2016 ? Le site spécialisé américain DefenseOne a demandé à dix-huit experts de répondre à cette question. Nous décryptons les tendances.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Les deux catégories principales de tendances décelées par les experts du site DefenseOne sont géopolitiques, et technologiques. 

Le détricotage géopolitique continuera

Les dernières années ont été marquées par un déclin, relatif mais net, du leadership américain dans le monde. Tout indique qu'au crépuscule de la présidence Obama, cette tendance va se prolonger. La complexité des conflits mondiaux, notamment la Syrie, poussera les grandes puissances à donner un "vernis" de coopération, estime Braden R. Allenby, professeur à Arizona State University, mais sous ce vernis, la concurrence continuera fort. Poutine continuera de battre Obama au jeu d'échecs géopolitique, et les Etats-Unis seront obligés de s'aligner avec la Russie, et donc avec Assad, pour combattre Daesh et assurer l'avenir de la Syrie, selon Doug Ollivant, expert à la New America Foundation. De leur côté, les kurdes, qui sont l'élément clé du dispositif contre Daesh, exigeront un proto-état en échange de la suite de leur collaboration, ce qui mettra la Turquie, alliée des Etats-Unis, en colère, prédit Anne-Marie Slaughter, ancienne directrice au Département d'Etat américain. La prééminence stratégique de la Russie continuera de mettre en lumière la faiblesse de l'Otan, remise en question sur ses marches européennes par la Russie et son invasion de Crimée. Les pays d'Europe de l'est cherchent une alliance forte face à la Russie et à l'isoler, mais en se remettant au coeur du jeu géopolitique la Russie a déjoué cette manoeuvre ; pendant ce temps-là, les pays du sud de l'Alliance veulent prioriser le Moyen-Orient et la question des réfugiés, pas l'isolation de la Russie, signale Ian Wallace, expert au Programme de sécurité international. En parallèle de tout cela, comme le dit Sheldon Simon, professeur de géopolitique à Arizona State University, la Chine continuera de renforcer sa présence dans la mer de Chine du sud, remettant toujours en question le leadership américain dans le Pacifique et contribuant aux tensions avec ses voisins.

En bref, le détricotage, lent et non catastrophique, mais net, des équilibres politiques et du leadership américain, semble tout prêt de se continuer en 2016, avec des tendances géopolitiques qui vont renforcer les tensions militaires.

Les ruptures technologiques avanceront

Nous entrons dans le monde "post-post-Snowden", écrit Laura Dickinson, professeur à Georgetown. Après le progrès des libertés civiques à la suite des révélations de Snowden, la recrudescence d'attentats terroristes a fait pencher le balancier de l'autre côté. D'un autre côté, on s'intéressera à l'impact militaire des drones civils : il y en a désormais plus d'un million aux Etats-Unis. Sont-ils un cheval de Troie ? Peut-on utiliser un drone civil pour s'attaquer à des infrastructures-clé ? Pour Mark Hagerott, ancien professeur de cybersécurité à l'Ecole navale américaine, toutes ces questions vont se poser en 2016--et les Etats-Unis imposeront des réglementations strictes sur l'importation de drones, pour des raisons de sécurité nationale. Quant à lui, Peter W. Singer, "stratège" de New America Foundation, prévoit une augmentation des cyber-attaques et cyber-escarmouches en 2016. Les Etats-Unis et la Chine ont signé un traité s'interdisant mutuellement la cyberguerre, mais les attaquants peuvent toujours nier qu'ils sont à l'origine des attaques ou le faire par des tierces parties. 

Cyber-attaques, espionnage en ligne, drones : toutes ces tendances sont déjà connues, mais elles vont s'accélerer et s'intensifier en 2016.

Et les civils, dans tout ça ?

C'est Daniel Rothenberg, professeur de droit à Arizona State University, qui apporte la plus importante contribution à la question : en effet, dans tous leurs jeux de pouvoirs, les grandes puissances oublient souvent les civils, qui sont pourtant les premières victimes des guerres. La guerre en Syrie, notamment, a détruit la vie de millions de civils, tout comme la guerre avec Boko Haram au Nigéria, et d'autres. On parle des combats entre les puissants, moins de ceux qui se trouvent entre ces conflits. Pour Rothenberg, cette indifférence aux victimes civiles de la guerre va continuer en 2016--et planter les graines de risques importants et de dislocation à venir pour la sécurité mondiale.

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