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Les dépenses publiques, ce faux remède qui tuera la croissance
pour de bon
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Bad relance

La crise actuelle vient souligner l'essoufflement du rôle de l'État. La relance par la dépense ne fonctionne plus, la solution pourrait venir de la politique de l'offre qui faciliterait l'initiative et la création.

Olivier Babeau

Olivier Babeau

Olivier Babeau est essayiste et professeur à l’université de Bordeaux. Il s'intéresse aux dynamiques concurrentielles liées au numérique. Parmi ses publications:   Le management expliqué par l'art (2013, Ellipses), et La nouvelle ferme des animaux (éd. Les Belles Lettres, 2016), L'horreur politique (éd. Les Belles Lettres, 2017) et Eloge de l'hypocrisie d'Olivier Babeau (éd. du Cerf).

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Parce qu’elle accentue les difficultés rencontrées par bon nombre de citoyens - précarité, chômage, mais aussi peur du lendemain -, une crise marque souvent, dans un premier temps, le grand retour de l’Etat sur la scène des préoccupations. Protecteur en chef, garant, il vient rassurer. Mais la crise que nous traversons a cela d’exceptionnel qu’elle est une crise de fin de système, une crise qui marque l’essoufflement, précisément, de ce rôle de l’Etat. Les mois qui viennent pourraient bien ainsi, sous le poids de la nécessité, signer le grand retour des politiques de l’offre honnies.

L’économie, science sociale par excellence, est faite de théories contradictoires vérifiées ou infirmées dans les faits. Chacun sait qu’il existe deux écoles de pensée économique concernant la façon de susciter la croissance : encourager la demande - soutenir la consommation -, ou encourager l’offre - soutenir la production. La première solution correspond au dogme keynésien dominant aujourd’hui dans les esprits et les médias : c’est la fameuse « relance » par la dépense, notamment la dépense publique.

Ayant semblé prouver son efficacité après-guerre lors de la phase très particulière de la reconstruction, c’est cette solution qui a la faveur exclusive des décideurs et de l’opinion. C’est ainsi que, depuis les années 1970, la réponse principale apportée aux crises successives a été d’augmenter les dépenses, censées « relancer » la machine économique. C’est en suivant cette conviction, qu’inlassablement, on a répondu à la faiblesse de notre croissance par plus de dépenses publiques. Et plus cette croissance devenait faible, plus on jugeait utile d’accentuer le poids de ces dépenses. Conséquence : elles atteignent aujourd’hui plus de 56% du PIB, record absolu des pays de l’OCDE.

Mais, compte tenu du niveau qu’elles ont atteint, faire des dépenses publiques l’incontournable vecteur de la croissance est une erreur : en accroissant le taux de prélèvement, en renchérissant sans cesse le coût du travail, elle fait perdre la compétitivité, fuir les cerveaux et les fortunes, elle tue le dynamisme économique dont la croissance est la conséquence. Continuer aujourd’hui à dépenser plus pour « soutenir la croissance », c’est agir exactement comme les médecins de Molière, accomplissant saignées sur saignées à mesure que l’état du patient s’aggrave, et s’imaginant par ce remède le remettre sur pied.

Mais peu importe en pratique que les observateurs soient aujourd’hui assez de bonne foi pour s’apercevoir de l’échec de fait des politiques de relance qui ne relancent plus rien du tout. La situation actuelle ne laisse plus d’autre choix que de passer à l’autre solution : la politique de l’offre, et tout ce qu’elle implique.

C’est une logique d’action publique totalement différente qui va ainsi s’imposer, une logique que ni la droite ni la gauche n’ont voulu sérieusement considérer depuis quarante ans. Encourager la production, c’est libérer toutes les énergies entrepreneuriales dont notre pays est encore riche, c’est faciliter l’initiative, la création, c’est réhabiliter la richesse et la réussite. Comme le suggère Ayn Rand  dans son maître-livre intitulé La Grève, c’est aux entrepreneurs, à ceux qui prennent des risques et qui innovent que nous devons les emplois. Comment l’Etat peut-il aider ? Cela ne passe ni pas des niches, ni par des subventions, ni par des services publics supplémentaires, mais par des simplifications, des allégements, des assouplissements. C’est ce dont notre économie a aujourd’hui le plus besoin.

Evidemment, aucun décideur politique ne pense se valoriser en proposant d’en faire moins. Mais le pari que nous pouvons faire est que l’absence totale de marge de manœuvre budgétaire - dans le sens d’un accroissement des prélèvements - ne va laisser qu’une porte de sortie. On peut observer que les discours publics commencent timidement à revenir, sans oser encore mettre clairement un nom dessus, à la seule solution en stock maintenant que les autres sont totalement épuisées, au seul levier disponible ; oui, pour régler le problème du chômage et susciter de la croissance, « on n’a pas tout essayé ». La seule question à présent n’est pas si mais à quel moment les politiques auront le courage d’assumer ouvertement ce choix inéluctable.

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