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La France prisonnière de sa dette colossale majoritairement détenue par des étrangers
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

L’INSEE a publié les chiffres de l’endettement qui frôle désormais les 2200 milliards d’euros. Mais qui la détient ? Avec un endettement aussi colossal, la France perd son indépendance.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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La classe politique française, de gauche comme de droite, se moque complètement des masses de dettes contractées par l’Etat français depuis 2008. Selon l’INSEE, nous dépassons les 2100 milliards d’euros à la fin du troisième trimestre, ce qui veut dire qu’à la fin de l’année, nous atteindrons les 2200 milliards d’euros soit 97,6 % du PIB. La Grèce par exemple, a explosé avec un endettement de 180%.

Ces masses d’emprunts pharaoniques n’ont aucune signification. Pour beaucoup, nous sommes dans la science-fiction. La plupart des Français ne veulent même pas le savoir, convaincus que l'Etat français ne pourra jamais faire faillite. Pour cerner de plus près le danger et l’importance du risque couru il faut répondre à deux questions.

A quoi sert cette dette massive ? Elle représente l’ensemble des emprunts contractés par les administrations publiques, par l’Etat, les collectivités publiques et les organismes de la sécurité sociale.

La dette d’Etat représente 1500 milliards d'euros. La dette de la sécurité sociale, 220 milliards, depuis 20 ans. En soi, c’est vrai que la dette ne représenterait pas un danger considérable si cette dette était contractée pour créer de l’activite et des investissements. La dette Keynésienne par exemple à, pendant les 30 glorieuses, créé de la croissance. Aujourd’hui, la dette finance essentiellement des dépenses courantes, de fonctionnement. Il y a très peu de financement d’investissement. Ces dépenses courantes ne créent pas de croissance, ou alors ça se saurait depuis dix ans que l'on en fait massivement. Cela permet au modèle social français de survivre mais ça ne lui permet pas de se réformer.

Bref, le modèle français ne génère pas de quoi freiner son endettement. La machine à dettes est désormais une machine infernale qui n’a aucun mécanisme de régulation. Si encore cette dette fabriquait du PIB, comme le pensent les militants de la relance par la demande, on pourrait espérer renverser la courbe. Mais la dette ne fabrique rien d’autre que de l’assistanat.

Donc le mécanisme perturbé depuis 2008, la France emprunte non pas auprès des banques, mais sur les marchés financiers avec cette chance depuis quelques années, que le prix fixé par la BCE est extremement bas. Donc pourquoi se priver ?

Ceci étant, quand on sait à quoi est utilisée la dette, on s’aperçoit que c’est un marqueur étonnement fort de la lâcheté des politiques français et un marqueur fort de l'ignorance des français qui préfèrent jouent l’autruche, et ne pas savoir ? Tout le monde est coupable dans cette affaire d’Etat : les responsables politiques, les grands directeurs de l’administration et les chefs syndicaux qui cogèrent le système social. 

La deuxième question qui fâche, c'est de savoir qui achète la dette française, ou plus clairement qui nous prête de l’argent ?  L’emprunt n’est possible que si et seulement si on trouve en face quelqu’un qui nous prête de l’argent. Alors pour la dette publique, qui prête ? Parce que celui qui prête a le vrai pouvoir.

La réponse est compliquée parce qu'il n’existe pas de statistiques très précises. L’administration française est assez discrète sur ce point. Elle préfère rester dans l’anonymat des marchés plutôt que de publier le nom des créanciers de la France.

A priori, on sait seulement que les non-résidents ont acheté  65 % de la dette française, les sociétés d’assurance françaises et les établissements de crédit français qui gèrent l’épargne des Français en ont souscrit pour 30 %. Il s’agit principalement de l’argent des assurances vie souscrites en France.

Alors, le non-résident est principalement un étranger, mais ça peut être un Français qui a confé son patrimoine à un organisme étranger, lequel peut venir investir en France.

Cela dit, cette répartition de la dette signifie clairement que les fonds étrangers détiennent la majorité au capital de la maison France. Les principaux détenteurs de la dette à long terme sont des Italiens pour 16%, des Hollandais pour 14%, des Espagnols pour 10%, des Allemands, des Américains et des Anglais pour 24 %. La dette à court terme est principalement détenue par les Japonais (31%) et par les Anglais (20%).

Ce qu'il faut retenir de cette répartition, c’est que le financement du modèle français est totalement dépendant de l’étranger. Tous les pays qui nous entourent nous tiennent par des lignes de crédit.

C’est assez incroyable, mais c’est malheureusement la situation. Alors, quand on entend les gouvernants français, François Hollande en tête, vitupérer contre les marchés, accabler le monde capitalisme , on se dit qu'il joue avec le feu. Tous ces marchés, tout ce capitalisme financier nous tient. Plus évident encore, nous avons besoin des pays de la zone euro, nous avons besoin de l’euro, puisque ces pays de la zone euro tiennent l’essentiel de nos dettes.

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