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Nos dépenses publiques ne peuvent plus continuer à augmenter
plus que la croissance
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Accro aux dépenses publiques

La part des dépenses publiques en France représente le pourcentage de PNB le plus élevé de la zone euro. Les décennies de croissance économique appartenant désormais au passé, il est urgent de réajuster cette part, sans toutefois diminuer les secteurs publics.

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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La France, pays à haut niveau de vie, que les Allemands avaient l’habitude d’envier, comme en témoigne leur célèbre maxime «  Heureux comme Dieu en France », doit finalement bouleverser son modèle économique. Et ce, à défaut d’être, en France, « Malheureux comme Job ».

Les décennies de succès, avec une croissance en terme réel de notre PNB (produit national brut), compensaient une partie de la croissance de nos dépenses publiques. Or, cette croissance de la richesse nationale s’est amenuisée depuis les années 2000 : explosion de la bulle Internet, crise financière, etc. Le ralentissement de la croissance du PNB n’a pas été compensé par une réduction des dépenses publiques, et le déficit national a finalement explosé. Les politiques n’ont pas "voulu / pu" repenser les services publics dévastés par les 35 heures, et ont préféré lâcher le déficit.

En France, les dépenses publiques représentent 56,5 % du PNB, soit une proportion plus haute que la Grèce (53%) ; que l’Italie (52%) ; et que l’Espagne (45%).

Les principaux postes de dépenses sont :

  • Retraites (13,5 % du PNB) ;
  • Dépenses de santé, et prise en charge long terme (9,7% du PNB) ;
  • L’administration générale du pays représentant le reste (éducation 6,2% du PNB, défense 2% du PNB, etc.)

La difficulté première de notre pays réside dans l’indexation de ses dépenses publiques. En effet, non seulement elles représentent le pourcentage le plus élevé sur le PNB de la zone européenne, mais en plus ces dernières ne sont pas indexées sur la croissance de l’économie... mais sur l’inflation augmentée par la pression syndicale, contrairement à l'ensemble de nos partenaires européens.

Ce système n’est ni soutenable, et encore moins viable. C’est un des critères fondamentaux en raison desquels les agences de notation veulent dégrader le crédit de la France plus rapidement que celui de nos voisins. De plus, dans cette équation, la France aura  beaucoup de difficultés à retrouver un niveau d’endettement de 60% du PIB (contre 86% aujourd’hui), tel qu'exigé par les critères du traité de Maastricht. Il faudrait une surplus primaire (différence entre le taux d'intérêt réel et le taux de croissance de revenu) de l’ordre de 4,5%, et ce jusqu’en 2020, contre un déficit primaire (déficit avant le paiement des intérêts de la dette) aujourd’hui de l’ordre de 3,5%. Ce qui est parfaitement inaccessible, raison supplémentaire de perte du triple A français.

Un exemple frappant est le montant dépensé dans l’éducation nationale. Nous sommes en tête de l’Europe, avec 6,2 % de la richesse nationale allouée à l’éducation, et pourtant nous n’atteignons que le 12e rang européen en matière d’efficacité scolaire (source : PISA scores).

Prenons un deuxième exemple : en  Suède - pays moins contentieux que les modèles anglo-saxons -, le gouvernement a réussi à diminuer les dépenses publiques qui explosaient. De 57,4% en 2001, elles sont passées à 49,8% en 2011, soit environ 5% sous la France. Le tout en changeant principalement la manière de pourvoir les services publics, sans toutefois les réduire.

Les mesures drastiques à prendre ne pourront pas attendre les échéances présidentielles de mai. Le gouvernement devra clarifier une politique économique viable, qui renoue avec la croissance pour favoriser l’emploi, tout en menant en parallèle une réforme des dépenses publiques.

Il est urgent d’accentuer fortement le partenariat privé-public, entamé timidement dans les administrations telles que la santé, la défense, l’éducation, afin d’optimiser les ressources disponibles. Pour exemple, la Suède n’a pas hésité à créer des lits d’hospitalisation privés, avec mise à disposition d'une bourse pour les patients...

L’État ne pourra pas faire l’impasse d’une réforme en profondeur de la vieillesse, ou très vite la dépendance représentera une charge insoutenable, et les pensions un effort impossible à réaliser. Aujourd’hui, les retraités consomment l’ensemble de leur cotisation d’une vie de travail en 7 ans, alors que l’espérance de vie est de 14 ans à l’issue de l’âge légal de la retraite. 70% des retraités dépendent donc de la répartition. Sans abandonner cette solidarité, la complémentarité de retraites privées est inévitable. Ou l’on travaille jusqu’à 75 ans, ou l’on introduit une retraite complémentaire significative.

La timide augmentation de TVA  est un prélude à un choc rapide, mais nécessaire afin de construire un nouveau financement de nos dépenses publiques : une véritable TVA sociale qui, dégrevant les charges patronales et salariales, relancerait l’emploi et la croissance.

Nous devons faire face à la cruelle réalité, la France est dépendante. Elle doit réinventer son organisation, afin de protéger sa population et renouer avec la confiance. Sans quoi, notre vente aux plus offrants est programmée : la Chine ou le Moyen-Orient ?

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