Stop à l'omerta : on a le droit de dire que certains Français abusent des aides sociales !<!-- --> | Atlantico.fr
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Laurent Wauquiez souhaite donner la priorité d’accès aux HLM à ceux qui travaillent près de ces habitations.
Laurent Wauquiez souhaite donner la priorité d’accès aux HLM à ceux qui travaillent près de ces habitations.
©DR

Le ciel ne t'aidera pas

Après le tollé provoqué par ses propos sur le RSA voici quelques mois, Laurent Wauquiez a de nouveau fait parler de lui dans l'émission "On n'est pas couché" ce samedi. La journaliste Audrey Pulvar lui reproche "d'opposer des pauvres à d'autres pauvres" sur la question des logements sociaux.

Pierre Morel-A-L'Huissier

Pierre Morel-A-L'Huissier

Pierre Morel-A-L'Huissier est député UMP de la 2ème circonscription de Lozère. 

Il est également maire et conseiller général du canton de Fournels.

Il est aussi membre de La droite sociale, club de réflexion lancé par Laurent Wauquiez en 2010.

 

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Atlantico : Les propositions de Laurent Wauquiez en matière d'aides sociales n'en finissent plus de créer la polémique. Samedi encore, la journaliste Audrey Pulvar l'a accusé "d'opposer les pauvres à d'autres pauvres". Vous êtes membre de la droite sociale, le mouvement dirigé par Laurent Wauquiez. Existe-t-il, selon vous, un tabou en France sur les questions liées à l'attribution des aides sociales ?

Pierre Morel-A-L’Huissier : Ce problème est assez ancien. C’est depuis longtemps une frontière idéologique entre la gauche et la droite. La gauche en a fait son fonds de commerce, en se disant sociale…  Pour certaines catégories de la population, qui dit gauche dit social, et qui dit droite dit autorité, règles, rigueur. Nous vivons depuis des années sur ce dualisme de concept. Or quand on analyse la réalité des politiques sociales de droite, on voit beaucoup d’argent public orienté vers ceux qui sont en difficulté, les « abîmés de la vie ». Cependant la gauche essaie de cristalliser sur le prétendu fait que nous retirons aux uns pour donner à d'autres qui sont moins dans le besoin.

En réalité nous disons, et Laurent Wauquiez en est le porte-parole par son honnêteté, son objectivité et son courage politique, que quand il y a une allocation, celle-ci doit parvenir en solidarité aux classes et aux personnes qui sont réellement en difficulté.

Justement, Audrey Pulvar disait sur le plateau d’ « On n’est pas couché » que cette politique d’attribution d’aides, en l’occurrence les logements sociaux, opposait les pauvres entre eux et consistait à les privilégier au détriment d'autres pauvres…

Tout d’abord, ce que peut dire Audrey Pulvar me passe totalement par dessus la tête. Elle n’est pas qualifiée pour dire quoi que ce soit en la matière. Elle n’a pas de mandat, elle ne s’est jamais confrontée à des élections, donc elle peut avoir un avis, mais il n’intéresse qu’elle. En tous les cas, il ne m’intéresse pas.

Il y a aujourd’hui, incontestablement, dans notre pays, des gens qui se servent de dispositifs d’allocations et de logements sociaux. Laurent Wauquiez propose d’enlever ce carcan, cette omerta sur la réalité : certains sont nécessiteux et d’autres profitent du système. Ces derniers bloquent d’autant le système pour ceux qui en ont vraiment besoin. On met le doigt là-dessus.

Ne généralisez-vous pas une situation en stigmatisant les profiteurs ?

Je suis maire dans une commune, j’ai un centre d’action sociale, je connais bien ma population, les personnes aidées sont celles qui sont vraiment en difficulté. Un ministre en exercice, qui analyse globalement, au niveau national, la situation, doit refuser un assistanat tronqué et fallacieux. C’est ce que fait Laurent Wauquiez.

Concrètement, comment appliquer cette idée ? Par des études au cas par cas ?

J’espère bien ! Qu’on aille un peu voir ce qui se passe dans le clientélisme et les dérives de certains organismes sociaux qui, pour des raisons électorales ou autres, font profiter des gens qui ne le méritent pas…

De même pour les droits acquis : certains étaient dans le besoin à un  moment donné, et ils s’en sont sortis. Il faut qu’ils rendent leur logement. Le logement social n’est pas un droit acquis, mais une aide momentanée de la société.

Ce problème d’aides sociales est-il le même dans les autres pays ? Ont-ils les mêmes difficultés que nous à évoquer ces questions, et à les résoudre ?

Non, dans les pays anglo-saxons, il y a un juste retour vers la société. Des travaux d’intérêt général existent, et font que lorsqu’on reçoit une aide de la société, on rend un temps, une contribution. C’est dans la culture de ces pays. C’est ce que nous souhaitons. Dans les classes moyennes, ou un peu en-dessous, il y a un différentiel entre ceux qui reçoivent beaucoup, n’importe quoi et d’une façon non contrôlée, et ceux qui se lèvent tous les jours pour aller travailler. Ce différentiel peut d’abord amener certains à considérer « pourquoi aller travailler alors que d’autres, sans rien faire, gagnent autant que moi ? », mais aussi ceux qui bénéficient du soutien et profitent du système à s’endormir dessus.

Ces aides coûtent cher, et la situation de la France aujourd’hui implique de reconsidérer cette situation.

Reconsidérer leurs aides sociales, voilà ce qu’on fait les autres Etats ?

Tout à fait. Mais en outre, les pays comme la Suède et la Finlande ont des relations sociales inscrites dans une éthique de réciprocité qui signifie : « la société me donne, je dois à la société ». Cette éthique est bien plus affirmée que chez nous. Nous avons trop considéré les droits acquis dans le domaine social. Les droits sociaux ne sont pas intangibles. Il n’est donc pas attentatoire pour l’individu de l’empêcher de se servir du système qui l'a aidé, dès lors qu’il est sorti de sa précarité. Il faut laisser de la place aux autres.

Mais une telle politique signifie-t-elle « on ne peut sauver tout le monde, donc on doit en privilégier certains au détriment d’autres » ?

Ce n’est pas du tout notre philosophie. Une bonne répartition des crédits publics, par le biais des communes, des départements et de l’Etat, est suffisante. Une grande réforme a été faite : on a fait converger les fichiers du Pôle emploi avec ceux des allocations ! Nous savons désormais qui sont les plus démunis, par un suivi individualisé. Il faut peu à peu apprendre aux gens en difficulté à se réinsérer. Et ce n’est pas en les installant dans une situation d’assistanat permanent qu’on y réussit. On peut effectivement acheter de l’électorat en l’assistant. Mais ce n’est pas très démocratique, et ce n’est pas notre position.  

Propos recueillis par Romain de Lacoste

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