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2015, l’année des occasions manquées pour soutenir le développement des PME et de l’économie
©Reuters

Coup de pied dans la fourmilière

Non ! Ces 3 lettres résument à elles seules l’année 2015. Cette année charnière de la décennie aura été la métaphore de la balle au centre. On attend et on ne fait rien. Cette année, qui avait tout pour être celle du basculement a été celle de tous les reculs. Un affront à l’avenir, à la démocratie, au courage, à l’ambition.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Dans ce long mouvement d’évolution qu’est la vie, parfois l’homme applique au mauvais endroit et au mauvais moment, les résistances nécessaires face au changement. Non que le changement soit une religion ou une idéologie. C’est plus souvent une promesse politique non tenue, ce qui n’est pas grave en soi, car le changement n’est pas non plus un objectif. C’est un moyen. Une étape vers le meilleur. Mais certains changements sont porteurs de mieux. C’était le cas de nombre des évènements de 2015. Mais nous les avons manqué, consciencieusement, avec application. Par paresse, lâcheté, méconnaissance et aveuglement. De quoi parlons nous ? Des occasions manquées de l’année 2015 ! Cette tribune ne sera pas suffisante pour toutes les citer, alors je les regrouperai par famille afin d’en faciliter la lecture. Bref, une entrée légère avant le dîner de Nöel !

Lâcheté politique d’abord. 

Elles sont de deux natures. La lâcheté face à la nécessité et celle qui fit face à la réalité. La nécessité est incarnée par l’état de notre économie. Chacun sait, depuis longtemps, que la seule chose que nous n’ayons pas essayée c’est la simplification, pour remplacer cette course perpétuelle à la complexité que nous imposent nos gouvernants. Mais également, la liberté et la fin des rentes. Deux notions quasi inébranlables dans notre beau pays atteint d’une hernie discale géante, tant nos vertèbres sont écrasées par le poids de l’Etat, de la législation, dont il nous assomme pour mieux nous imposer sa présence. Et du corporatisme, la terrible gangrène d’un corps dont chaque cellule se bat contre les autres. 

L’occasion était magnifique, en nommant un ministre libéral, très adroit pour un homme de gauche, ou serait-ce un peu gauche pour un homme de droite, de prendre la liberté par les cornes et de l’emmener respirer un air frais. L’occasion était magnifique, après avoir prononcé les mots de « droit du travail et de seuils sociaux », de pouvoir transformer l’essai verbal en acte concret pour l’économie. L’occasion était magnifique, après avoir évoqué les 35H, la complexité, les mots de souplesse et de proximité, de donner du sang frais à un malade au bord du coma.

Mais voilà, comme souvent en équipe de France, nous ne savons pas transformer les occasions en but. La loi sur les seuils a fait « pshittt ». La loi Macron, écharpée par une gauche qui ne supportait pas de se souvenir que son passé était associé à la lutte contre les rentes et une droite qui ne supportait pas de ne pas avoir eu le courage de le faire elle-même, a subi un régime qui aurait fait pâlir Dukan lui même. 

Première occasion ratée. Et quelle occasion ! Nous pouvions lancer la France à l’assaut de cette surcharge pondérale qui la cloue au sol, simplifier sa législation, rendre les PME agiles et compétitives, sortir les rentiers et redonner ainsi des champs d’action aux nouveaux acteurs et lancer un mouvement inéluctable qui s’alimenterait de lui même ensuite.

La réalité quant à elle, était incarnée par la montée du FN. En réalité par la montée irréversible d’un rejet massif de la classe politique actuelle et du système qu’elle incarne et défend à son propre profit. Les Français n’en veulent plus. L’occasion était unique d’accepter de payer l’addition. Pour une fois. De montrer que le courage et la dignité devaient les conduire à accepter leur défaite, de laisser parler les urnes, la démocratie, en respectant le choix des français, quelles qu’en soient les conséquences.  Le résultat était cruel, douloureux, mais c’est pour cela que la démocratie existe. Pour entendre les choix des peuples. Insatisfaction incluse. Au lieu de cela, chacun a joué les vierges effarouchées, et a osé dire que la démocratie exigeait de ne pas respecter le choix des Français. Que leur vote n’était pas respectable. Qu’ils devaient être défendus contre eux mêmes. Comme des malades sous curatelle. Nous avons enfin réalisé que nous n’étions plus en démocratie et que les pires ennemis d’un jour, pouvaient avouer, en s’associant pour résister au suffrage, que leur survie était plus importante que le choix des électeurs. Fin de la récré. Ils acceptent la perspective d’une fessée, mais pas son exécution. Les Français leur feront payer. En 2017.

Dernier péché capital, le déni de liberté et d’espoir.

Face à l’ubérisation, le politique a choisi son camp. Celui du passé. Celui de l’interdiction. Celui de l’immobilisme. Nos gouvernants, incapables de comprendre ce mouvement ont préféré l’interdire. Un « coup de pied dans les parties » des soixante-huitards. Il est « obligatoire d’interdire ». Près de 50 ans après. Il a étouffé le cri de liberté que poussaient ces nouveaux entrepreneurs de leur vie. De ces jeunes, principalement issus de l’immigration, qui criaient leur bonheur d’avoir enfin soit trouvé un job (les politiques disent « petit boulot », les intellectuels « auto-exploitation, la gauche « paupérisation », la droite dit… « rien »), pour remplacer le désespoir de leur situation de discriminés. De ces autres jeunes, qui eux avaient un boulot, mais insuffisamment rémunéré, et prenait leur voiture, après leur travail pour faire ces quelques heures qui leur permettaient de passer de la survie à la vie.

Les VTC n’ont pas tué le marché, ils l’ont accru. Et ainsi accru le nombre de personnes qui travaillent et consomment. Il suffisait de corriger le tir sur l’assurance et la fiscalité et le tour était joué. Mais non. Interdit. L’espoir d’une vie meilleure et d’un revenu supérieur, celui de s’élever à nouveau, a ainsi été soufflé comme une bougie en plein vent. Aveugles, laxistes et incompétents. Incapable de comprendre que celui qui interdit tout changement tourne le dos à l’avenir. Interdire évite d’avoir à réfléchir. Refuser de voir ce que signifie ces changements permet à l’autruche politique de croire que ce qu’on ne voit pas n’arrivera pas. Cela arrivera, mais sera violent, quand cela aurait pu être sous contrôle et maîtrisé.

2015. L’occasion manquée de prouver aux Français qu’ils étaient enfin compris et entendus. Comprendre qu’il y avait à nouveau un pilote dans l’avion. Un médecin avec un stéthoscope pour ausculter le malade sans craindre, ni le diagnostic, ni le remède à apporter. Au lieu de cela, la soupe froide. La douche glacée. La demie mesure pour un échec complet.

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