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Kim Jong-un : la solitude du dictateur de fond
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Zone franche

Kim Jong-un enfile les chaussons de Kim Jong-il, qui les tenait lui-même de Kim Il-sung. Sera-t-il à la hauteur de ses prédécesseurs dans le rôle du seul dictateur universellement détesté ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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J’ai bien cherché, mais je n’ai rien trouvé : pas la queue d’un article au moins timidement favorable à feu Kim Jong-il et au régime nord-coréen dans la presse française ! C’est étonnant parce que les dictateurs ne sont pas si universellement mal traités par nos gazettes lorsqu’ils ont au moins le bon goût d’être les ennemis de nos ennemis (les États-Unis, les « marchés », le capitalisme, « l’Occident »...)

Prenez Castro, par exemple. C’est un autocrate borné et sanguinaire qui, après avoir tenu son peuple en laisse quatre décennies durant, a filé son bureau et sa casquette à son frangin pour qu’il poursuive son grand œuvre mais ça n’empêche pas un tas de gens très convenables de ne lui reconnaître que des qualités.

Même pour Saddam Hussein et Kadhafi, il s’est trouvé des défenseurs de la résistance sudiste aux noirs desseins du Nord pour expliquer que, bon, d’accord, ils n’étaient pas totalement blancs-bleus mais que tout de même, ils avaient sans doute leurs raisons…

Avec le « Cher Dirigeant » coréen, c’est différent. Jusqu’au Monde Diplomatique qui donne le sentiment de ne pas spécialement apprécier ce petit bonhomme grotesque ayant hérité de son papounet ce qui se fait de mieux comme adaptation 3D du 1984 d’Orwell ! Bon, je ne dis pas qu’il n'y a jamais eu, parfois, une ou deux petites voix pour expliquer que lorsqu’un missile est expédié dans la direction générale de Séoul, c’est sans intention de nuire et que les Américains n’avaient qu’à pas commencer. Mais c’est rare.

Je ne dis pas non plus qu’il n’existe pas, ici et là, des gens pour assurer que la Corée d’en bas, avec ses multinationales agressives et son tropisme affairiste, c’est à peine mieux que la Corée d’en haut avec ses famines et sa police politique. Mais globalement, il fallait vraiment aller jusqu’à Pékin ou à Téhéran pour lui dénicher des potes, à ce vieux Kim Jong-il (et encore : il paraît qu’à Pékin, on fatigue un peu, désormais).

Kim Jong-un, le dauphin de cette monarchie stalinienne, aura fort à faire pour se montrer à la hauteur de ses prédécesseurs. Etre détesté par tous, ce n’est pas à la portée du premier venu et sans doute ce gamin de vingt-huit printemps éduqué dans les meilleures écoles suisses et amateur de basket mettra-t-il un certain temps à se couler confortablement dans l’uniforme paternel.

Mais bon, comme dit Spiderman, « de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités ». Ce qui serait marrant pourtant, c’est que le « Grand héritier » (on l’appelle comme ça, apparemment) se mette à réformer et à s’ouvrir au monde rejouant la pièce chinoise du dragon exportateur à prix cassés. Il serait toujours universellement détesté, mais le Monde Diplo deviendrait plus virulent.

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