Le national communisme des managers chinois finira-t-il par couler le pays ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La performance collective des employés asservis...
La performance collective des employés asservis...
©Reuters

Essouflement

Le système de management "à la chinoise" est axé sur la performance collective des employés asservis. Une méthode qui pourrait se révéler mauvaise pour la Chine si elle souhaite conserver son statut de superpuissance et son taux de croissance élevé.

Alors que les États-Unis et l’Europe subissent de plein fouet la crise économique, le prodigieux taux de croissance de la Chine laissait jusqu'ici présager que le pays serait bientôt leader de l’économie mondiale. Pourtant, la Chine commence à déchanter. En cause, l’inégalité des revenus, le vieillissement de la population, la spéculation immobilière, la pauvreté des migrants urbains et la corruption. Autant de raisons qui jettent le doute sur la capacité de la Chine à maintenir un tel niveau de croissance.

Une autre raison est moins évoquée. L’entrepreneuriat à la chinoise commence à laisser apparaître ses lacunes comme le constate Ruxiang Jiang, dirigeant un cabinet de consulting chinois, dans une note sur la Harvard Business Review. Les entrepreneurs chinois auraient tendance à vouloir se démarquer des multinationales étrangères en fonctionnant à leur façon. Dans la culture chinoise, le collectif prime et chacun doit se préoccuper de sa famille, de son village ou de son entreprise. Ainsi, par exemple, il sera très mal vu de se montrer ouvertement en désaccord avec son patron.

Si cette culture collective permet de mettre en place très rapidement une organisation, elle ne donne pas assez de poids aux contributions individuelles des employés.

Ren Zhengfei, le président fondateur de l’entreprise Huawei (une entreprise de télécommunications), est l’un des entrepreneurs les plus célèbre et influent. Il a instauré un style managérial bien à lui en asservissant ses employés à sa toute puissante entreprise. Pour l’anecdote, les travailleurs de Huawei gardent sous leurs bureaux un petit matelas afin de pouvoir rester travailler le plus longtemps possible en passant la nuit sur place.

Ironie du sort, Ren Zhengfei est un grand admirateur de l’entreprise IBM, réputée pour prendre soin de ses employés et dont le paradigme "Think" (Pense) va à l’encontre de la culture chinoise. Ces méthodes basées sur le travail pur, sans réflexion pourraient porter préjudice à la Chine dans le futur. Sans une main d’œuvre indépendante, le pays ne pourra pas se maintenir à son niveau  puisque les performances d’une entreprise dépendent aussi de la capacité de créativité de ses employés.

Le problème ne viendrait pas seulement des entrepreneurs mais aussi des consommateurs. Malgré un marché potentiel  énorme, les consommateurs chinois ne se sont pas lancés à l’assaut des magasins. Certains produits sont en effet trop coûteux pour qu’ils puissent se le permettre. Parfois, aussi, ces nouveaux consommateurs n’ont pas  les compétences pour les utiliser. Beaucoup d’entrepreneurs chinois voudraient envahir le marché national avec des produits moins chers et plus faciles d’utilisation mais ces produits ne correspondent pas aux attentes d’un marché qui reste traditionnel : ils diminueraient les marges et encourageraient la consommation du bas de gamme.

Promouvoir la consommation

Avant que cela n’arrive, il faudrait que la Chine puisse davantage promouvoir la consommation. Selon Douglas Hervey, la valeur du yuan pourrait augmenter afin de gagner en indépendance vis-à-vis du dollar. Une solution qui pourrait porter préjudice aux exportations et, par extension, déboucher sur des licenciements.

De plus, la politique de lutte contre l’inflation en Chine a porté préjudice aux petites et moyennes banques. Celles-ci sont plus réticentes à prêter aux entrepreneurs. Les grandes entreprises d’Etat bénéficient, elles, de conditions de prêts avantageuses avec des taux d’intérêt plafonnés. Ce système vise surtout à créer des emplois et non à maximiser le profit.

Douglas Hervey estime que la Chine ne devrait pas essayer d’améliorer son système actuel mais de créer un environnement plus favorable aux entrepreneurs et aux technologies de rupture -qui améliorent la vie courante-.

Le taux de croissance devrait bientôt ralentir. Logique puisque le pays devrait atteindre la fin de la première phase, la plus "facile", de développement économique. Et peut-être perdre son statut de superpuissance.

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