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Jeannette Bougrab, présidente de la Halde, aurait bien doublé son salaire de base de 7 000 à 14 000 euros
©Reuters

Bonnes feuilles

Statistiques inédites à l’appui, l’ouvrage débusque cette armée de rentiers, dont les plus célèbres, retraités ou en activité, s’appellent Édouard Balladur, Jeannette Bougrab, Dominique de Villepin, Fadela Amara, Aquilino Morelle, Brice Hortefeux ou encore Jean Glavany. Jusqu’au président François Hollande qui a reconnu, en 1989, n’avoir eu aucune mission à effectuer à la Cour des comptes quand il y était en poste. Une gabegie que nos dirigeants ne pourront dorénavant plus feindre d’ignorer. Extraits de Rentiers d'Etat, d'Yvan Stefanovich, aux éditions du Moment 2/2

Yvan Stefanovitch

Yvan Stefanovitch

Yvan Stefanovitch, journaliste, s’est spécialisé dans les enquêtes sur les gaspillages français. i l est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont Aux frais de la princesse (2007), Le Sénat : Enquête sur les super-privilégiés de la République (2008), La Caste des 500 (2010), Enquête sur les faiblesses de l’armée et les milliards gaspillés par l’État (éditions du Moment, 2013) et Histoire secrète de la corruption sous la Ve (Nouveau Monde, 2014).

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Jeannette Bougrab : un strapontin à 7 000 euros

Maître des requêtes aujourd’hui en détachement à l’ambassade de France à Helsinki et symbole de la méritocratie républicaine, Jeannette Bougrab, quarante et un ans, a multiplié les activités et les revenus à l’image d’Édouard Balladur. Fille d’un harki ouvrier métallurgiste, cette spécialiste de droit public a fait de brillantes études à Orléans, puis à la Sorbonne et à Sciences Po. Militante de l’UMP depuis 2002, elle a été nommée au Conseil d’État, le 28 septembre 2007, par le président de la République Nicolas Sarkozy. Une défaite électorale est à l’origine de sa nomination. En effet, aux législatives de juin précédent, elle avait fait le plus mauvais score de la droite, depuis soixante ans, dans le quartier populaire parisien de Clignancourt et des Grandes Carrières du XVIIIe arrondissement. Mauvaise perdante, elle s’était déclarée déçue d’avoir été cantonnée par Nicolas Sarkozy à un rôle « d’animateur de réunions communautaires » dans une circonscription, dont elle avait obtenu l’investiture de haute lutte. Pour la remercier, le nouveau président de la République l’a nommée au Palais-Royal.

Six mois après sa nomination au Conseil d’État, la nouvelle maître des requêtes a commencé à y travailler. Ainsi, du 7 avril 2008 au 14 avril 2010, elle a assuré ses fonctions de rapporteur au service du contentieux dans 45 arrêts. Sur une période de 2 ans pile, cela représente un peu plus de 22 arrêts par an et un peu moins de 2 par mois. Ce rythme de sénateur s’expliquait sans doute par les multiples responsabilités qu’elle avait acceptées. Ainsi, le 21 janvier 2010, un décret du président de la République l’avait nommée présidente du conseil d’administration de l’Acse (Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances), dont elle démissionnera un an plus tard en février 2011. Puis, à la demande du président de la République, elle était nommée, le 7 juin suivant, présidente de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité). À cette occasion, Jeannette Bougrab était placée en détachement du Conseil d’État. Le 23 juin 2010, Le Canard enchaîné avait écrit que la nouvelle présidente avait fait voter par le conseil d’administration de la Halde une délibération visant à plus que doubler son indemnité mensuelle, qui passait de 6 900 à quelque 14 000 euros. Le vendredi 13 mai 2011, Jeannette Bougrab perdait le procès en diffamation qu’elle avait engagé contre l’hebdomadaire pour ces affirmations. En effet la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a jugé que l’enquête du Canard était « sérieuse » et reconnu que « la fixation par la Halde même de la rémunération de sa présidente était surprenante ». Jeannette Bougrab l’avait répété à l’audience : « Je n’ai à aucun moment augmenté le traitement qui était le mien ». Pour le tribunal, « le chiffre livré par Le Canard enchaîné à ses lecteurs [est] tout sauf fantaisiste ».

Six mois après avoir été catapultée à la tête de la Halde, Jeannette Bougrab était nommée, le 14 novembre 2010, secrétaire d’État en détachement chargée de la Jeunesse et de la Vie associative. Elle a quitté ce poste, en mai 2012, à l’arrivée de la gauche au pouvoir, mais n’a pas du tout eu envie de retrouver les cadences infernales au Conseil d’État. Le 16 novembre 2012, elle y retournait mais pour demander aussitôt sa mise en disponibilité. Le 19 décembre suivant, elle prêtait serment aux côtés de Claude Guéant, l’ancien secrétaire général de l’Élysée, pour devenir avocate et entrer comme collaboratrice dans la succursale parisienne du gros cabinet américain Mayer-Brown, accrédité auprès du Conseil d’État. Elle y a dirigé pendant un an et demi une équipe chargée de « conseiller les entreprises face aux nouvelles contraintes juridiques liées à la lutte anticorruption ». En avril 2014, elle abandonnait la profession d’avocate, ayant été désavouée par le conseil de l’ordre, suite à une polémique d’ordre professionnelle. Courant 2013, la maître des requêtes avait rejoint en tant que chroniqueuse le Grand Journal de Canal + présenté à l’époque par Antoine de Caunes. Suite à son abandon de la profession d’avocate, elle était réintégrée, à sa demande, au Conseil d’État, le 11 juillet 2014. Jusqu’au 7 août 2015, date de sa mise en détachement pour diriger le service culturel de l’ambassade de France en Finlande, Jeannette Bougrab n’a repris son métier de rapporteur au service du contentieux qu’une seule fois, le 17 juin 2015 pour un arrêt rendu par les 9e et 10e sous-sections réunies. Au courant de l’année 2014, elle a réalisé un documentaire pour Canal +. Depuis le début de l’année 2015, elle avait fait l’objet de violentes critiques après l’attentat contre Charlie Hebdo. Elle s’était alors présentée sur BFM TV comme la compagne du dessinateur Charb, assassiné lors de l’attaque. Cette relation avait été formellement démentie par la famille de Charb. Depuis, un garde du corps ne lâche plus d’une semelle l’ancienne secrétaire d’État.

Extrait de "Rentiers d'Etat", d'Yvan Stefanovich, aux éditions du Moment, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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